Liban : le Hezbollah contraint de s’aligner sur Washington

Naïm Qassem déclare que le Hezbollah soutient le gouvernement pro-américain de Joseph Aoun, marquant un alignement stratégique face à sa faiblesse militaire et politique. Cet appui tactique vise à sécuriser la reconstruction et l’unité nationale. Le parti chiite navigue entre pressions internationales et préservation de son influence.
Le 12 mai 2025, Naïm Qassem, secrétaire général du Hezbollah, a surpris en déclarant que le mandat du président libanais Joseph Aoun « est porteur d’espérance » et que le parti chiite, affaibli, s’inscrit dans cette nouvelle ère.
Cette prise de position, exprimée lors d’un discours télévisé, marque un tournant pour le Hezbollah, contraint de s’aligner sur un gouvernement perçu comme dépendant des États-Unis. Élu en janvier 2025, Joseph Aoun, ex-commandant de l’armée libanaise, bénéficie du soutien de Washington, qui finance et entraîne l’armée libanaise.
Changement de stratégie pour le Hezbollah
Ce rapprochement tactique du Hezbollah reflète sa fragilité après des revers militaires face à Israël en 2024 et la chute de son allié syrien, Bachar el-Assad. Les déclarations de Naïm Qassem soulignent une volonté de coopération avec le gouvernement Aoun, notamment pour la reconstruction post-guerre et la stabilisation économique. « Nous avons contribué à l’élection du président, prouvant notre engagement pour l’unité », a-t-il affirmé, insistant sur des priorités telles que stopper les actions israéliennes et relancer l’économie.
Cette rhétorique contraste avec les tensions antérieures, lorsque Naïm Qassem menaçait de résister à toute tentative de désarmement. En avril, il avait déclaré : « Personne ne désarmera la résistance tant qu’Israël occupe le Sud. » Mais la perte de son arsenal, de ses dirigeants (dont Hassan Nasrallah) et de sa voie d’approvisionnement via la Syrie a forcé le Hezbollah à revoir sa stratégie.
Le gouvernement Aoun, appuyé par les États-Unis et l’Arabie saoudite, pousse pour un monopole étatique des armes, conformément aux résolutions 1559 et 1701 de l’ONU. Washington exerce une pression croissante pour désarmer le Hezbollah, considéré comme une organisation terroriste.
Naïm Qassem, conscient que l’aide internationale pour reconstruire le Liban dépend de ces réformes, adopte un ton conciliant. Cependant, cette confiance affichée reste tactique : le Hezbollah cherche à préserver son influence politique dans un pays où il conserve un soutien chiite significatif.