Moscou : l'Ukraine a reconnu de facto mener une offensive militaire dans le Donbass
La Russie est en désaccord avec les propos de l'OSCE qui a accusé les rebelles d'être responsables des violations de la trêve dans le Donbass. Moscou estime que l'armée ukrainienne mène des actions offensives qui «minent les accords de Minsk».
«Nous ne sommes pas d'accord avec de telles formulations. Il s'agit d'actions provocatrices de la part des forces armées ukrainiennes et de la part de certaines formations paramilitaires. En fait, nous avons entendu certaines déclarations des représentants du ministère ukrainien de la Défense selon lesquelles [l'armée ukrainienne] avance "mètre par mètre", ce qui signifie qu'ils confirment de facto les actions offensives», a déclaré le 1er février le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par l'agence de presse russe Ria Novosti.
Kiev «pousse avec acharnement vers la voie militaire» dans le conflit du Donbass, selon Moscouhttps://t.co/Lzjn2oqRIgpic.twitter.com/93wJRF0VLR
— RT France (@RTenfrancais) 31 janvier 2017
Dmitri Peskov a par ailleurs précisé : «Ce sont des actions qui minent les accords de Minsk», en mentionnant la déclaration du ministre ukrainien de la Défense, Igor Pavlovski, qui a déclaré le 1er février devant des médias ukrainiens : «A partir d'aujourd'hui [...] mètre par mètre, pas à pas, à chaque fois que c'est possible, nos garçons continuent d'avancer».
Dans sa déclaration, Igor Pavlovski a justifié cette évolution de la situation en indiquant : «L'ensemble du Donbass fait partie du territoire ukrainien».
Le porte-parole du Kremlin a par ailleurs réagi aux propos du premier chef adjoint de l'OSCE, Alexandre Houg, qui avait demandé sur Twitter aux «forces russo-séparatistes» de rétablir le cessez le feu.
Глава @OSCE_SMM призвал к прекращению боевых действий в р-не Авдеевка-Ясиноватая-Донецкий аэрпт на востоке #Украинahttps://t.co/E5It9YxMwZ
— ОБСЕ (@osce_ru) 31 janvier 2017
Ces déclarations surviennent après plusieurs jours d'hostilités intenses autour de la ville d'Avdeevka, située à proximité de la ligne de cessez-le-feu entre les forces armées ukrainiennes et les rebelles.
Les sénateurs russes demandent aux députés ukrainiens de mettre un terme aux violences dans le Donbass
Lors de la session du 1er février du Conseil de la Fédération (Chambre haute du parlement russe), le responsable du Comité des relations internationales, Konstantine Kossatchev, a proposé à ses collègues d'exprimer une position forte sur les dernières manifestations de violence perpétrées par les forces armées ukrainiennes et les unités paramilitaires contre les républiques autoproclamées du Donbass.
«La provocation en cours ressemble beaucoup à un spectacle bien rodé. [Le président ukrainien Petr] Porochenko a interrompu une visite à l'étranger et est retourné en Ukraine d'une manière très démonstrative», a-t-il notamment déclaré en demandant aux sénateurs russes d'interpeller la Rada afin de «mettre un terme aux activités criminelles de l'armée ukrainienne dans le sud-est [de l'Ukraine]», et de respecter les accords de Minsk.
La présidente de la Chambre haute, Valentina Matviyenko, et d'autres sénateurs ont appuyé cette initiative. Plus tard dans la journée, Konstantine Kossatchev a indiqué aux journalistes que le Sénat russe avait effectivement demandé au Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, de respecter les accords de Minsk et de faire cesser les violences.
Le Donbass de nouveau en proie au conflit ?
Ces derniers jours, le regain de violences entre les unités militaires ukrainiennes et les combattants des Républiques autoproclamées du Donbass a conduit à une nette détérioration de la situation dans les territoires contrôlés par les insurgés. Malgré l'instauration d'une trêve «illimitée» fin 2016, 12 personnes, dont trois soldats ukrainiens, ont ainsi perdu la vie en quelques jours.
Si le président ukrainien a accusé Moscou d'être responsable de la situation, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué le 31 janvier que les troupes paramilitaires ukrainiennes «ont franchi la ligne de cessez-le-feu avec un appui d'artillerie fourni par l'armée ukrainienne». Par ailleurs, le ministère russe des Affaires étrangères a appelé les autorités ukrainiennes à «cesser immédiatement la provocation armée dans le Donbass», et a demandé à Kiev de respecter les accords de Minsk», signés en février 2015.
Ces accords, négociés avec l'aide de la Russie, de la France et de l'Allemagne ont pourtant permis l'établissemement d'un cessez-le-feu dans le conflit qui embrase le Donbass depuis 2014 et ont notamment imposé le retrait des armes lourdes de chaque côté de la ligne de cessez-le-feu. Les accords de Minsk devaient être suivis par une amnistie générale des insurgés, une réforme constitutionnelle accordant une plus grande autonomie aux régions rebelles de Donetsk et Lougansk, la mise en place d'élections locales et le retour de ces régions sous la souveraineté ukrainienne.
#Donetsk dénonce le déploiement de l’artillerie lourde par #Kiev dans le #Donbasshttps://t.co/8kdCTrEp95pic.twitter.com/mZPsPwEZNC
— RT France (@RTenfrancais) 3 juillet 2016
Malgré des violations épisodiques, les accords de Minsk ont permis de «geler» le conflit déclenché par les autorités ukrainiennes en avril 2014. A l'époque, une opération militaire avait été entamée contre les républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Ces deux régions du Donbass, majoritairement russophones, avaient déclaré leur indépendance après le coup d’Etat en Ukraine de février 2014.
Selon les estimations de l’ONU, plus de 9 600 personnes ont été victimes de ce conflit.