Tensions franco-algériennes : Alger dénonce «le chantage aux visas» de Paris

La diplomatie algérienne a convoqué, le 27 août, le chargé d’affaires français à Alger, après un communiqué jugé «inacceptable» de l’ambassade de France annonçant une réduction des rendez-vous pour les demandes de visas.
Le chargé d’affaires français à Alger a été convoqué le 27 août au ministère algérien des Affaires étrangères, a annoncé ce dernier dans un communiqué. « L’attention du diplomate français a été fermement attirée sur le grave manquement aux usages diplomatiques, les plus solidement établis », en référence à un communiqué diffusé la veille par l’ambassade de France à Alger.
Le communiqué annonçait une « réduction significative » des effectifs diplomatiques français en Algérie, au motif que le ministère algérien des Affaires étrangères n’avait pas donné suite à la plupart des demandes de visas d’accréditation. « Tant que durera cette situation, le nombre de rendez-vous disponibles auprès de notre prestataire Capago, chargé de recevoir les demandes de visas instruites par nos consulats, devra donc être réduit afin de maintenir la délivrance des visas dans des délais aussi raisonnables que possible », ajoutait le document.
Le chargé d’affaires français s’est vu indiquer que, « par sa forme autant que par son fond, ce communiqué était inacceptable », a poursuivi la diplomatie algérienne, accusant Paris de présenter les faits de manière « tendancieuse » et de s’adresser « directement à l’opinion publique algérienne pour lui imputer une prétendue responsabilité exclusive et entière du ministère des Affaires étrangères dans la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie ».
« Le chantage aux visas continue de la part du gouvernement français »
« La non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie est intervenue bien après une décision française similaire et après épuisement, à l’initiative de la partie algérienne, de toutes les possibilités de règlement de ce différend à la satisfaction des deux pays », a ajouté le ministère algérien des Affaires étrangères, invoquant le principe de réciprocité et pointant du doigt le refus d’accréditation de chefs de poste et d’agents consulaires algériens en France depuis plus de deux ans.
« Le ministère des Affaires étrangères observe que le chantage aux visas continue de la part du gouvernement français », peut-on encore lire dans le communiqué.
Cette nouvelle passe d’armes entre Paris et Alger intervient quelques semaines après que les autorités algériennes ont mis fin aux conditions avantageuses dont bénéficiait depuis plus de six décennies l’ambassade de France sur un vaste patrimoine immobilier « appartenant à l’État algérien ». Ces avantages ont été levés dans la foulée de la publication, dans Le Figaro, d’une lettre du président français Emmanuel Macron appelant son Premier ministre François Bayrou à « agir avec plus de fermeté et de détermination » à l’égard d’Alger.
Quelques jours plus tôt, fin juillet, des agents de l’ambassade algérienne à Paris s’étaient vus interdire l’accès aux zones réservées des aéroports pour récupérer les valises diplomatiques. Une mesure qui avait d’ailleurs valu une convocation du chargé d’affaires français « afin de lui demander des clarifications ». Deux jours plus tard, au nom du principe de réciprocité, le ministère algérien des Affaires étrangères avait annoncé retirer à l’ambassade de France ses accès privilégiés aux ports et aéroports algériens pour l’acheminement de ses valises diplomatiques.
Le torchon brûle entre Alger et Paris depuis la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître la marocanité du Sahara occidental, dans une lettre adressée en juillet 2024 au roi du Maroc, Mohamed VI.