AMA : les preuves de «dopage» fournies par McLaren contre les athlètes russes sont insuffisantes
L’Agence mondiale antidopage (AMA) a reconnu ne pas disposer d’assez d'éléments pour prouver que les athlètes russes se sont dopés, révèle une lettre du directeur général du CIO. L’AMA répond par le manque de bonne volonté des autorités russes.
«Lors de la réunion récente [du 21 février] [...] à Lausanne pour "fournir de l’aide aux fédérations internationales en ce qui concerne l’analyse et l’interprétation des preuves", l’AMA a reconnu que dans de nombreux cas les preuves fournies pouvaient se montrer insuffisantes», a écrit Christophe De Kepper, directeur général du Comité international olympique (CIO) dans une lettre au CIO.
Le directeur général du CIO a également pointé du doigt la différence dans les termes utilisés par l’avocat canadien Richard McLaren, auteur des rapports éponymes. Si dans le premier rapport datant de 18 juin 2015 «le professeur McLaren décrit un "système sponsorisé par l’Etat", dans le rapport final de décembre il décrit un "complot institutionnalisé"», peut-on lire dans la lettre de Christophe De Kepper. Le CIO devra donc examiner «ce que ce changement signifie et quels individus, organisations ou autorités gouvernementales seraient impliqués».
En outre, l’AMA a chargé les fédérations sportives internationales «de communiquer directement avec l’équipe de McLaren pour essayer d’obtenir plus d’informations», révèle la lettre du directeur général du CIO. «L’AMA a expliqué que les traductions utilisées par l’équipe de McLaren n’étaient pas correctes et qu'elle allait obtenir des traductions officielles de certains des textes», peut-on également y lire.
L’AMA explique l’absence de preuves par la destruction des échantillons par Moscou
L’AMA a réagi immédiatement à la lettre publiée du directeur général du CIO. L’agence a expliqué l’insuffisance de preuves par le fait que le laboratoire de Moscou détruise les échantillons après leur examen. Selon l’AMA, McLaren avait déposé des demandes auprès des autorités russes, mais aucune réponse ne leur avait été fournie. «Pour certains athlètes, le rapport McLaren ne peut tout simplement pas faire office de preuve», précise l’AMA.
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— RT France (@RTenfrancais) 20 janvier 2017
Le ministère russe des Sports n’a pas commenté l’accusation de l’AMA concernant la destruction des échantillons mais s’est félicité de l’insuffisance de preuves contre les athlètes russes. «L’AMA a tout dit dans son adresse. Nous sommes d’accord avec les formulations. Nous continuons de travailler pour remettre sur pied l’agence russe antidopage RUSADA», a déclaré le ministre russe des Sports Pavel Kolobkov.
Le rapport McLaren contesté
Le rapport McLaren publié par l'AMA en deux parties, en juillet et décembre 2016, suggère que le ministère russe des Sports et le Centre de préparation sportive des équipes nationales russes ont pris part à un échange d’échantillons au sein du laboratoire antidopage accrédité par l’AMA à Moscou et que, d'autre part, le FSB était lui aussi impliqué dans la dissimulation ou l'altération des échantillons recueillis sur les sportifs lors des Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Cependant, le rapport ne précise pas comment le FSB serait parvenu à ouvrir les éprouvettes contenant les échantillons.
Le rapport McLaren a basé ses conclusions sur les déclarations de Grigori Rodchenkov, ancien chef du laboratoire anti-dopage de Moscou, publiées par The New York Times. Ce dernier qui est qualifié par Richard McLaren de «personne crédible et honnête» avait fait l’objet d’une enquête pour vente illégale de stéroïdes en Russie, en 2011.