Poutine «pas complétement idiot», «show de merde en Libye» : confessions de Barack Obama
Dans une longue interview accordée à The Atlantic, le président américain parle de politique étrangère. L’occasion immanquable de rabaisser la Russie et son leader mais aussi… la France.
Une assurance à la limite de l’arrogance diront certains. L’actuel occupant de la Maison Blanche s’est évertué à expliquer sa doctrine en matière de politique étrangère au site The Atlantic. Il en a profité pour placer une nouvelle fois les Etats-Unis – «la nation exceptionnelle» – au-dessus de la mêlée. Obama n’hésite pas à fustiger ce qu’il considère comme une Russie impuissante et à évoquer la vantardise bien utile d’un Nicolas Sarkozy.
«Poutine ne me fait pas attendre comme les autres»
Au sujet de ses relations avec son homologue russe Vladimir Poutine, il crée la surprise, les décrivant d'une manière qui correspond assez peu à la perception qu'on s'en fait généralement. «La vérité c’est qu’en fait, Poutine, dans tous nos meetings, est très poli, franc. Il ne me fait pas attendre deux heures comme il peut le faire à d’autres types.»
«La Russie n’est pas un joueur de l’arène internationale»
Une douce entrée en matière avant d’attaquer et de décerner au président russe le qualificatif de «pas complètement idiot.» Le dirigeant américain explique ainsi qu'«il [Poutine] comprend que la position de la Russie dans le monde a été abîmée de manière significative. Qu’il envahisse la Crimée ou essaye de soutenir Assad ne fait pas soudainement de lui un joueur important.»
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— Sergey Elkin (@Sergey_Elkin) 11 марта 2016 г.
Raillant le rôle de la Russie dans la diplomatie internationale, Barack Obama a pu dire qu’«aucune réunion du G20 ne se passait pas avec les Russes définissant les questions qui comptent».
Le «show de merde» en Libye est la faute des Européens
En évoquant la situation en Libye, le président américain a estimé qu’il s’agissait là d’un «show de merde», moins lié à l’incompétence des Etats-Unis qu’à la passivité des alliés américains et à la puissance tenace du tribalisme.
«Quand je regarde en arrière et me demande ce qui a fait défaut, il y a de quoi critiquer car j’avais plus foi en les Européens, compte-tenu de leur proximité avec la Libye, pour s’investir dans la reconstruction du pays», a avoué le président.
Selon lui, que Nicolas Sarkozy ait perdu son poste de président un an après l’intervention et que le premier ministre britannique David Cameron ait été «distrait par d’autres problèmes», voilà des éléments à l’origine du chaos dans le pays.
Sarkozy sous les projecteurs
Il a aussi évoqué l’espèce de «marché» passé avec la France concernant l’intervention armée contre le dirigent libyen Mouammar Kadhafi : «Sarkozy voulait avoir tout le crédit de la campagne aérienne même si c’est nous qui avons détruit les défenses aériennes et mis en place les infrastructures.»
Un désir d’être mis sous les projecteurs qui a rendu les choses «moins chers et moins risquées pour les Etats-Unis», selon Obama. En d’autres termes, le président américain a utilisé la vantardise de Nicolas Sarkozy pour obtenir ce qu’il voulait à moindre coût.
Washington, oubliant ses intérêts, «sauve des vies»
Après avoir rejeté toute responsabilité des exceptionnels Etats-Unis dans l'actuel chaos qui règne en Libye, et à la question de savoir si ces années au pouvoir l’avait finalement fait aller - ne serait-ce qu'un peu - vers l’interventionnisme, le président américain s'est montré absolument convaincu que la Maison Blanche n'a agi que pour de bonnes raisons.
«Malgré tous leurs défauts, les Etats-Unis ont clairement été une force du bien dans le monde», a-t-il fait savoir. «Si vous nous comparez aux superpouvoirs qui ont précédé, nous agissons moins en function de nos intérêts personnels et sommes intéressés dans l’établissement de normes qui profitent à tous. S’il est possible de faire le bien pour à un coût supportable, de sauver des vies, nous le ferons.»
Voilà comment Barack Obama voit le monde – #longread de @TheAtlantichttps://t.co/7fGS3xZCmnpic.twitter.com/OZxQyCklEa
— Reader (@readerfr) 10 mars 2016