La mosquée Dar Al-Arqam, située dans le quartier Saint-Michel à Montréal, se retrouve depuis quelques jours au cœur d'une polémique. Une vidéo postée sur le compte YouTube de l'établissement religieux, montre un imam appeler au meurtre des juifs en plein prêche.
Le cheikh jordanien Mohammed Ben Moussa Al-Nasr avait été invité par la mosquée, mais son prêche a dérapé. A un moment donné, l'imam a prononcé une phrase faisant partie d'un hadith [un recueil qui comprend l'ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles du prophète Mohammed] sur les juifs : «Ô musulman, ô serviteur d'Allah, il y a un juif qui se tient derrière moi, viens et tue-le».
Ayant pris connaissance de la vidéo, l'antenne canadienne de l'organisation juive du B'nai Brith a immédiatement porté plainte. Le responsable de l'organisation, Harvey Levine estime qu'il est inacceptable qu'une mosquée puisse inviter en toute liberté un prédicateur tenant des propos qui «incitent à la violence et à la radicalisation».
Face au scandale, le président du conseil musulman de Montréal Salam Elmenyawi a insisté sur le fait que la mosquée en question n'appartenait pas au conseil qui représente près de 40 mosquées. Il a également exigé que la mosquée Dar Al-Arqam présente des excuses.
Un hadith controversé au cœur de la polémique
L'imam Ziad Asali, qui dirige une association caritative islamique, a déclaré au média CBC Montréal qu'il ne comprenait pas comment un prêcheur aussi radical avait pu être invité dans une mosquée montréalaise.
«Ces gens propagent la haine non seulement envers les autres communautés, mais également envers la communauté musulmane», s'est-t-il indigné.
Interrogé sur le fameux hadith visant les juifs, l'imam Ziad Asali a rappelé que la tradition de la transmission orale des paroles du prophète se basait «sur plus de 100 000 hadiths contenus dans un nombre incalculable de recueils dont certains sont authentiques, d'autres non».
Dans tous les cas, «user de la parole du prophète pour répandre la haine est une insulte au prophète lui-même», a-t-il souligné.
L'islam, un sujet de plus en plus sensible au Canada
Depuis plusieurs mois maintenant, la question de l'islam tourmente le Canada qui se targue d'être une société multiculturelle au sein de laquelle chaque culte et opinion religieuse est respecté et où les adeptes de différentes confessions cohabitent pacifiquement.
Le 29 janvier dernier, une fusillade perpétrée contre un centre islamique à Québec avait fait six morts et plusieurs blessés. La tuerie avait été perpétrée par un suprémaciste blanc présumé. L'étudiant auteur du carnage, prénommé Alexandre Bissonnette, a été inculpé de meurtre.
Au lendemain du drame, plus de 10 000 personnes s'étaient rassemblées à Québec pour rendre hommage aux victimes. Cette fusillade a suscité un véritable traumatisme au Canada. Le pays est réputé pour son ouverture et sa tolérance. De plus, le Premier ministre, Justin Trudeau, est un ardent défenseur du multiculturalisme.
Près de deux mois plus tard, de nombreux Canadiens s'insurgent contre un projet de loi qui transformerait en un délit toute critique de l'islam. Pour ses détracteurs, cette loi qui a pour but de lutter contre l'islamophobie, baffoue liberté d'expression.
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