Allemagne : les migrants syriens déstabilisés par le rigorisme des mosquées locales
De nombreux Syriens musulmans s'étant installés en Allemagne se montrent surpris par le conservatisme des imams arabophones du pays, souvent liés à des mouvements wahhabites ou salafistes financés par des Etats du Golfe persique.
Les Syriens de confession musulmane perçoivent les mosquées arabophones d'Allemagne comme bien plus conservatrices que celles auxquelles ils étaient habitués dans leur propre pays : c'est le constat que tire l'agence Reuters d'une enquête de deux mois, menée auprès d'une douzaine de migrants fréquentant des lieux de cultes musulmans dans trois grandes villes allemandes.
Parmi les quelque 620 000 demandeurs d'asile de nationalité syrienne s'étant installés en Allemagne l'an dernier, un tiers environ sont des fidèles de la religion islamique. Or, la communauté musulmane de leur pays d'accueil se trouve essentiellement composée de Turcs ou d'Allemands d'origine turque. Ne pouvant suivre les sermons des imams en langue turque, un grande nombre de ces migrants syriens se tournent alors vers les mosquées arabes, moins nombreuses... et généralement plus rigoristes, car d’obédience salafiste ou wahhabite.
Les centres cultuels musulmans allemands pour arabophones sont en effet souvent financés par l'Arabie saoudite ou par d'autres Etats du Golfe persique, qui promeuvent une interprétation de l'islam particulièrement conservatrice, rapporte Reuters. «Il est vrai qu'une large majorité de mosquées utilisant la langue arabe sont plus conservatrices que les mosquées turques», constate ainsi le directeur du centre de théologie islamique de l'université de Münster, Mouhannad Khorchide, cité par l'agence de presse.
Barbe de rigueur et short prohibé
Parmi les croyants qui se sont confiés à Reuters, un Syrien de 36 ans du nom d'Hani Salam s'est déclaré stupéfait en découvrant, en novembre dernier, des hommes arborant de longues barbes dans une mosquée de Cologne à proximité de son habitation. L'apparence de ces individus lui a rappelé celle des combattants du Jaysh al-Islam, un groupe rebelle syrien qui l'a contraint à fuir sa ville natale, à proximité de Damas, a-t-il précisé à l'agence. L'un de ces hommes barbus lui a fait remarquer, à lui qui ne portait qu'une moustache, que les «bons musulmans» devaient se laisser pousser la barbe... En outre, Hani Salam a dit à l'agence qu'un salafiste fréquentant cette mosquée allemande avait demandé à un jeune Arabe de la quitter, pour la seule raison qu'il portait un short.
Autre témoignage du même type : un père de famille syrien de 42 ans a été surpris par l'interprétation extrêmement stricte du Coran prônée dans une mosquée de Berlin dirigée par des wahhabites, interdisant toute marge d'interprétation.
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L'opération de charme des salafistes visant les migrants
Le phénomène a déjà alarmé les services de renseignement allemands qui, selon Reuters, ont appris que les salafistes avaient tenté d'entrer en contact avec plus de 320 migrants l'an dernier – par le biais d'offre de vêtements, de nourriture ou encore d'exemplaires gratuits du Coran.
#Allemagne Selon une source policière 410 terroristes potentiels seraient parmi les réfugiés https://t.co/K6KxEisSwJpic.twitter.com/iAnCaEVbDw
— RT France (@RTenfrancais) 25 juillet 2016
Après une série meurtrière d'attentats l'été dernier, dont certains ont été revendiqués par l'organisation djihadiste Etat islamique, il n'est pas étonnant que les autorités allemandes se montrent particulièrement soucieuses de surveiller le développement de l'islam radical dans le pays.
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