Une majorité de Canadiens favorables à un test sur les valeurs du pays pour les migrants
Un nouveau sondage réalisé au Canada révèle que, si les citoyens sont en général en faveur de l’accueil des réfugiés, des sentiments anti-migratoires et antimusulmans persistent dans le pays.
Un sondage réalisé par la maison de sondage CROP à la demande de Radio Canada révèle que 74% des Canadiens sont favorables à la proposition de Kellie Leitch, candidate à la direction du Parti conservateur du Canada, qui demande que soit imposé aux migrants un test sur les «valeurs canadiennes». Durant l'été 2016, Kellie Leitch avait en effet suggéré que tout migrant arrivant dans le pays ait à faire preuve d'une culture et de valeurs ne contredisant pas celles du Canada.
Néanmoins, environ 60% de Canadiens ayant pris part au sondage continuent d'estimer que l’accueil des réfugiés syriens est une «très bonne» ou «assez bonne» politique.
Les sentiments antimusulmans et anti-migratoires semblent être plus particulièrement développés au Québec. Ainsi, 65% des Québécois interrogés ont déclarés se sentir à l’aise face à l'édification d’une nouvelle église près de chez eux, et seuls 40% ne voient pas de problème à la construction d’une mosquée à proximité de leur domicile. Dans le reste du Canada, ces chiffres atteignent 76% et 56% respectivement.
En outre, près de 57% des Québécois interrogés estiment que les musulmans sont «mal» ou «plutôt mal» intégrés dans la société canadienne, alors que seuls 10% du reste de la population a tendance à penser ainsi. Les musulmans sont néanmoins globalement considérés comme étant la moins bien intégrée des communautés, selon le sondage.
Le sondage de CROP a été réalisé en ligne auprès de 2 513 Canadiens, dont 1 024 Québécois.
«Les musulmans, un bouc émissaire des politiciens»
La réaction de la communauté musulmane au Canada ne s’est pas fait attendre après la publication de ce sondage. Le coprésident de l'Association des musulmans et des Arabes pour la laïcité au Québec, Haroun Bouazzi, a déclaré que les sentiments antimusulmans de la population étaient alimentés par des politiciens cherchant à faire diversion pour mettre au second plan les vrais problèmes que peut traverser le Canada.
«Nous avons tous des problèmes, et nos politiciens n’ont pas de solutions simples. Même ceux qui sont au pouvoir aujourd'hui n’ont pas de solutions. Un bon moyen pour faire parler d’autre chose est de trouver un bouc émissaire. Et c'est la minorité musulmane qui se retrouve évidemment à jouer ce rôle», a-t-il affirmé à la chaîne CBC.