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Interdire toute critique ? Une motion contre l'islamophobie provoque un tollé au Canada

De nombreux Canadiens se sont insurgés contre un nouveau projet de loi visant à lutter contre l’islamophobie. Certains d’entre eux redoutent que la motion puisse porter atteinte à la liberté d'expression et interdire de critiquer l’islam.

La motion M103 appelant le gouvernement à «condamner l’islamophobie et toutes les formes de racisme systématique et de discrimination religieuse» a été débattue cette semaine au Parlement canadien et sera votée en mars ou avril. La proposition a été déposée par une députée du parti libéral, Iqra Khalid, en décembre dernier.

Le même jour, une pétition signée par près de 70 000 personnes s'inquiétant de la montée du sentiment antimusulman au Canada a été présentée au Parlement. Cette pétition rappelle les contributions apportées par les musulmans au cours de l’histoire du pays et appelle la Chambre des communes à reconnaître que «les individus extrémistes ne représentent pas l’islam» et à condamner «toutes les formes d’islamophobie».

Bien que la motion ne puisse pas changer les lois canadiennes en l'état, des internautes se sont inquiétés de cette étape vers l’interdiction complète de critique de l’islam.

Une militante anti-islam américaine, Pamela Geller, est allée jusqu'à déclarer que la motion avait pour but de «créer un Etat vivant sous les lois de la charia» et que le Premier ministre canadien Justin Trudeau utilisait «de manière diabolique» «des tactiques de guerre psychologiques» pour tromper les Canadiens.

Pour certains internautes, la motion en question n'a pas vocation à lutter contre la haine et le racisme, mais porte atteinte à la liberté d'expression.

La responsable politique conservatrice Kellie Leitch a appelé à rejeter la motion.

Mais tout le monde ne s'oppose pas à cette motion, ou à ses conséquences potentielles. Certains internautes ont manifesté leur soutien à Iqra Khalid et appelé à lutter contre l’islamophobie.

En réponse à sa motion, la députée a reçu nombreuses menaces et insultes racistes. Elle a lu certains massages le 16 février lors des débats au Parlement. «Tuez-la et c’est tout !», «Pourquoi les Canadiens l’ont laissée entrer ?», disent ces messages.