La reconstruction de la Syrie : un chantier colossal amorcé, selon le président

Ahmed al-Chareh annonce le début de la reconstruction syrienne, estimée entre 150 et 400 milliards de dollars, pour rebâtir les infrastructures et redresser l'économie. Les projets incluent de nouveaux logements et réseaux électriques, mais la levée des sanctions et la stabilité politique restent cruciales.
Le 27 mai 2025, lors d’une visite à Alep, le président intérimaire syrien, Ahmed al-Chareh, a proclamé que la reconstruction venait de commencer, appelant son peuple à l’unité pour rebâtir un pays dévasté par 14 ans de guerre civile.
Depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024, la Syrie fait face à des défis économiques et sociaux immenses. Le PIB par habitant a chuté de 3 000 dollars en 2011 à 400 dollars en 2021, avec 90 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Les infrastructures, de l’électricité à l’eau potable, sont en ruines, et des villes entières, comme Alep, nécessitent une reconstruction quasi totale.
Une reconstruction qui va prendre du temps
Les estimations du coût de la reconstruction varient entre 150 et 400 milliards de dollars, selon des analyses économiques, certains experts évoquant jusqu’à 1 000 milliards. La Banque mondiale évalue les pertes à 327,5 milliards, dont 227 milliards de PIB perdu et 100 milliards pour les infrastructures détruites. Parmi les projets prioritaires, la reconstruction du réseau électrique, des écoles, des hôpitaux et des logements est essentielle.
À Alep, autrefois capitale économique, des initiatives locales visent à relancer le commerce, mais les financements manquent. Le gouvernement transitoire mise sur la levée des sanctions internationales pour attirer des investissements. L’Europe, menée par la France, envisage aussi une suspension temporaire des sanctions dans les secteurs de l’énergie et des transports.
Des projets concrets émergent, comme à Damas, où la holding privée « Damascus Cham » planifie 12 000 logements haut de gamme, bien que beaucoup restent invendus. À Homs, le quartier de Baba Amr doit accueillir 465 parcelles résidentielles, des écoles et des espaces verts. Cependant, des obstacles subsistent : 70 % de l’économie repose sur des marchés informels, et les ressources naturelles sont insuffisantes.
La dépendance aux investisseurs étrangers, notamment des pays du Golfe, de la Chine ou de la Russie, suscite des craintes de projets privilégiant des centres commerciaux au détriment des besoins de base. Les violences intercommunautaires et les incursions israéliennes compliquent davantage la stabilisation.