La voie chypriote ou l'exemple islandais, que choisira la Grèce?

La voie chypriote ou l'exemple islandais, que choisira la Grèce?© Christian Hartmann Source: Reuters
L'euro sur un marché d'Athènes, jusqu'à quand?
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Grexit or not grexit, l'obsession enropéenne tourne autour de la sortie de la zone euro. L'Islande et Chypre, ont sur ce point, adopté des positions diamètralement opposées. A travers leurs exemples, ce sont deux modèles qui s'offrent à la Grèce.

Deux pays européens, deux crises qui ont failli emporter leurs économies respectives, et pourtant deux façon d'aborder ces crises. Pour l'Islande, pays européen non membre de l'Union européenne et a fortiori de la zone Euro, la solution est venue d'un effacement de sa dette décidée par voie référendaire et d'un refus de toue aide du FMI.

Le cas de Chypre, pays membre de l'Union européen et de la zone euro, présente, quant à lui des similarités avec la Grèce: là aussi le FMI et l'Eurogroupe ont conditionné toute aide à des politiques drastiques qui ont profondément bouleversé l'économie du pays.

Il faut sauver le soldat chypriote... en le maintenant dans la zone euro

La crise chypriote a débuté en 2012 en raison de deux éléments combinées: d'abord les banques chypriotes avait massivement investi dans les banques grecques et les défauts de paiements partiels sur la dette publique grecque les ont touché de plein fouet. Ces banques, qui pesaient alors plus de 700 % du PIB, se sont rapidement trouvées au bord de la faillite. La seconde raison tenait à un taux de déficit élevé de l'Etat.

Dés 2012, le gouvernement chypriote se vera dans l'obligation de demander l'aide de la BCE et du FMI afin de trouver les 17 milliards nécessaires pour remettre son économie à flot.

Le plan de sauvetage de l'Eurogroupe suivra une ligne directrice unique: ne pas faire payer les contribuables européens et surtout maintenir coûte que coûte Chypre dans la zone euro. 

La potion fut alors amère à avaler pour la population de la petit île. En mars 2013, si la BCE et le FMI ont effectivement mis 10 milliards d'euros sur la table, Chypre devait se débrouiller pour trouver les 7 milliards restant.

Privatisations, mesures d'économies drastiques avec des coupes dans les prestations sociales, baisse des retraites et des salaires, mais aussi augmentation des impôts et taxe exceptionnelle de 6,75 % sur les dépôts bancaires de 20 000 à 100 000 euros, et de 9,9 % au-delà. 

Deux ans après, l'économie chypriote porte encore les stigmates de ces mesures pour le moins énergiques: si le chômage était de 18% en 2013, il a atteint 19% en 2014 pour descendre à 16% en 2015.

La voie chypriote ou l'exemple islandais, que choisira la Grèce?
L'économie chypriote en chiffres (capture écran UE)

Autres chiffres parlants, le PIB a reculé de 5,4 % en 2013 et de 2,8 % en 2014. En trois ans, la richesse chypriote a perdu pas moins de 10,6 % de sa valeur. Les salaires ont reculé de 4,5 % en moyenne, sur la période 2013-2014. Enfin le secteur bancaire demeure sinistré, le montant des dépôts bancaires des particuliers ayant reculé de 15 % depuis la plan de sauvetage.

 Aucune éclaircie à l'horizon puisqu'une étude récente de l'université de Chypre a prédit une nouvelle année de récession de 0,4% en 2015, ce qui en fera la quatrième consécutive. 

Le souvenir encore vif de ce plan de sauvetage à l'européenne explique sans doute que Chypre aujourd'hui prône, pour son voisin grec une restructuration de la dette qu'il souhaite en partie voire effacée.

En savoir plus: Le courage d’Achille, la ruse d’Ulysse 

L'Islande, entrer dans la zone l'Euro? Non merci!

Comme pour Chypre, la crise islandaise de 2008 a pour origine le secteur bancaire du pays. Dans un déploiement à l'international tous azimuts, les actifs des trois principales banques étaient passés de 100 % du PIB en 2000 à presque 800 % en 2007.

Mais avec la crise mondiale des subprimes, ces banques se sont rapidement dans l'incapacité de rembourser leurs créanciers et ont du être nationalisées dans l'urgence.

Les difficultés des banques entraîneront une chute de la monnaie islandaise, le Couronne et la panique dans une économie qui semblait pourtant solide.

Autre problème, la banque Landsbanki avait lancé le produit Icesave qui offrait des taux d’intérêt si attractifs que de nombreux épargnants, privés et institutionnels, des Pays-Bas et du Royaume Uni y avaient souscrit. 

Le FMI proposa alors son aide, un prêt de 2,1 milliars de dollars, évidemment conditionné, pour stabiliser la monnaie et l'économie islandaise au bord du naufrage.  

Condition préalable au prêt de l'institution financière, le remboursement des épargnants britanniques et hollandais d'Icesave. Une loi pose alors que les 5,5 milliards de dollars de la dette Icesave, soit 50 % du PIB islandais, seraient versés aux Trésors publics britannique et néerlandais entre 2016 et 2023.

Fureur des Islandais pour qui cette loi fait la part belle aux intérêts des banques. Sous la pression de l'opinion publique ouvertement hostile, un référendum est organisé en mars 2010 et 93% du peuple islandais se prononce contre l’accord Icesave et 2 % pour.

Il s'agit là tout simplement d'un effacement de la dette et d'un refus opposé au plan d'aide du FMI.

Et depuis? Comment se porte l'économie islandaise? L'activité économique a dépassé en 2014 son niveau d'avant la crise financière de 2008. Le produit intérieur brut a battu en 2013 son record grâce à une croissance de 1,9%. Une croissance largement supérieure à celle de la zone euro, qui se situe au mieux à 0,9%. Le taux de chômage ne dépasse pas les 3% et son tourisme connaît un essor important.

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Indicateurs économiques de l'Islande (source Banque Mondiale, capture)

La petite île se paye même le luxe de tourner le dos à l'Europe. En mars dernier, le gouvernement a fait savoir qu'il renonçait à sa candidature pour entrer dans l'Union européenne et dans la zone euro. Dans le communiqué officiel, le ministère des affaires étrangère estime même, ultime camouflet, que «les intérêts de l'Islande sont mieux servis en dehors de l'Union européenne».

Toute la question est de savoir si les difficultés financières de la Grèce mais aussi de certains pays européens, n'ont pas aussi motivé cette décision de retrait d'une candidature qui semblait pourtant aller de soi.

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