La 1er numéro en turc de Zaman après sa nationalisation publie en Une un Erdogan tout sourire
La politique éditoriale du journal turc Zaman, tant critiquée par le gouvernement, semble avoir changé. L’édition du 6 mars, réalisée par la nouvelle équipe nommée par la justice, soutient la ligne officielle.
La photo du président Recep Tayyip Erdogan tout sourire fait la Une de l’édition turque de Zaman datée du 6 mars. On y annonce la réception présidentielle qui aura lieu à l’occasion de la Journée internationale de la femme. Un coûteux projet gouvernemental de construction d’un nouveau pont enjambant le Bosphore est lui aussi mis à la Une du journal, ainsi qu'un l’article sur les funérailles des «martyrs» tués dans les affrontements avec les Kurdes.
Zaman, killed on Friday, wakes up on Sunday as a pro-government zombie pic.twitter.com/E7dqotT3CS
— Piotr Zalewski (@p_zalewski) 6 mars 2016
Plus d’articles nettement en faveur du gouvernement peuvent être lus en pages intérieures du journal dont le tirage est évalué à 650 000 exemplaires. L’édition du 6 mars ne fait que 12 pages, la version la plus mince du journal.
Les manifestations qui ont éclaté après la saisie du siège de Zaman à Istanbul par le gouvernement ont été passées sous silence. La police a utilisé du gaz lacrymogène, des canons à eau et des balles en caoutchouc pour disperser tous les défenseurs et lecteurs de Zaman, ou autres partisans de la liberté d’expression en Turquie.
La police a également perquisitionné le bâtiment de Zaman. Le rédacteur en chef du journal Abdulhamit Bilici a été licencié.
«L’édition de dimanche n’a pas été produite par l’équipe de Zaman», a confié un journaliste à l’AFP en ajoutant qu’«internet avait été coupé, nous ne sommes pas à même d’utiliser notre système.»
Front page of last free @todayszamancom before it is seized by the government in Turkey #ZamanSusturulamazpic.twitter.com/cT2kCOyfv3
— Sevgi Akarcesme (@SevgiAkarcesme) 4 mars 2016
«C’est impossible de continuer à travailler chez Zaman, parce que les administrateurs désignés par le gouvernement nous licencieront dans quelques jours. Nous serons tous licenciés du journal. Mais s’ils ne le font pas, nous démissionerons, bien sûr, parce qu’il est impossible de travailler avec le gouvernement - nous n’écrirons pas ce qu’ils veulent», a confié à RT Emre Soncan, journaliste de la versions anglaise de Zaman.
Zaman newspaper is under police attack in Turkey. @washingtonpost@WSJ@BBC@lemondefr@Reuters@nytimes@CNNpic.twitter.com/4Maz1VZZAO
— Keçecizade Fuat (@kececifuat) 4 mars 2016
Le site de Zaman est hors ligne, les services en ligne de Zaman n’ont pas été mis à jour depuis le 5 mars. Selon des médias locaux, l’ancienne équipe de Zaman a lancé son propre journal «Yarina Bakis» («Regardez le futur»). Les journalistes ont décidé de garder leur politique éditoriale. Ce nouveau journal a traité des manifestation qui ont eu lieu ce week-end à Istanbul.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a démenti cependant tous les liens entre la saisie gouvernementale du journal et les changements de sa politique éditoriale.