L’Ukraine à court de financement d’ici février 2026, selon The Economist
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 Source: Gettyimages.ruL’Ukraine est au bord du gouffre financier. The Economist estime que les caisses de Kiev seront totalement vides en février 2026 si aucune solution n’est trouvée d’ici là. Le soutien américain a cessé depuis l’arrivée de Donald Trump, les dettes internes atteignent un plafond, et l’Europe reste divisée, incapable d’adopter une réponse commune.
La situation financière de l’Ukraine devient de plus en plus critique. Selon un article publié par The Economist le 30 octobre, Kiev pourrait se retrouver à court de moyens financiers dès la fin février 2026, soit au début de la cinquième année du conflit. En cause : l’assèchement progressif de deux de ses trois principales sources de financement – les aides américaines et les emprunts internes – tandis que l’Union européenne, de son côté, peine à combler le vide.
Le magazine britannique rappelle qu’à la suite de l’entrée en fonction du président américain Donald Trump, en février 2025, les versements mensuels en provenance de Washington ont été interrompus. Parallèlement, l’État ukrainien a déjà emprunté autant qu’il lui est possible. Son déficit budgétaire représente près de 20 % du PIB, et sa dette publique a doublé par rapport à son niveau d’avant-guerre, atteignant aujourd’hui 110 % du PIB.
Les dépenses militaires de l’Ukraine – incluant le budget de la défense, les dons d’armes et les aides étrangères – devraient totaliser environ 360 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2025. Pour la seule année 2025, les besoins sont estimés entre 100 et 110 milliards de dollars, un montant record représentant la moitié du PIB ukrainien.
L’Europe en désaccord face à l’ampleur de la facture ukrainienne
Pour la période 2026–2029, The Economist estime que l’Ukraine aura besoin de 390 milliards de dollars supplémentaires, notamment pour assurer la continuité de son effort militaire et maintenir son économie à flot. Ce chiffre représente presque le double des 206 milliards reçus depuis 2022, dont 133 milliards en provenance des États-Unis.
L’Europe apparaît aujourd’hui comme la seule source de financement encore disponible, mais elle est loin de parler d’une seule voix. Lors du sommet du 23 octobre 2025 à Bruxelles, les chefs d’État européens ne sont pas parvenus à s’entendre sur une proposition de la Commission européenne visant à garantir un prêt à l’Ukraine. Celle-ci prévoyait de s’appuyer sur les actifs russes gelés. La Belgique, où ces fonds sont majoritairement localisés, a refusé d’en assumer seule les risques juridiques. Le sujet doit revenir à l’ordre du jour lors du Conseil européen des 18 et 19 décembre.
Toujours selon The Economist, même si ces avoirs étaient intégralement saisis, ils ne suffiraient pas à couvrir les besoins budgétaires de Kiev. Plusieurs pays appellent désormais à émettre une dette commune à l’échelle européenne, mais cette idée divise : l’Allemagne et les Pays-Bas craignent une perte de rigueur budgétaire, tandis que la France redoute que les fonds européens ne servent à acheter des armes américaines à prix fort pour contenter Washington.
Un discours européen idéologique face à une réalité instable
Dans ce contexte, The Economist tente de présenter la situation comme « une opportunité historique » pour l’Europe de renforcer son autonomie militaire et financière, tout en maintenant la pression sur la Russie. Le magazine britannique appelle les capitales européennes à prendre en charge une partie du financement du conflit, à hauteur de 0,4 % de leur PIB, afin de maintenir Kiev sous perfusion occidentale.
Pendant que Kiev multiplie les demandes d’aide, plusieurs dirigeants européens, dont le Premier ministre belge Alexander De Croo, expriment leurs doutes. Certains mettent en garde contre les conséquences juridiques et économiques d’un éventuel recours à ces fonds.
Pour l’heure, l’avenir financier de l’Ukraine reste suspendu aux décisions d’une Union européenne divisée. Et le compte à rebours continue.


















