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Fake news : en Suède, les écoliers apprendront à faire la part des choses dès dix ans

Face à la propagation inquiétante de «fausses informations», le ministère de l'éducation suédois pense avoir la solution ! Dès l'école primaire, les petits suédois apprendront à reconnaître les «fake news» et à repérer les sources douteuses.

Le ministre de l'Education suédois, Gustav Fridolin, n'est pas peu fier des méthodes pédagogiques pensées par ses équipes. 

«La Suède a le genre d'approche dont tout le monde devrait s'inspirer. Ici, chaque enfant est préparé dès le plus jeune âge à la vie active, ses premiers pas vers le savoir doivent avoir lieu très tôt, et ce notamment pour tout ce qui relève des technologies multimédia et de l'information», a expliqué Gustav Fridolin, cité par le média The Local.

A partir de juillet 2018, une nouvelle discipline sera donc au programme des élèves du primaire en Suède : ils apprendront à séparer le bon grain de l'ivraie médiatique, à analyser les sources et distinguer les vraies informations des fausses.  

Pour Gustav Fridolin, apprendre à analyser des sources d'information avec esprit critique est aussi important que l'apprentissage des mathématiques et la formation doit commencer tôt, dès l'âge de dix ans. 

«Nombreux sont ceux qui font preuve de naïveté quant à l'information. Nous avons l'impression que nous avons accès à tout en un simple clic. C'est, bien sûr, tout à fait faux. [...] Plus que jamais, il nous faut user de notre capacité à lire, écrire, débattre et critiquer afin de ne pas être induits en erreur», a expliqué le ministre.

Pour accompagner les écoliers et leur apprendre à identifier les fausses informations, les équipes du ministère ont opté pour le héros suédois de bande dessinée Bamse, petit ourson jaune qui dispose d'une force phénoménale lorsqu'il mange du miel. Depuis sa création en 1966, le personnage de Bamse, décliné sous forme de bande dessinée et de dessin animé, a toujours été utilisé pour transmettre une certaine éthique aux enfants et les pousser à la découverte d'autres cultures, à lutter contre le racisme, la violence, etc. 

«Les fausses informations sont une problématique très importante sur internet aujourd'hui. Les médias en parlent beaucoup et nous avons estimé que les enfants devaient, eux aussi, en apprendre davantage à ce sujet», avait déclaré en janvier dernier Charlotta Borelius, rédactrice en chef du magazine pour enfants Bamse

Comment Bamse vole-t-il au secours des enfants dans ce contexte? Un extrait de la bande dessinée, actualisée, montre deux amis de Bamse, le petit lapin Skutt et la tortue Skalman, en train de discuter. A Skutt disant que Bamse n'est pas fort précisément parce qu'il mange du miel, la tortue demande : «Quelles sont tes sources ?» Réponse de Skutt : «J'ai vu ça sur internet.»

Les petits lecteurs apprendront en fin de compte que des ennemis de Bamse ont diffusé de fausses informations sur la toile pour lui nuire. Car la vérité est bien que l'ourson puise son incroyable force dans le miel.  

«Je l'ai vu sur internet !» 

Et si la démarche est de toute évidence pleine de bonnes intentions, d'aucuns seraient en mesure de se demander ce qu'est une source fiable pour le gouvernement suédois.

Néanmoins, si le petit camarade de Bamse, Skutt le lapin, croit à des rumeurs qu'il a lues sur internet, il est loin d'être le seul. Nombreux sont ceux qui, dans la vraie vie, sont persuadés de la véracité d'une information venant d'un portail qu'ils considèrent comme honnête.

Même Donald Trump. Car l'actualité est espiègle. Le 18 février, le président américain avait été brièvement ridiculisé après avoir inventé un attentat terroriste qui aurait eu lieu ... en Suède en assurant l'avoir vu sur Fox News.  

Les écoliers suédois devront désormais être entraînés au «fact-cheking» (vérification des faits). Mais ce sujet est déjà plus qu'important pour leurs parents, qui n'auront, eux, pas bénéficié des leçons de l'instructeur Bamse. Depuis quelques mois, plusieurs pays ont déclaré la guerre aux Fake News, et en particulier l'Allemagne,où le gouvernement entend établir un centre de défense contre les fausses informations. Cette institution devrait intensifier «le travail d’éducation politique» de pans de la population «réceptifs aux fausses informations». 

Le sujet étant devenu incontournable, certains médias en ont même fait leur spécialité, sûrs de leur réputation de champions de l'objectivité. Depuis le mois de février, la version internet du Monde propose ainsi un kit de vérification de l’information sur la toile baptisé Decodex.

Censé lutter contre les «fake news» et financé par le fonds Google, Decodex classe les sites selon leur «fiabilité». Dans le même esprit, le réseau de fact-checking  FirstDraft, Google News Lab et une trentaine de médias français et internationaux ont inauguré CrossCheck, un outil également censé valider la fiabilité de telle ou telle information. Mais la fiabilité selon qui ? 

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Presque immédiatement après son lancement, Decodex s'est attiré les foudres de nombreux internautes et spécialistes des médias qui reprochent au dispositif de procéder à un classement en fonction de ses intérêts et de ne distribuer les bons points qu'aux médias traditionnels français et étrangers. 

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