Ex-commissaire européen : l’Occident n’obligera pas la Russie à rendre la Crimée

Dans une interview pour Deutsche Welle, l’ex-commissaire européen Günter Verheugen a confié que l’Occident n’avait pas l’intention de pousser la Russie à rendre la Crimée car il ne voulait pas de nouveaux conflits.
«Il est probable que les hommes politiques occidentaux n’aient pas l’intention d’obliger la Russie à rendre la Crimée. Il est évident que cela ne sera pas possible sans utiliser la force militaire. Et comme personne ne veut d’intervention militaire, la situation est assez évidente à comprendre», a souligné l’ex-commissaire de l’UE.
Sur la question de la levée des sanctions, Günter Verheugen a assuré que les négociations pourront évoluer en cas de stabilisation de la situation en Ukraine, ajoutant que la normalisation des relations entre l’Europe et la Russe n’est pas du tout liée au sort de la Crimée.
En savoir plus : Alexeï Pouchkov évoquera la levée des sanctions avec les ambassadeurs européens
Selon lui, la Russie et l’Occident doivent créer un espace économique conjoint. Dans trente ans, le monde consistera de cinq ou six «superpuissances» plus fortes que l’UE, c'est pourquoi la Russie et l’Europe ont besoin de réunir toutes leurs capacités et toutes les ressources, indique Günter Verheugen. Cependant, il a souligné que pour coopérer avec l’UE, la Russie doit se moderniser, sans préciser en quoi cette modernisation doit consister.
La Russie, quoi qu'il en soit, est un partenaire important et fort et représente une partie inhérente de l’Europe, note Günter Verheugen. «Nous avons besoin de la Russie et la Russie a besoin de nous», souligne-t-il à la fin de l’interview.

Cependant, la reconnaissance de facto du rattachement de la Crimée à Fédération russe ne suffira pas à normaliser les relations Russie-Occident. En effet, la plupart des puissances occidentales n'excluent pas la prolongation des sanctions en juin prochain. Les sanctions resteront imposées sur la Russie jusqu’à ce que le conflit avec l’Ukraine ne soit pas résolu, ont annoncés les ministres des Affaires étrangères du G7 à Lübeck au cours de leur réunion du 15 avril. De plus, l'activité croissante de l'OTAN aux frontières de la Russie ne peut être perçue autrement par Moscou que comme une menace pour sa sécurité nationale.
En savoir plus : Fédérica Mogherini : l’Europe n’est pas intéressée par l’isolation de la Russie
En ce qui concerne le conflit ukrainien, la Russie, conformément aux accords de Minsk-2, continue à appeler les deux parties à un dialogue direct et à respecter toutes les étapes de règlement politique du conflit. Le blocus économique et social par lequel Kiev essaie actuellement d'étouffer le Donbass, aux yeux des reponsables russes, ne fait qu'empirer la situation. Selon le président russe Vladimir Poutine, la Russie fait tout son possible pour résoudre le conflit et voit le problème essentiel dans les différentes pressions exercées par Kiev dans le but de faire échouer les accords de Minsk-2.
L’UE et les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre la Russie au printemps dernier après le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie et le début de la guerre civile dans l’est de l’Ukraine. Les Occidentaux entendaient ainsi protester contre le soutien présumé de la Russie aux milices des républiques de Donetsk et Lougansk à l'origine de l'insurrection dans l'est du pays contre les autorités putschistes post-Maïdan. La Russie, cependant, n'a pas cessé de nier toute activité militaire sur le territoire ukrainien et continue à souligner que ses accusateurs n'ont aucune preuve tangible.