Sanctions : Bruxelles planche sur un plafonnement flottant du prix du pétrole russe

Alors que Bruxelles apprête son 18e lot de sanctions contre la Russie, la Commission européenne a proposé un plafonnement flottant des prix du pétrole russe. Plusieurs États membres seraient inquiets de l’impact de cette mesure sur leur secteur maritime. Moscou assure avoir «une solide expérience» dans la gestion «de telles actions à courte vue».
Soumettre le pétrole russe à un plafonnement « flottant » de son prix : tel est l’objectif de Bruxelles, a rapporté le 11 juillet Bloomberg confirmant une information de Reuters parue la veille.
Actuellement fixé à 60 dollars le baril, l’UE entend abaisser ce seuil tout en s’assurant qu’il resterait sous les cours mondiaux de l’or noir en le révisant « automatiquement tous les trois mois en fonction des prix du marché », a relaté l’agence américaine citant des sources anonymes concernant ces « délibérations non publiques ». Ce nouveau plafond serait ainsi fixé à 15% en dessous des cours moyens du marché du brut au cours des dix semaines précédentes.
« Nous avons accumulé une solide expérience dans la minimisation des conséquences de telles actions à courte vue », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Ces mêmes sources ont néanmoins précisé qu’« aucune décision finale n'avait encore été prise », les sanctions nécessitant le soutien unanime des 27 États membres. Ce projet d’abaissement du plafond du prix de vente du pétrole russe avait été proposé le 10 juin par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « Les exportations de pétrole représentent toujours un tiers des revenus de la Russie. Nous devons réduire cette source de revenus », avait-elle déclaré devant la presse.
Ce prochain « ensemble » de sanctions européennes contre Moscou — le 18e depuis la reconnaissance par la Russie des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk en février 2022 — est actuellement bloqué par la Slovaquie qui, relate Bloomberg, « cherche à obtenir des concessions sur le projet de l'UE visant à éliminer progressivement le gaz russe ».
Secteur maritime : plusieurs États membres redoutent des délocalisations hors UE
Une volonté de persévérer sur la voie des sanctions qu’a récemment réitérée le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot. « En coordination avec les efforts menés par les sénateurs américains, l’Europe s’apprête à prendre — sur des propositions françaises —, les sanctions les plus lourdes que nous ayons pris depuis trois ans », avait-il affirmé le 7 juillet, mettant en avant des sanctions qui « visent les recettes pétrolières, mais aussi les acteurs financiers russes ou […] dans d’autres pays qui permettent à la Russie de se soustraire à nos sanctions ».
Concernant les sanctions qui pourraient venir de Washington, Politico rapportait le 10 juillet que le président américain Donald Trump était « prêt à signer » le projet de loi que « les faucons républicains défendent depuis des mois ». Projet de loi qui pourrait se traduire par l’imposition de frais de douanes de 500% sur les produits importés de pays achetant des hydrocarbures ou de l’uranium à la Russie.
Du côté des sources Bloomberg, celles-ci affirment que la Grèce, Malte et Chypre ont « constitué un obstacle » à ces nouvelles sanctions en préparation à Bruxelles contre le secteur pétrolier russe, mais seraient « ouverte à cette idée ». De son côté, Reuters précise que la réticence de ces trois États membres est motivée par la « perte potentielle d'activité pour leurs secteurs maritimes » et qu’ils « craignent que les armateurs puissent délocaliser leurs opérations en dehors de l'UE ».