Pour Erdogan, évoquer l'autonomie des régions kurdes constitue un crime constitutionnel
Le président turc a déclaré soutenir la commission chargée d'examiner la levée de l'immunité parlementaire de deux députés poursuivis pour crime constitutionnel au motif qu'ils ont évoqué une autonomie pour les régions kurdes.
Une semaine après l'appel de groupes kurdes à une plus large autonomie de leur région, un procureur turc a ouvert une enquête sur Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, tous deux à la tête de la formation politique pro-kurde du parti démocratique des peuples (HDP). Cette procédure, mise en place le 3 janvier, intervient au lendemain d'une déclaration de Recep Tayyip Erdogan qui a ouvertement soutenu à la décision d'engager des poursuites criminelles à l'encontre des deux leaders kurdes. «Les déclarations des dirigeants du HDP sont des crimes constitutionnels. Il y a des enquêtes ouvertes par les procureurs contre eux. Ceux-ci devraient être suivis», a-t-il déclaré aux journalistes du journal Hürriyet. Il a en outre affirmé qu'ils devaient «payer» pour leur remarques en faveur d'une plus grande autonomie pour les Kurdes.
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De son côté, Selahattin Demirtas a répondu aux propos du président Erdogan en ironisant, estimant que celui-ci «rendait des verdicts comme la Cour suprême», rapporte l'agence Dogan. Des maires de villes kurdes sont également poursuivis pour les mêmes chefs d'accusation. Une vingtaine d'entre-eux sont actuellement en détention provisoire. Cette tension sur le plan politique est ravivée alors que les combats entre l'armée turque et les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) ont repris cet été. Considérés par Ankara comme des terroristes, 3 000 d'entre-eux auraient été éliminés l'année dernière, selon un dernier bilan dressé jeudi par le dirigeant turc.
Cette situation sécuritaire suscite néanmoins de vives inquiétudes sur le sort des populations résidant dans les zones de combat. Selon le HDP, près de 1 000 personnes ont été piégées dans le district de la province de Zap Silopi, dans le sud-est du pays. Des tirs de chars les ont contraintes à s'abriter dans les caves de leurs maisons.