International

La communauté internationale divisée autour de la réponse à offrir à la contamination en Syrie

Après les réserves exprimées par la Russie et la Chine sur le projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU suite à l'incident chimique en Syrie, des négociations sont en cours. La polémique continue de faire rage sur la scène internationale.

Vendredi 7 avril

La Russie n'a pas suspendu sa ligne de communication militaire avec les Etats-Unis, visant à éviter les accrochages entre les deux puissances en Syrie, ont indiqué des hauts responsables américains, selon l'agence Reuters.

Ces hauts représentants ont ajouté qu'il n'y avait pas eu de mesure de rétorsion contre les Etats-Unis de la part de la Russie ou des autorités russes, à la suite de l'attaque américaine contre une base syrienne.

Jeudi 6 avril

«L'Union européenne exhorte le Conseil de Sécurité des Nations Unies [à] condamner fermement l'attaque de Khan Cheikhoun et à assurer une enquête rapide, indépendante et impartiale au sujet de cette attaque», a déclaré l'Union européenne (UE) dans un communiqué cité par l'AFP. 

L'organisation a également prôné une «transition politique authentique en Syrie».

Le Pentagone et la Maison Blanche auraient entamé ce 6 avril l'analyse des différentes hypothèses militaires s'offrant à Washington pour une éventuelle intervention armée en Syrie, selon une source officielle américaine citée par l'agence Reuters. 

A bord de l'Air Force One, son avion présidentiel, le président américain a déclaré à des journalistes que «quelque chose doit être fait» pour Bachar el-Assad, sans préciser si le départ de ce dernier faisait partie de ses exigences. «Ce qu'il a fait est terrible», a-t-il ajouté.

«Un certain nombre d'éléments portent à croire que le régime d'Assad» est responsable de la contamination chimique en Syrie, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel lors d'une visite dans la ville de Bad Muskau, à l'est de l'Allemagne, selon un porte-parole de la chancellerie cité par l'AFP.

D'après Le Parisien, la France va envoyer, via la Turquie, 500 kilos de matériel de protection contre les produits chimiques (masques à gaz, combinaisons...)

C'est l'Union des Organisations de secours et de soins médicaux qui distribuera ces équipements sur place. 

Le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu a vivement critiqué le soutien de la Russie au président syrien Bachar el-Assad.

«Que la Russie protège ce régime, c'est une mauvaise chose au plus haut point», a déclaré Mevlüt Cavusoglu lors d'un entretien à la chaîne d'information NTV, ajoutant que personne ne pouvait «soutenir ce crime contre l'humanité». 

La France a mis en garde la Russie contre la «terrible responsabilité» à laquelle elle s'exposerait si Moscou décidait de poser son veto au projet de résolution demandant une enquête sur l'attaque chimique présumée en Syrie.

«Nous nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi pour adopter une résolution», a déclaré l'ambassadeur français à l'ONU François Delattre aux journalistes. 

«Mais ne vous méprenez pas : nous avons besoin d'un texte robuste», a-t-il ajouté. 

Interrogé sur la possibilité d'un veto russe, François Delattre a indiqué que«ce serait une responsabilité terrible face à l'histoire».

Ce projet de résolution demande une enquête complète sur l'attaque chimique présumée sur Khan Cheikhun.

Le texte enjoint également le gouvernement syrien de fournir aux enquêteurs des informations sur ses opérations militaires le jour de l'attaque.

L'ONU a confirmé la mort d'au moins 27 enfants dans l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun en Syrie, qui a également fait 546 blessés parmi lesquels «un grand nombre d'enfants», selon un communiqué de l'Unicef.

«Ces chiffres vont probablement augmenter», précise l'Unicef qui a déployé neuf ambulances et apporte son soutien à sept cliniques mobiles et hôpitaux de la région. Ce bilan provisoire de l'agence onusienne fait état d'une nombre de blessés significativement plus élevé que ce qui avait été rapporté jusqu'ici.

«On ne peut pas permettre de continuer à tuer des enfants en Syrie», a réagi le directeur régional de l'Unicef, Geert Cappelaere. «Toutes les parties au conflit et tous ceux qui ont de l'influence sur ces parties doivent immédiatement mettre fin à cette horreur», a t-il demandé.

«Les résultats des premières analyses effectuées à partir des éléments prélevés sur les patients laissent penser qu'ils ont été exposés à un agent chimique [Sarin]», a indiqué le ministère turc de la Santé, dans un communiqué publié sur son site, ajoutant que plus de 30 personnes blessées en Syrie étaient hospitalisées en Turquie.

Au cours d'une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Vladimir Poutine a jugé «inacceptable» la formulation «d'accusations non fondées contre qui que ce soit avant la mise en oeuvre d'une enquête internationale impartiale et minutieuse», selon le communiqué. Le président russe a qualifié l'attaque présumée d'«incident avec des armes chimiques».

Les Américains n'ont pas d'information «objective» sur «le crime monstrueux» de Khan Cheikhoun a fait savoir le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. 

Juste après la tragédie, personne ne pouvait avoir accès à cette zone» à Khan Cheikhoun, petite ville de la province rebelle syrienne d'Idlib, a déclaré Dmitri Peskov à la presse. «Ainsi, toute information dont la partie américaine pouvait disposer [...] ne pouvait pas être fondée sur des matériaux ou témoignages objectifs», a-t-il souligné, étant donné que les éléments avaient été communiqués par les Casques blancs, «groupe qui ne peut pas être considéré comme fiable».

Des activistes anti-Bachar el-Assad ont diffusé des images prétendant que l'armée syrienne avait bombardé le village de al-Lataminah en Syrie avec du gaz chloré.


Mais ces allégations ont été démenties par des sources locales. Malgré le fait que la fumée était jaunâtre, aucune trace de contamination au chlore n'a été constatée et personne n'a été blessé. 

L'armée syrienne «n'a pas utilisé et n'utilisera jamais» des armes chimiques contre son propre peuple, «pas même contre les terroristes», a affirmé le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem.

«Je peux vous assurer une nouvelle fois que l'armée arabe syrienne n'a pas utilisé et n'utilisera jamais ce genre d'armes contre notre propre peuple, contre nos enfants, pas même contre les terroristes qui ont tué notre peuple», a affirmé Walid Mouallem lors d'une conférence de presse à Damas.

«La première frappe menée par l'armée de l'air syrienne a eu lieu à 11h30 (08h30 GMT) sur un entrepôt de munitions appartenant au Front al-Nosra (ex-branche d'Al-Qaïda) et contenant des substances chimiques», a expliqué le ministre.

Le ministre de la Défense israélien Avigdor Lieberman a dit être sûr «à 100%» que le président syrien Bachar el-Assad avait ordonné directement l'attaque chimique présumée.

L'attaque a été menée «sur ordre direct et prémédité du président syrien Bachar el-Assad, avec des avions syriens. Je dis cela avec 100% de certitude», a déclaré Avigdor Lieberman au Yediot Aharonot, selon des extraits de son entretien publiés sur le site internet du quotidien israélien.

Il n'a pas précisé sur quoi se fondait sa certitude.

Le ministre a critiqué l'inaction de la communauté internationale, estimant que sa réaction se résumait à «zéro».

A la question de savoir si Israël devait s'impliquer dans la guerre en Syrie, Avigdor Lieberman a répondu : «Pourquoi serait-ce à nous de faire le boulot des autres ? C'est la responsabilité de la communauté internationale».

Le ministère des Affaires étrangères russe a déclaré qu'accuser Damas d'avoir utilisé des armes chimiques était «pour le moins prématuré», et a fait la demande d'une enquête approfondie sur les événement de Khan Cheikhoun.

De plus, le ministère a démenti les allégations américaines selon lesquels l'élimination de l'arsenal chimique syrien n'aurait pas été effectué. 

François Fillon a dit souhaiter que le Conseil de Sécurité de l'ONU «sanctionne» Bachar Al-Assad, et a affirmé son souhait de «parler avec les Russes, les Iraniens et les Turcs» pour «essayer d'éliminer» le président syrien et «organiser la transition».

Assad, «je souhaite que le Conseil de sécurité le sanctionne». «Simplement s'il n'y a pas la moindre possibilité de discussion avec les Russes, si personne ne veut évoluer, si personne change de position, on va rester dans la confrontation et cette confrontation aboutit au massacre du peuple syrien», a déclaré François Fillon sur France Inter.

«La communauté internationale a banni les armes chimiques. Si des armes chimiques ont été utilisées, c'est un crime et ce crime doit être poursuivi». «On condamne toujours quand on a des preuves, il faut avoir des preuves», a également déclaré le candidat des Républicains.

«Il faut peut-être éviter de rentrer dans un conflit direct entre les Etats-Unis et la Russie sur le sol syrien. C'est la raison pour laquelle je redis une nouvelle fois que la question de l'intervention occidentale n'est pas la bonne solution. C'est ma conviction puisque l'intervention en Irak est une des causes du problème qu'on rencontre aujourd'hui», a développé l'ancien Premier ministre.

«Qu'y a-t-il comme autre solution sauf à rester les bras ballants comme on le fait depuis six ans ? L'autre solution consiste à parler avec les Russes, les Iraniens, les Turcs, à essayer de trouver une formule pour essayer d'éliminer Bachar el-Assad et organiser la transition», a-t-il prôné.

Des autopsies en Turquie de victimes de l'attaque du 5 avril en Syrie confirmeraient un recours à des armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad, a assuré le ministre turc de la Justice, cité par l'agence de presse Anadolu.

«Des autopsies ont été réalisées à Adana sur trois corps ramenés d'Idleb. Ces autopsies ont établi que des armes chimiques avaient été utilisées», a affirmé Bekir Bozdag, selon Anadolu.

«Cet examen scientifique établit également que [Bachar el-]Assad a utilisé des armes chimiques», a ajouté le ministre turc, sans préciser sur quels éléments reposait cette accusation.

Les médecins auraient relevé tous les symptômes d'une attaque chimique : pupilles dilatées, convulsions, mousse sortant de la bouche.

Selon Bekir Bozdag, les trois corps ont été autopsiés à Adana avec la «participation» de médecins légistes turcs et de représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Des dizaines de personnes blessées pendant cette attaque chimique présumée sont actuellement soignées en Turquie, frontalière de la Syrie.

Les examens, qui ont duré près de trois heures, selon Anadolu, ont été enregistrés par des caméras, et des échantillons ont été récoltés par les autorités turques et la délégation de l'OMS.

«Ce qui m'inquiète c'est de recommencer les erreurs de la Libye et de l'Irak. Il faut d'abord connaître la vérité avant d'agir si vite» a déclaré Nicolas Dupont-Aignan, député et candidat à la présidentielle pour Debout la France. 

«Si je suis élu président de la République, ma priorité sera de venger les morts du Bataclan et de Nice et d'éliminer l'Etat islamique. Ce n'est pas Bachar el-Assad qui a tué sur les trottoirs de Paris. Je suis Français, je veux qu'on élimine l'Etat islamique qui répand le terrorisme comme un cancer, notamment au Maghreb, au Libye. Et j'aimerais qu'on garde cette priorité».

«Si on avait voulu éliminer l'Etat islamique ce serait déjà fait» a-t-il affirmé.

«Il faut être vigilant, regarder ce qu'il [Bachar el-Assad] a vraiment fait, et ensuite continuer à éliminer l'Etat islamique», a-t-il conclu.

Alors que les membres du Conseil de sécurité des Nations unies tentent de s'accorder pour permettre le vote d'une résolution afin de lancer une enquête indépendante sur la contamination chimique qui a eu lieu à Khan Cheikhoun le 5 avril après un raid de l'aviation syrienne, le drame continue de susciter émotions et réactions sur la scène politique internationale.