Pentagone : la stratégie américaine en Afghanistan n’était qu’une «recette pour une catastrophe»
Un rapport du Pentagone montre que la confusion s’est emparée des militaires américains en Afghanistan face à l’ampleur de la révolte des Talibans. Un des soldats a déclaré aux enquêteurs que la stratégie américaine n’avait qu’aggravé la situation.
Le Pentagone a publié des extraits de son rapport de 700 pages dans lesquels des militaires ont exprimé leur mécontentement envers la politique des forces américaines en Afghanistan. «Ce n’est pas une stratégie, en fait, c’est une recette pour une catastrophe dans cet environnement cinétique», a précisé l’un des soldats des Etats-Unis dont le nom n’a pas été révélé pour des raisons de sécurité.
De plus, il aurait ajouté que son unité, dont le but était de conseiller et d’assister les forces afghanes et non pas de prendre part aux combats, avait demandé à son commandement au moins trois fois de leur clarifier les règles de leur mission. Mais compte tenu des difficultés rencontrées, les commandants se sont montrés perplexes.
L’Afghanistan aurait demandé aux #EtatsUnis de bombarder l’hôpital de #MSF à #Kunduzhttps://t.co/sGx1KgiCPmpic.twitter.com/gTs2jhnDDA
— RT France (@RTenfrancais) 5 octobre 2015
«Les règles de l’engagement sont coincées dans les mâchoires de la confusion politique liée à la mission», a déclaré un responsable occidental qui a lui aussi demandé à Reuters à ce que son nom ne soit pas dévoilé.
«Il semble que personne dans les capitales occidentales ne veuille admettre que la situation dans la zone de guerre en Afghanistan s’aggrave […] et que les troupes accomplissent toujours leur mission militaire sur une base quotidienne», a-t-il ajouté.
L’Afghanistan aurait demandé aux #EtatsUnis de bombarder l’hôpital de #MSF à #Kunduzhttps://t.co/sGx1KgiCPmpic.twitter.com/gTs2jhnDDA
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Les militaires, dont les révélations sont présentées dans le rapport du Pentagone, ne comprennent pas non plus pourquoi les 12 militaires reconnus responsables du bombardement de l’hôpital de l’ONG Médecins sans frontière (MSF) à Kunduz n’ont écopé que de sanctions administratives.
«"Jusqu'où voulez-vous aller?" n’est pas une réponse appropriée à "Jusqu'où voulez-vous que nous allions ?"», avait confié à Reuters un membre des forces spéciales américaines après les frappes contre l’hôpital de MSF à Kunduz.
Les coupables du bombardement de l’hôpital #MSF à #Kunduz auraient été punis symboliquement https://t.co/y9dyLGuHzupic.twitter.com/6QSSRK93cK
— RT France (@RTenfrancais) 17 mars 2016
Le 3 octobre 2015, un avion des forces spéciales américaines avait mené des frappes meurtrières sur un hôpital, administré par MSF, alors que les forces afghanes tentaient de reprendre le contrôle de Kunduz, ville stratégique à l'époque aux mains des talibans. L’incident a tué 42 personnes parmi le personnel de l’hôpital, ses patients et des membres de leurs familles. 43 blessés ont en outre été répertoriés après cette méprise.
Le commandement de l’armée de l’air américain avait affirmé à l’époque que la frappe avait été effectuée suivant les descriptions faites par une équipe au sol, comprenant des soldats américains et des membres des forces spéciales afghanes luttant contre les Talibans. Le logiciel de ciblage aurait alors identifié l’hôpital comme une base talibane.
Pourtant, les médecins qui ont survécu déclarent qu’ils avaient signalé aux Américains qu’ils se trompaient de cible, sans pour autant que les frappes s’interrompent. C’est ce qui permet à certains de prétendre qu’il ne s’agit pas d’une erreur mais d’un véritable crime de guerre.