«On leur a appris à utiliser la fourchette» : Varsovie fustige à nouveau Paris dans l’affaire Airbus
Après l’annulation controversée d'un projet d'achat d'hélicoptères par la Pologne, l’incident diplomatique en cours entre Paris et Varsovie a pris un tour «historique», en allant puiser dans un vieux débat sur la coutellerie au 16e siècle.
La France a décommandé l’invitation de la délégation polonaise au salon de la défense navale et de la sécurité maritime Euronaval de Paris, qui ouvre ses portes le 17 octobre. En réaction, dans un entretien à la chaîne d’information polonaise TVN24, le ministre adjoint de la Défense Bartosz Kownacki s’est fendu d’un commentaire pour le moins étonnant.
Dzień dobry. Czy Minister Kownacki napewno wie czym to się je? pic.twitter.com/9qFntlTskE
— Agnieszka Pomaska (@pomaska) 12 octobre 2016
«La partie française nous a officiellement invité il y a longtemps et maintenant ils nous montrent la porte. Mais ce sont les gens à qui nous avons appris à manger avec une fourchette il y a quelques siècles, ce qui pourrait expliquer leur attitude aujourd’hui», a lancé le ministre polonais.
Le premier politicien à effectuer un suicide diplomatique par fourchette
Cette curieuse remarque évoquait le fait que la fourchette aurait été introduite au 16e siècle dans l’Hexagone par le roi Henry III de France, qui avait auparavant été élu roi de Pologne. Un sujet qui fait débat chez les historiens, dont certains assurent que le roi avait en fait découvert l’usage de la fourchette non pas en Pologne, mais au cours d’un séjour à Venise.
«Le ministre Kownacki est peut-être le premier politicien à effectuer un suicide diplomatique par fourchette», a dans la foulée commenté l’hebdomadaire polonais Polityka.
Il y a quelques jours, la Pologne a mis un terme aux négociations sur l’achat de 50 hélicoptères Caracal auprès du constructeur européen Airbus, générant de vives critiques de la part du patron de l’avionneur Tom Enders, qui a accusé Varsovie de lui avoir «claqué la porte au nez».
#Hélicoptères : la #Pologne renonce aux Caracal d'#Airbus et lui préfère les Black Hawk américains https://t.co/o1kk9DJtmPpic.twitter.com/SWHLw5cGj3
— RT France (@RTenfrancais) 10 octobre 2016
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense de la France, qui soutenait le projet d’achat, s’est joint aux critiques alors que le président François Hollande a pour sa part ajourné sa visite dans la capitale polonaise, originellement prévue le 13 octobre.
La Pologne, qui achètera finalement des Black Hawk américains, accuse de son côté le groupe Airbus de ne pas avoir répondu à ses propositions.