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Idlib : Damas réfute les accusations, Moscou les considère comme «dénuées de toute objectivité»

Le gouvernement syrien affirme ne jamais avoir recours à des armes chimiques, «même contre des terroristes». La Russie estime que les premières accusations contre Assad ont été portées «alors que personne n'avait encore accès à cette zone».

Le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid Muallem, a formellement démenti les allégations selon lesquelles l'aviation syrienne aurait utilisé des armes chimiques sur la province d'Idlib le 4 avril dernier. S'exprimant lors d'une conférence de presse ce 6 avril, il a déclaré que l'armée syrienne n'utiliserait jamais ce type d'armes «contre son peuple, ni même contre des terroristes».

Interrogé quant à une éventuelle enquête indépendante sur place, qui permettrait d'établir les conditions exactes dans lesquelles la contamination s'est produite, le ministre syrien a expliqué que les expériences similaires conduites par le passé n'avaient pas été «encourageantes». Il estime en effet que personne ne peut réellement connaître «les réelles intentions des Etats-Unis», dans ce qu'il redoute être une approche «politisée» du dossier syrien. Les Etats-Unis ont en effet évoqué, le 5 avril, l'éventualité d'une intervention militaire sous leur conduite si l'ONU ne prenait aucune mesure de rétorsion contre la Syrie.

Walid Muallem n'a toutefois pas écarté l'hypothèse d'une enquête sur le terrain, exigeant que celle-ci soit lancée «depuis Damas et non depuis la Turquie». Cette précision fait écho aux récentes déclarations du ministre de la Justice turc. Celui-ci avait en effet assuré quelques heures plus tôt que «le régime de Bachar el-Assad [était] responsable» du bombardement chimique présumé, après des autopsies réalisées sur des corps acheminés depuis la Syrie jusqu'à Ankara.

Damas maintient que l'armée syrienne a conduit un raid aérien sur la ville de Khan Cheikhoun le 4 avril et que celui-ci visait un entrepôt d'armes tenu par des rebelles, qui s'est finalement révélé contenir des armes chimiques. C'est également la version soutenue par Moscou.

Moscou dénonce un «crime monstrueux» et met en garde contre les «affirmations hâtives»

Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe, a condamné ce 6 avril un «crime monstrueux et dangereux», qui a fait au moins 72 morts parmi lesquels plusieurs enfants. Il a toutefois précisé qu'il serait «inapproprié de pointer du doigt» qui que ce soit pour l'heure. «Gardons-nous de toute affirmation hâtive», a-t-il déclaré.

Le porte-parole du Kremlin a en effet rappelé que les premières accusations, portées par de nombreux pays occidentaux, avaient été formulées «de manière immédiate après la tragédie, alors que personne n'avait encore accès à cette zone». Selon lui, «les informations sur lesquelles s'appuient les Etats-Unis et leurs partenaires» seraient donc nécessairement «dénuées de toute base objective» et ne reposeraient sur «aucune donnée vérifiable».

«L'esprit de la coopération entre la Russie et les Etats-Unis» ne sera pas affecté par le désaccord qui semble opposer Moscou et Washington sur la question de la responsabilité de l'attaque chimique présumée, a également assuré Dmitri Peskov. Cette déclaration intervient alors que, moins de 24 heures plus tôt, Donald Trump annonçait que son «attitude vis à vis de Bachar el-Assad [avait] changé», laissant entendre que les Etats-Unis pourraient revenir sur les récents propos de sa représentante à l'ONU. Celle-ci avait annoncé à la fin du mois de mars qu'un départ de Bachar el-Assad n'était «plus la priorité» de Washington.

La communauté internationale accuse Damas d'avoir utilisé des armes chimiques pour frapper le village de Khan Cheikhoun, dans la région d'Idlib, tuant au moins 72 personnes selon le controversé Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Face à ces accusations, la Défense russe s’est dite prête à présenter des preuves irréfutables que l’aviation syrienne avait en réalité visé un entrepôt des rebelles, dans lequel il s'est avéré qu'ils stockaient des matériaux chimiques.

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