Âge minimum sur les réseaux sociaux: Paris et Madrid exigeraient une surveillance renforcée

La France, l’Espagne et la Grèce voudraient imposer un seuil d’âge strict pour accéder aux réseaux sociaux. Leur proposition, centrée sur une vérification obligatoire de l’âge et des restrictions, devrait être soumise à l’UE. Selon Bloomberg, cette mesure vise à réduire l’impact jugé nocif des plateformes sur la santé mentale des jeunes.
Les gouvernements de la France, de l’Espagne et de la Grèce s’apprêteraient à soumettre une initiative commune visant à imposer un contrôle obligatoire de l’âge pour accéder aux réseaux sociaux. Selon un article publié par Bloomberg ce 15 mai, cette proposition sera officiellement présentée lors d’une réunion des ministres européens du numérique prévue le 6 juin.
Le principe central de cette mesure serait simple : tout appareil connecté à Internet devrait embarquer une technologie de vérification de l’âge. Les grandes plateformes comme Facebook, Instagram (Meta), TikTok, X (ex-Twitter) ou encore Snapchat seraient directement visées. Les autorités réclameraient également que les réseaux sociaux adaptent leur design à l’âge de l’utilisateur et suppriment les fonctionnalités jugées trop attractives, comme les vidéos qui se lancent automatiquement ou les contenus personnalisés.
Macron et Sanchez plaident pour une «protection des enfants»
Le président français Emmanuel Macron a affirmé le 13 mai lors d’une intervention sur TF1 : « Il faut protéger nos enfants. Il est prouvé que les réseaux sociaux sont une des causes des souffrances et des troubles de santé mentale ». De son côté, la ministre du Numérique Clara Chappaz a expliqué que la France allait tenter de rallier les pays européens en trois mois à cette ligne dure. Sans quoi, des mesures nationales pourraient être adoptées. Selon elle, « les réseaux sociaux, avant 15 ans, c’est non ».
En Espagne, le Premier ministre Pedro Sanchez pousse également dans ce sens. Lors du Forum de Davos au début de l'année 2025, il a déclaré : « Un identifiant réel pour chaque utilisateur de réseau social, c’est la seule garantie pour empêcher les mineurs d’accéder à des contenus inadaptés ». Il a comparé les réseaux à « un océan », appelant à leur encadrement strict.
Un modèle inspiré de l’Australie, rejeté par les États-Unis
Plusieurs pays s’inspirent de l’exemple australien. En novembre 2024, Canberra a interdit l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 16 ans, une première mondiale. L’Espagne a déjà préparé des recommandations similaires, et en France, Gabriel Attal avait défendu une interdiction avant 15 ans, avec blocage nocturne.
Mais l’application de telles mesures reste floue. Bloomberg souligne qu’« il n’existe pas aujourd’hui de mécanismes fiables et généralisés de vérification de l’âge ». C’est pourquoi les trois États veulent s’appuyer sur le poids du marché européen et ses 450 millions de consommateurs, pour forcer les entreprises à coopérer sur ce sujet.
Cette démarche européenne pourrait toutefois provoquer une nouvelle confrontation avec les États-Unis. D’après Bloomberg, l’administration Trump, alliée à des figures de la tech comme Elon Musk et Mark Zuckerberg, s’opposerait à ce type de régulation, voyant dans ces tentatives une entrave au libre marché et une menace directe pour ses entreprises.
Dans cette confrontation numérique, Paris, Madrid et Athènes prennent le parti de la régulation pour les plus jeunes, là où Washington défend les intérêts de ses géants technologiques. Une ligne de fracture claire entre l’Europe en crise d’identité dans le secteur du numérique, et les États-Unis très protecteurs de leurs multinationales.