Le parti de Merkel remporte un scrutin régional décisif à quatre mois des élections fédérales
Signe prometteur pour la chancelière en vue d'une réélection en septembre : en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, bastion de la gauche, la CDU d'Angela Merkel est arrivée en tête. Les eurosceptiques de l'AfD, eux, font leur entrée au parlement régional.
A l'issue d'une élection régionale en Rhénanie-du-Nord-Westphalie le 14 mai, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel s'offre une nouvelle victoire qui pourrait se révéler décisive en vue des élections fédérales de l'automne prochain. Avec 33% des voix, la CDU est en effet arrivée en tête, devançant de près de quatre points le Parti social-démocrate (SPD) qui dirigeait cet Etat de l'ouest du pays depuis 2010. La Rhénanie-du-Nord-Westphalie est un fief historique de la social-démocratie : avec 31,5%, le parti obtient le plus mauvais score de toute son histoire dans cette région, la plus riche et la plus peuplée du pays.
Le Parti libéral-démocrate (FDP) a obtenu 12% des voix, ce qui constitue un record à une élection régionale pour ce parti libéral centriste. Il devrait donc sans problème parvenir à former une alliance avec la CDU pour gouverner cette région dirigée depuis sept ans par une alliance formée entre le SPD et les Verts. Ces derniers ont vu leur score divisé par deux depuis l'élection précédente de 2012 et se retrouvent ainsi à 6%. L'effondrement des deux partis de gauche au pouvoir semble également profiter à la gauche radicale, puisque le parti Die Linke, s'il échoue de justesse à franchir la barre des 5% avec 4,9% des voix, améliore son score de près de 2,5 points par rapport à 2012.
L'AfD continue sa percée électorale, Merkel plus que jamais favorite pour l'automne
Avec un score de 7,5%, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) est parvenu à entrer dans son troisième parlement régional sur les seize que comptent le pays et confirme les succès électoraux continus qu'il rencontre depuis sa création en 2013. Le mouvement eurosceptique, s'il traverse une crise interne et connaît une relative baisse de popularité depuis quelques mois, a ainsi consolidé son assise locale et a accru ses chances d'entrer au parlement fédéral à l'automne prochain.
Car ce sont bien les élections législatives de septembre prochain vers lesquelles tous les regards étaient tournés le 14 mai au soir. Cette défaite est en effet la troisième consécutive pour le SPD en 2017, après celles des élections régionales en Sarre et au Schleswig-Holstein, où il est systématiquement arrivé derrière la CDU. La campagne nationale de Martin Schulz, candidat à la chancellerie contre Angela Merkel qui brigue un quatrième mandat, risque d'en pâtir. Un sondage datant du 11 mai créditait la Chancelière de près de 37% des intentions de vote contre seulement 27% pour l'ancien président du parlement européen. Le SPD et la CDU, membres de la coalition au pouvoir au niveau national, semblent donc ne pas récolter les mêmes succès dans l'opinion.
Martin Schulz s'était pourtant activement investi dans la campagne régionale du SPD en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dont il est lui-même originaire. Le leader de gauche, qui comptait capitaliser sur son passé de président du Parlement européen pour rassembler à gauche et au centre, apparaît désormais isolé, y compris au sein de son propre parti et sur la scène européenne. Hasard du calendrier, le nouveau président français Emmanuel Macron se rend à Berlin le 15 mai pour une entrevue avec Angela Merkel - une rencontre au sommet dont les retombées médiatiques outre-Rhin ne devraient pas faciliter la tâche pour le SPD.