La Turquie somme Washington d'extrader Fethullah Gulen, les relations virent à l'iceberg

La Turquie somme Washington d'extrader Fethullah Gulen, les relations virent à l'iceberg© Jonathan Ernst Source: Reuters
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Alors que l'armée américaine est en alerte maximale dans ses bastions en Turquie, Erdogan a exigé que Washington «extrade» le prédicateur Fethullah Gulen, réfugié aux Etats-Unis, qu'il soupçonne d'être le cerveau du putsch du 15 juillet.

Le cas Fethullah Gulen, éternel sujet de tensions

«Extradez-le si vous êtes notre allié», a lancé le président turc Recep Tayyip Erdogan à l’attention des Etats-Unis, en référence à Fethullah Gülen, religieux exilé en Pennsylvanie qui a nié toute implication dans la tentative de coup d'état, malgré les accusations d'Ankara.

Auparavant, le gouvernement turc avait indirectement critiqué l'attitude de Washington.

«Je ne vois aucun pays capable de protéger un tel homme, qui est le chef d’une organisation terroriste, surtout après ce qui s’est passé la nuit dernière. Protéger cet homme constitue un acte d’hostilité envers la Turquie et le pays qui le ferait ne serait pas un ami», a martelé le Premier ministre turc Binali Yıldırım devant la presse sur un ton clairement menaçant. 

Le clerc de 75 ans est présenté comme l'inspirateur des putschistes par les autorités turques et le mouvement politico-religieux qu'il dirige, le Hizmet, est considéré par Erdogan comme un «groupe terroriste». La Turquie avait d'ailleurs déjà demandé aux Etats-Unis l'extradition de l'opposant.

Fethullah Gulen et Recep Tayyip Erdogan, avant d'être des ennemis, ont été des alliés de circonstance. Ainsi, Gulen a soutenu l'AKP, le parti du président turc, dès 2002, jusqu'à ce que la crise éclate ouvertement entre les deux hommes en 2014. Le Hizmet a alors été accusé par le pouvoir de noyauter les milieux de la justice et de la police. Gulen a pour sa part dénoncé la dérive autoritaire de l'AKP et de son dirigeant, estimant qu'elle pourrait compromettre l'intégration à l'Union européenne de la Turquie.

Washington renforce au maximum le niveau de sécurité de ses bastions en Turquie

Un responsable de la défense des Etats-Unis, cité par Reuters sous couvert d’anonymat, a déclaré que la sécurité avait été élevée au niveau «delta» le 16 juillet, ce qui signifie généralement qu'une attaque terroriste ou qu'un attentat est imminent.

Le responsable a cependant fait savoir qu’au niveau diplomatique, la sécurité restait la même, précisant que l’ambassade des Etats-Unis à Ankara et le consulat à Istanbul continuaient de fonctionner normalement et qu’aucun ressortissant américain n’avait été rapatrié par l’armée durant la tentative de putsch.

Néanmoins, l’ambassade et le consulat américains ont invité leurs ressortissants à ne pas s’y rendre en raison de risques sécuritaires encore non clairement définis. 

L'avenir des bases américaines en Turquie pourrait être compromis

Vendredi 15 juillet, la tentative de coup d'Etat avait soulevé des questions sur les opérations militaires américaines à l’avenir, notamment en ce qui concerne la lutte contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie, les Etats-Unis utilisant à cet effet des bases militaires situées sur le territoire turc. Mais ces préoccupations ont semblé diminuer le samedi 16 juillet, selon le responsable de la Défense.

En effet, le Pentagone fait stationner ses troupes sur la base aérienne d’Incirlik, près de la frontière sud avec la Syrie et celle de Diyarbakir, dans la partie sud du pays. Les deux bases ont un rôle primordial dans la lutte des troupes américaines contre Daesh.

«Nous suivons la situation de près en Turquie et prenons les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de nos soldats, des civils, de leurs familles, ainsi que des installations», a déclaré un autre responsable de la défense américaine le soir de la tentative de coup d’Etat.

Il a notamment ajouté que jusqu’à présent, il n’y avait pas eu d’impact particulier sur la base aérienne d’Incirlik et que les opérations de lutte contre Daesh se poursuivaient normalement.

Ces déclarations semblent totalement contraster avec la réalité sur le terrain, puisque le 16 juillet, l’accès à la base d'Incirlik, qui abrite notamment des armes nucléaires américaines, a été bloqué et l’électricité coupée.

L’espace aérien au-dessus de la zone aurait lui aussi été fermé, selon la chaîne d'actualité américaine CNN. 

Les autorités turques ont expliqué vouloir s’assurer que tous les éléments de l’aviation turque sont bien sous le contrôle des forces pro-gouvernementales, alors que des avions et des hélicoptères militaires ont été utilisés par des putschistes la veille.

En conséquence, les missions américaines menées contre Daesh depuis la base d’Incirlik ont été temporairement suspendues, a indiqué un responsable américain à l'AFP sous couvert d'anonymat.

À Incirlik, les États-Unis font également stationner des avions de combat, des navires-citernes, ainsi que des drones de combat. Un commandant de la Force aérienne américain avait déclaré en mai 2016 que son unité gérait à elle seule un tiers du ravitaillement en carburant nécessaire pour les frappes aériennes en Irak et en Syrie. 

Les Etats-Unis utilisent par ailleurs d’autres bases en Turquie, notamment à Izmir, à environ 320 km au sud-ouest d'Istanbul et à Aksaz sur la côte égéenne.

En Mars 2016, le Pentagone et le Département d'Etat avait ordonné aux familles de soldats américains, ainsi qu’aux diplomates de quitter le pays, invoquant de graves risques sécuritaires et des menaces d’attentats.   

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