Les liens troubles entre les médias et l'équipe de campagne d'Hillary Clinton épinglés
Le site The Intercept est parvenu à mettre la main sur des documents internes aux équipes de la candidate Démocrate à la Maison Blanche, qui trahissent des relations privilégiées entre celles-ci et certains journalistes.
De nouvelles fuites de mails et de documents internes de l'équipe de campagne d'Hillary Clinton viennent écorner l'image de celle-ci. Les données, publiées par le magazine en ligne The Intercept le dimanche 9 octobre, ont été obtenues par un hacker utilisant le pseudonyme de «Guccifer 2.0», qui s'était fait connaître en juin dernier pour le piratage des serveurs informatiques de la Fondation Clinton, révélant une partie de la stratégie électorale de la candidate Démocrate.
Selon ces nouveaux documents, un des éléments clés de la stratégie menée par les équipes d'Hillary Clinton est de s'assurer que des journalistes considérés comme «favorables» soient chargés de couvrir sa campagne. Pour se faire, l'entourage de la prétendante à la Maison Blanche a ciblé les professionnels des médias perçus comme tels, et rédigé en interne les histoires qu'il voulait voir diffusées dans la presse.
Des plans d'articles rédigés à l'avance par les équipes de Clinton
Parmi divers exemples, un document de stratégie interne de la campagne de Clinton de janvier 2015 (dans le cadre alors des primaires démocrates), mis en ligne par The Intercept, désignait la reporter Maggie Haberman comme une «journaliste amie», qui avait «préparé» des reportages pour les équipes de l'ex-Première dame par le passé et ne les avait «jamais déçues». Le même document interne décrivait dans le détail l'article que devait écrire Maggie Haberman, avec pour objectif de «produire de l'énergie et de l'enthousiasme parmi les Démocrates pour une candidature [...] qui offrirait une vision audacieuse pour le futur»...
Le mois suivant, la journaliste a effectivement publié le papier en question dans les colonnes du Times - mais celui-ci, tempère The Intercept, s'est avéré plus fin et moins partisan que ce que suggéraient les indications du document interne des Démocrates. Pour autant, la journaliste n'a pas souhaité réagir aux sollicitations de The Intercept, qui souhaitait l'interroger à ce sujet.
Un autre document interne, rédigé par Jennifer Palmieri, la directrice de communication de l'équipe de Clinton, énumère les journalistes qui lui semblent être les plus fiables (comme par exemple Hilary Rosen et Donna Brazile de la chaîne CNN), ou du moins représenter des «soutiens progressistes».
Les journalistes invités à des fêtes opulentes
Enfin, les fuites provoquées par «Guccifer 2.0» indiquent que le staff de campagne d'Hillary Clinton aime organiser des rencontres confidentielles fastueuses – où nourriture et boissons sont servies de manière généreuse – entre des figures médiatiques et les responsables de l'équipe de la Démocrate. L'une des plus importantes de ces «rencontres» a eu lieu en avril 2015, juste avant l'annonce de la candidature officielle d'Hillary Clinton à l'investiture démocrate.
Ces révélations ne sont pas les premières à remettre en cause l'intégrité des équipes de l'ex-Secrétaire d'Etat américaine : en juin dernier, The Intercept, toujours, avait dévoilé que des experts payés par la campagne d'Hillary Clinton intervenaient à la télévision, sans que leur lien financier avec celle-ci ne soit jamais évoqué.