Finalement, le Jobbik ne veut plus plus sortir de l’Union européenne
Le parti souverainiste hongrois a changé totalement de discours par rapport à Bruxelles. Son président, Gabor Vona, a déclaré qu’une sortie de l’Union n’était plus d’actualité. Un virage à 180° qui ressemble à une tentative de dédiabolisation.
«L'UE va changer dans les 5-10 prochaines années, et il semble que pour la première fois ce sera pour le meilleur.» C’est avec cet argument que Gabor Vona a souhaité rassurer ses fidèles. Le président du Jobbik hongrois a décidé de changer de stratégie par rapport à l’Europe. Défendant jusqu’ici la sortie pure et simple, il espère dorénavant que Bruxelles change sous la poussée des mouvements souverainistes. Il table notamment sur la crise des migrants pour accélérer la mutation.
So Hungarys Jobbik now want to stay in the EU, while British conservatives want to leave #eudkhttps://t.co/sH7f1TBKh9 via @POLITICOEurope
— Ole Ryborg (@OleRyborg) 3 juin 2016
Le Jobbik en phase de dédiabolisation
A l’instar de la stratégie de Marine Le Pen qui souhaite rompre avec le passé de son père, Gabor Vona veut lisser son mouvement. L’énorme différence, c’est que la ligne du Jobbik, c’est lui même qu’il l’a imprimée au parti. Souvent accusé d’antisémitisme et de xénophobie, le mouvement semble vouloir se tailler une autre réputation.
Et Tu, #Jobbik? How much did the Commission pay? https://t.co/iqxi7n28Db
— Guido Costantini (@Andunedhel) 3 juin 2016
D’où cette volonté nouvelle de peser sur l’Europe plutôt que d’en sortir. Et il compte bien sur la crise migratoire pour l’aider dans son entreprise : «Prenons la question de l'immigration par exemple : c'est un défi sérieux pour l'UE, qui prouve que certains mécanismes de fonctionnement doivent être modifiés.»
Reste à convaincre
Ce changement de cap n’est pas sans rappeler les récentes polémiques qui ont entouré le Front national. En début d’année, plusieurs responsables du parti remettaient en cause la sortie de l’euro. Florian Philippot, vice-président du FN, avait dû intervenir pour recadrer ses troupes.
Quoi qu’il en soit, le Jobbik compte bien sur l’aide des autres partis souverainistes. «Je pense que la palette politique de toute l'Europe va changer d'ici cinq à dix ans [...] De nouveaux partis se forment. Ce qui est certain, c'est que notre parti se trouve parmi ceux qui vont changer le 21e siècle», a souligné Gabor Vona.
Reste à convaincre son électorat dont une partie pourrait voir cette nouvelle stratégie comme un renoncement. Le Jobbik est devenu une force qui compte en Hongrie. Le parti est crédité de 20% des intentions de vote devant l'opposition socialiste MSZP (17%). Mais il reste loin de la formation du Premier ministre Viktor Orban (40%). Le premier test d’envergure pour le Jobbik sera lors des prochaines législatives. Elles auront lieu en 2018.