Italie : Renzi présente sa démission, le président Mattarella consulte les politiques italiens
- Avec AFP
Après la démission du Premier ministre Matteo Renzi, le président Sergio Mattarella commence à consulter les forces politiques du pays pour déterminer la marche à suivre, entre élections anticipées, gouvernement technique et réforme électorale.
Après l'échec essuyé dimanche 4 décembre dans les urnes, Matteo Renzi a démissionné dans la soirée du 7 décembre. Mais, malgré quelques plaisanteries dans un discours face à ses partisans, il est surtout apparu prêt à repartir au combat.
«Demain matin, j'organiserai avec mes enfants un tournoi de Playstation où j'espère avoir plus de chance qu'ici», a ironisé Matteo Renzi à la suite du rejet par référendum de sa réforme constitutionnelle et après avoir passé un peu plus de 1 000 jours à la tête de l'Italie.
Mais, avant de rentrer en Toscane, où vivent sa femme et ses trois enfants, il a clairement démontré tout au long de la journée du 7 décembre qu'il restait combatif et prêt à en découdre, y compris devant la direction de son Parti démocrate (PD, centre gauche).
«Nous n'avons peur de rien ni de personne, si les autres partis veulent des élections [...] le PD n'a pas peur de la démocratie ou des votes», a-t-il affirmé devant la direction de son parti, dont il est toujours le numéro un. «Et si les partis politiques italiens veulent que le parlement aille jusqu'à son terme, début 2018, qu'ils prennent tous leurs responsabilités pour former un gouvernement entre eux», a-t-il ajouté.
Loin d'avoir renoncé à tout avenir politique, Matteo Renzi semble pressé d'en découdre à nouveau. «Il est temps de se remettre en chemin», a-t-il déclaré. Et il n'est pas le seul : les partis du Mouvement 5 étoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, qui ont le vent en poupe après un vote ayant confirmé la vague occidentale de mécontentement populaire née avec le Brexit et confirmée par l'élection de Donald Trump, sont sur la même ligne.
#Renzi se posait en défenseur des Italiens face #UE mais s'engageait à appliquer réformes exigées par... Bruxelles! https://t.co/U9bXfn6mUVpic.twitter.com/8KDh7DvFjV
— RT France (@RTenfrancais) 6 décembre 2016
«Nous réclamons des élections immédiatement, sinon nous inviterons les citoyens à descendre dans la rue», a lancé le 7 décembre Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord.
Une transition ordonnée
Le président de la République avait refusé le 5 décembre la démission de Matteo Renzi, lui demandant d'assurer d'abord l'adoption définitive du budget 2017 au Parlement.
C'est chose faite depuis un vote au Sénat dans l'après-midi du 7 décembre, grâce à un vote de confiance pour éviter tout débat. Vers 19h (18h GMT), Matteo Renzi est donc retourné auprès du président pour présenter sa démission lors d'un entretien qui a duré environ 40 minutes.
Il est la deuxième victime d'un référendum en Europe après la démission cet été de David Cameron, l'ex-Premier ministre britannique, tombé après le non de ses compatriotes au maintien de leur pays dans l'Union européenne.
Le président Mattarella va entamer dès le 8 décembre à 18h (17h GMT) - pourtant jour férié en Italie - ses consultations. Il semble avoir surtout à cœur de ne pas bousculer les institutions et de permettre une transition ordonnée. Selon une indiscrétion transmise à la presse par des sources à la présidence, il a estimé le 6 décembre qu'il était «inconcevable d'aller aux élections avant d'avoir rendu les modes de scrutin de la Chambre des députés et du Sénat homogènes».
Une loi adoptée en mai 2015, baptisée Italicum, prévoit un scrutin majoritaire pour la Chambre des députés, alors que l'échec de la réforme constitutionnelle maintient tous ses pouvoirs à un Sénat qui reste élu à la proportionnelle, ce qui risque de rendre la création d'une coalition improbable et le pays ingouvernable.
La Cour constitutionnelle, saisie d'une série de recours contre l'Italicum, doit se pencher sur la question le 24 janvier et pourrait édicter une règle du jeu que toutes les parties devront accepter.
Mais le temps presse, l'incertitude inquiète à l'étranger et même si la panique redoutée sur les marchés financiers n'a pas eu lieu - la Bourse de Milan a même gagné plus de 2% le 7 décembre après avoir déjà pris 4,15% le 6 décembre -, la situation reste tendue.
Moody's fait passer à négative la perspective de la dette
L'agence de notation Moody's a abaissé le 7 décembre de stable à négative la perspective de la note de la dette de l'Italie. Ce faisant, Moody's implique que la note de la dette italienne, qui reste pour l'instant à «Baa2», pourrait être dégradée dans les prochains mois.
Référendum en Italie : «C’est un vote contre le gouvernement, contre l’establishment et contre l’UE»https://t.co/rW4nC6WPvgpic.twitter.com/PHVQ4BTcZ1
— RT France (@RTenfrancais) 5 décembre 2016
Moody's explique que sa décision est d'abord liée «à la moindre probabilité, à la suite du "non" au référendum constitutionnel dimanche, que le gouvernement italien puisse faire des progrès tangibles vers les réformes économiques et budgétaires nécessaires afin de stabiliser le profil de solvabilité du gouvernement».
L'agence souligne que la réduction de «l'important endettement de l'Italie risque d'être reportée vu les perspectives de croissance atone à moyen terme et les récents dérapages budgétaires». «Cela va prolonger l'exposition [de l'endettement] à des chocs imprévisibles», ajoute l'agence.
La croissance réelle du PIB italien a été «plate pendant plus de 15 ans et la productivité a à peine augmenté en 20 ans», souligne encore Moody's. L'agence ajoute que les réformes économiques entreprises jusqu'ici «n'ont eu qu'un effet limité sur les perspectives de croissance à moyen terme comme sur celles de l'évolution budgétaire».
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«Le rejet par le peuple de la réforme constitutionnelle dimanche pose une nouvelle menace sur l'achèvement des réformes, ce qui augmente le risque d'une accélération de l'affaiblissement du profil de solvabilité» du pays, ajoute Moody's.