Bruxelles planifie de retirer leur souveraineté frontalière aux membres de l’espace Schengen
Cherchant à renforcer le contrôle des frontières externes de l’UE face à la crise migratoire, un nouveau plan de la Commission vise à créer une force de garde-frontières qui pourrait être déployée sans l’accord préalable des pays concernés.
Le projet de Bruxelles, qui doit être lancé mardi par la Commission, vise à mieux superviser et traiter les nombreuses demandes d’asile que rencontre le Vieux Continent.
Et pour ce faire, la réponse proposée est radicale ; une force de 2 000 garde-côtes et garde-frontières, puisée dans l’agence de gestion frontalière européenne Frontex, pourrait être déployée en urgence, sur une décision de la Commission et sans demander l’avis des pays dont les frontières sont concernées.
Brussels plans to strip Schengen nations of authority over borders https://t.co/akZphDgNCC
— The Guardian (@guardian) 11 Décembre 2015
Si le transfert de souveraineté vers l’Union européenne devenait réalité, la mesure s’appliquerait aux 26 pays de la zone de libre-circulation de Schengen, c’est-à-dire pas à la Grande-Bretagne ni à l’Irlande. En revanche, des pays non-membres de l’Union européenne mais membres de la zone comme la Norvège ou la Suisse seraient également concernés.
Le plan européen vise à contrôler les frontières extérieures de l’espace Schengen, et affecterait donc très peu les pays enclavés dans celui-ci. Dans la pratique, il s’adressait donc plutôt à des pays comme la Grèce ou l’Italie, portes d’entrées principales pour de nombreux réfugiés qui cherchent à rejoindre l’Europe en transitant par la Turquie.
Si la proposition bénéficie du soutien de poids de la France et de l’Allemagne, elle risque toutefois d’être soumise à de dures négociations, en raison de l’importance de la souveraineté frontalière aux yeux de plusieurs pays européens. En effet, pour l’instant, l'agence frontalière Frontex ne peut agir que sur demande des autorités nationales, et dépend donc de la souveraineté des Etats européens.
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Un diplomate de Bruxelles a d’ailleurs déclaré au journal britannique The Guardian que «le ministère de l’Intérieur italien est très peu réjoui à l’idée d’avoir des étrangers aux frontières de l’Italie».
La gestion de la crise migratoire sans précédent que rencontre l’Europe, met l’existence de la zone Schengen à rude épreuve, alors que différents pays, comme la Hongrie, l'Autriche ou, plus étonnamment, la Suède, n’hésitent pas à renforcer leurs frontières nationales pour se mettre à l’abri de l’afflux de réfugiés.
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