Moscou : Washington tente de faire porter la responsabilité de l’échec du cessez-le-feu à la Russie
Les Etats-Unis ont annoncé avoir mis fin à tout contact bilatéral avec la Russie au sujet de la Syrie. Ils accusent Moscou de ne pas respecter les engagements liés au cessez-le-feu à Alep. La Russie regrette pour sa part la décision.
«Les Etats-Unis suspendent leur participation aux échanges bilatéraux avec la Russie, lesquels avaient été établis afin de favoriser la cessation des hostilités», a indiqué John Kirby, le porte parole du département d'Etat américain. Ce dernier a par ailleurs attribué à la Russie la responsabilité de l'échec du cessez-le-feu décidé le 9 septembre dernier.
Le département d'Etat a également annoncé retirer son personnel de liaison avec les forces armées russes et leurs représentants qui étaient chargés de préparer le futur Centre conjoint de mise en œuvre du cessez-le-feu en Syrie.
#BREAKING
— Jamming (@Buzzriet) 3 octobre 2016
(Well kind of breaking)
US suspends all Bilateral Talks with Russia over #Syriapic.twitter.com/Q5Bv939Rz6
Même ton de rupture du côté de la Maison Blanche : «Les Etats-Unis et la Russie n'ont plus rien à se dire», a estimé son porte-parole Josh Earnest, «tout le monde est à bout de patience avec la Russie».
Le porte-parole du département d'Etat, John Kirby a cependant indiqué que les militaires américains et russes maintiendraient des moyens de communications pour éviter que leurs forces respectives ne s'accrochent lors d'«opérations de contre-terrorisme en Syrie».
La Russie sur une position constante
A rebours, la Russie avait indiqué et renouvelé pour sa part sa volonté de continuer la coopération avec les forces armées de la coalition et des Etats-Unis en particulier, ce afin de coordonner les opérations militaires contre Daesh dans l'agglomération d'Alep ainsi que dans toute la Syrie, afin d'éviter d'éventuels incidents militaires entre les forces russes et celles de la coalition.
Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe Maria Zakharova, Moscou a pris de nombreuses initiatives pour maintenir et promouvoir l'accord du 9 septembre dernier et, toujours selon le porte-parole, les Etats-Unis cherchent à faire porter la responsabilité de l'échec du cesse-le-feu à la Russie :
«Nous regrettons cette décision de Washington», a déclaré Maria Zakharova, «après avoir échoué à respecter les accords qu'ils ont eux-mêmes négociés, [les Etats-Unis] tentent de faire porter la responsabilité par un autre».
Le représentant permanent russe aux Nations unies, Vitali Tchourkine, a également fait par de sa désapprobation : «Je ne pense pas qu'il y ait une alternative» à la coopération entre Moscou et Washington, et déploré une annonce «très regrettable».
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, s'est dit profondément déçu par la fin des pourparlers américano-russes sur un cessez-le-feu en Syrie, mais déterminé à oeuvrer pour une solution politique.
«L'ONU va continuer à faire pression énergiquement en faveur d'une solution politique au conflit syrien malgré l'issue extrêmement décevante des discussions longues et intenses entre deux acteurs internationaux cruciaux», a indiqué dans un communiqué le bureau de Staffan de Mistura.
Si la Russie et les Etats-Unis sont parvenu à un accord le 9 septembre dernier, les relations se sont rapidement détériorées, Washington accusant Moscou de mener des raids aériens d'appui contre les djihadistes dénommés «rebelles modérés» et Moscou reprochant à Washington de ne pas délimiter une frontière assez précise entre ces «rebelles» et les terroristes.
Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a ainsi fait remarquer qu'un certain nombre de groupes anti-gouvernementaux décrits par Washington comme «modérés» refusaient le cessez-le-feu et avaient rejoint les rangs des groupes terroristes. A cela se sont ajoutés le bombardement des troupes de l'armée syrienne le 17 septembre dernier par la coalition menée par les Etats-Unis et l'attaque d'un convoi humanitaire des Nations unies.
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