«Pas trop efficace» : la Pologne dissout le Conseil de lutte contre la discrimination raciale
- Avec AFP
La Pologne a dissous le Conseil national de lutte contre la discrimination raciale, a indiqué le porte-parole du cabinet Rafal Bochenek, une décision aussitôt critiquée par l'opposition et l'ombudsman, inquiets de la montée des actes racistes.
«Le Conseil ne s'est pas montré trop efficace. Il comptait de nombreux sous-secrétaires, vice-ministres», a déclaré le 4 mai Rafal Bochenek, soulignant que ses compétences avaient été transférées à un délégué du gouvernement à la société civique et aux égalités qui, selon lui, sera «plus efficace».
Ce conseil apparu il y a trois ans sous le gouvernement libéral de la Plateforme Civique (PO) «fut une sorte d'invention de [son chef] Donald Tusk», a-t-il ajouté.
L'opposition et l'ombudsman polonais Adam Bodnar ont aussitôt critiqué sa suppression, décrétée discrètement la semaine dernière, affirmant que la Pologne avait encore plus besoin de ce Conseil avec l'accroissement du nombre d'actes racistes signalés ces dernières années et en particulier depuis le début de la crise migratoire.
«Dommage. Ce Conseil est absolument indispensable surtout face à la montée en Pologne d'actes de haine raciale et de xénophobie», a déclaré à l'AFP Adam Bodnar.
Selon l'ombudsman, il y a «un lien direct» entre la crise migratoire qui touche l'Union européenne depuis un an et la hausse des cas de haine raciale et de violences en Pologne. «Les craintes formulées par certains partis politiques à propos des réfugiés ont alimenté des commentaires racistes sur internet, sans que vienne une condamnation ferme» de la part de principaux acteurs de la vie publique, a-t-il ajouté.
Selon les données du parquet, en 2015 plus de 1 500 procédures pénales étaient en cours dans des affaires de discrimination et de haine raciale contre seulement une soixantaine en 2009.
La justice enquête notamment sur un acte antisémite à Wroclaw, dans le sud-ouest du pays, où un mannequin censé représenter un Juif a été brûlé en novembre, soulevant une vague d'émotion en Pologne.
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