«Nous avons dit dès que cette histoire a commencé que nos experts sont convaincus que le déploiement du système ABM constitue une menace à la sécurité nationale de la Fédération de Russie», a fait savoir le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
«Des mesures sont prises afin d’assurer le niveau de sécurité nécessaire à la Russie. Le président lui-même, laissez-moi vous le rappeler, a demandé à plusieurs reprises contre qui le système serait dirigé», a-t-il poursuivi.
Ces propos viennent en réponse au secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui a répété que le site ne représentait pas une menace pour la Russie. «Ce système est dirigé contre les menaces hors de l’espace euro-atlantique», a-t-il expliqué lors de la cérémonie d’inauguration de la mise en place de la base aérienne à Deveselu, dans le sud de la Roumanie.
Le président roumain Klaus Iohannis a de son côté assuré que le système était «purement défensif, dirigé contre aucune Nation et ne peut être utilisé dans une opération offensive».
Les Etats-Unis et l’OTAN ont affirmé avec insistance pendant des décennies que les projets de déploiement d'un bouclier antimissile en Europe ne compromettraient en rien la sécurité russe. Le système américain de défense antimissile Aegis, déployé en Roumanie dans sa variante terrestre, est une incarnation moins ambitieuse du système ABM, remplaçant le projet envisagé par l’administration de Georges W. Bush en 2007. Le bouclier est destiné à protéger l’Europe d’une éventuelle attaque de missile menée par l’Iran, indique l’alliance.
La menace iranienne existe-t-elle ?
En déplacement en République tchèque en 2009, où selon les plans de George W. Bush un tel système aurait dû prendre place avant d'être abandonné par le président Barack Obama, ce dernier avait assuré qu’après la question du nucléaire iranien, la tâche du développement du segment européen de la défense antimissile n'était plus d'actualité.
Commentant la fin des négociations internationales sur le nucléaire iranien à Vienne en juillet 2015, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait souligné que la Russie comptait sur l’exécution par les Etats-Unis de cet engagement.
Pour autant, après l'accord avec l'Iran, le département d’Etat américain ne s’est pas embarrassé pour mettre en place ces éléments de défense antimissile en Europe. «Une solution au problème nucléaire [iranien] n’annule pas la nécessité [de la création] d'une défense antimissile pour empêcher la menace des missiles iraniens», a expliqué un porte-parole du Département d'Etat cité par Ria Novosti.
«C’est exactement pour cela que, dans la nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, où un plan conjoint global des actions sera codifié, les sanctions de l’ONU à l’encontre du programme balistique de l’Iran seront maintenues pour huit ans», a-t-il conclu.
Critiques de Moscou
La Russie a plusieurs fois exprimé son mécontentement concernant le déploiement du système de défense antimissile américain et d’autres équipements, pointant ainsi du doigt le renforcement de l’OTAN en Europe de l’Est près de sa frontière. De surcroît, l’OTAN poursuit ses exercices militaires dans les pays baltes, ignorant les demandes de Moscou de ne pas attiser les tensions.
Le mois dernier, le secrétaire-adjoint de la Défense américaine, Robert Work, a accordé une interview au Wall Street Journal dans laquelle il a dévoilé que l’Alliance atlantique avait l’intention de déployer environ 4 000 soldats au total dans les pays baltes, à proximité des frontières russes, ajoutant que les deux premiers bataillons seraient fournis par les Etats-Unis, les deux autres par l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Fin avril, Sergueï Lavrov a averti les membres de l’OTAN que s’ils ne cessaient pas leur expansion en Europe orientale, la Russie serait prête à prendre des contre-mesures. Selon le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou, Moscou s’apprête à déployer deux nouvelles divisions à l’Ouest et une au Sud afin de faire face à une intensification de la présence de l’OTAN près de ses frontières.