Sahara occidental : Paris et Washington misent sur l’autonomie marocaine, Alger reste fidèle au référendum

La question du Sahara occidental revient au premier plan de la diplomatie internationale. Alors que la France et les États-Unis appuient de plus en plus ouvertement le plan d’autonomie marocain, Alger continue de défendre le référendum d’autodétermination. Une évolution du mandat onusien pourrait être soumise au vote dès octobre.
Depuis plusieurs mois, la question saharienne connaît une nouvelle dynamique. La visite de l’émissaire américain Massad Boulos, les propos conciliants de Mohammed VI à l’égard de l’Algérie dans son discours du Trône, ainsi que les signaux envoyés par Washington ont replacé le dossier parmi les priorités des chancelleries.
Les États-Unis, qui envisagent de requalifier le Front Polisario et d’accroître leurs investissements régionaux, et la France, qui coordonne étroitement avec Rabat, militent pour une évolution du cadre onusien.
Créée en 1991, la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) devait organiser un référendum d’autodétermination, jamais concrétisé en raison des blocages persistants.
Remplacer la Minurso !
Pour la première fois depuis trente ans, un projet alternatif est sur la table : remplacer cette mission par la Mansaso (Mission d’assistance des Nations unies à la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara occidental), chargée non plus de préparer un scrutin, mais d’accompagner une autonomie sous souveraineté marocaine.
Si cette réforme était adoptée, Rabat obtiendrait une reconnaissance diplomatique majeure de son plan, avec la perspective de voir le Sahara sortir de la liste des « territoires non autonomes ».
L’Algérie et le Polisario s’y opposent fermement. Le président Abdelmadjid Tebboune réaffirme son attachement au référendum, tandis que Brahim Ghali demande un élargissement du mandat onusien à la surveillance des droits humains. À Alger, cette évolution est perçue comme une remise en cause directe du droit des Sahraouis à l’autodétermination.
Repositionnement de LFI
En France, un autre élément a surpris : le repositionnement de La France insoumise, qui a adopté récemment une approche plus nuancée. Longtemps favorable au Polisario, le mouvement a désormais reconnu les avancées du Maroc et évoqué l’autonomie comme une option réaliste. Une évolution qui a provoqué de vives réactions en Algérie et sur les réseaux sociaux, où certains y voient une manœuvre électorale à l’approche des échéances françaises de 2027.
Le calendrier s’annonce décisif. En octobre, le Conseil de sécurité devra se prononcer sur le renouvellement du mandat onusien. Trois membres permanents – Washington, Paris et Londres – soutiennent Rabat, tandis que la Russie et la Chine pourraient s’abstenir. Rabat espère rallier une majorité suffisante parmi les membres non permanents pour faire adopter la réforme. Si tel était le cas, ce serait une rupture historique : l’option référendaire serait écartée au profit de l’autonomie, consacrant une nouvelle lecture du dossier saharien sur la scène internationale.