Attaque chimique : la Russie appelle les USA à renforcer la lutte contre les extrémistes en Syrie
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a évoqué au cours d'une conversation téléphonique avec John Kerry le besoin d'intensifier la lutte contre les groupes extrémistes qui agissent de façon «de plus en plus insolente» en Syrie.
«La partie russe a souligné la nécessité d'intensifier la lutte contre les terroristes et autres groupes extrémistes, qui agissent en Syrie avec de plus en plus d'insolence, faisant régulièrement de nouvelles victimes parmi la population civile syrienne, y compris en raison de l'utilisation d'armes chimiques», a annoncé un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères, résumant la conversation téléphonique qu'ont Sergueï Lavrov et son homologue américain John Kerry le 5 août.
#Syrie: financés par #Washington, des rebelles «modérés» à l'origine d'une attaque chimique: https://t.co/3pFUBa6Nqupic.twitter.com/WVTNNSduwz
— RT France (@RTenfrancais) 4 août 2016
Cette conversation a eu lieu au lendemain de la critique par Moscou du comportement des Etats-Unis en Syrie. La Russie a en effet accusé les Etats-Unis de soutenir les rebelles qui utilisent des gaz toxiques contre les civils.
Le 4 août, Moscou a fait savoir à Washington que l'attaque au gaz chimique perpétrée le 2 août près d'Alep était le fait du groupe Harakat Nour al-Din al-Zenki, considéré par les Etats-Unis comme un groupe d'«opposition modéré», qui continue de recevoir un appui financier des Etats-Unis en dépit des nombreuses exactions dont l'accusent plusieurs ONG de défense des droits de l'homme.
Selon ces dernières, Harat Nour al-Din al-Zenki aurait notamment égorgé un enfant palestinien à Alep, filmé la scène et posté la vidéo sur les réseaux sociaux.
La veille, le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner, avait déclaré à RT qu'une enquête avait été ouverte et que si cette dernière démontrait la responsabilité de membres de Harakat Nour al-Din al-Zenki, les Etats-Unis cesseraient de soutenir ce groupe.
Les rebelles «modérés», véritable pomme de discorde entre Washington et Moscou
Depuis des mois, Washington et Moscou sont en désaccord sur les groupes qui constituent l'opposition dite «modérée» au gouvernement syrien.
Dès le début, la Russie a rejeté ce concept, affirmant que des groupes rebelles djihadistes tels que le Front al-Nosra, Ahrar Al-Sham ou Jaysh al-Islam étaient des groupes terroristes. En revanche, pour Washington qui dit lutter contre Daesh, ces groupes n'ont pas toujours été considérés comme tels.
La Russie voudrait que ces groupes soient exclus des négociations de paix qui se déroulent principalement à Genève, ce qui provoque des tensions importantes au sein du partenariat existant entre Washington et Moscou en Syrie.
En juin, les Etats-Unis avait demandé à la Russie de ne pas prendre pour cible dans ses frappes aériennes le Front al-Nosra, branche syrienne du groupe terroriste Al-Qaïda, redoutant que l'opposition «modérée» au pouvoir syrien soit également touchée par ces bombardements.
«Mais cette opposition doit s'éloigner des positions des terroristes, nous nous sommes mis d’accord là-dessus il y a longtemps», a déclaré Sergueï Lavrov, évoquant le délai octroyé aux groupes d'opposition modérés par la Russie pour s'éloigner des zones contrôlées par les terroristes et se mettre à l'abri des frappes de l'aviation russe.
La Russie a en outre demandé à l’ONU de sanctionner les deux groupes rebelles Ahrar Al-Sham et Jaysh al-Islam, qui violent «régulièrement» l’accord russo-américain de cessez-le-feu et entretiennent des liens étroits avec l’Etat islamique (EI) et Al-Qaïda.