Turquie : les manifestations de soutien au maire d’Istanbul se poursuivent pour la troisième nuit consécutive

Les protestations se sont poursuivies dans la nuit du 21 mars contre l’arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu dans une mobilisation inédite depuis les contestations anti-gouvernementales de 2013. Des sources de la presse locale ont fait état de centaines d'interpellations dans la nuit.
Des milliers de manifestants se sont rendus aux abords de l’hôtel de ville et du siège de la municipalité d’Istanbul dans la soirée 21 mars pour protester contre l’arrestation du maire de la ville, Ekrem Imamoglu, survenue le 19 mars avant l’aube, dans le cadre d’enquêtes distinctes pour «corruption» et «soutien au terrorisme».
Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), principale formation d'opposition laïque dont le maire Ekrem Imamoglu est membre, a revendiqué une foule de «300 000 personnes» venue manifester devant l'hôtel de ville d'Istanbul.
Accusé avant de se porter candidat à la présidentielle
Des rapports de presse indiquent que le maire d’Istanbul a été arrêté lors d'une perquisition, et ce, quelques jours seulement avant l'annonce de sa candidature à la présidentielle de 2028 face au président actuel Recep Tayyip Erdogan. Les mêmes sources font état de l’arrestation de dizaines de personnalités, dont des journalistes, des hommes d'affaires et des membres du personnel de la municipalité d'Istanbul.
Après l’annulation de son diplôme par une université turque, en début de semaine, Ekrem Imamoglu fait actuellement l’objet de plusieurs chefs d'accusation, dont notamment les accusations de «corruption, extorsion, fraude aggravée et obtention illégale de données personnelles à des fins lucratives dans le cadre d'une organisation criminelle», ainsi qu'à des accusations distinctes de collaboration présumée avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé comme «organisation terroriste» en Turquie) durant les élections municipales.
Réactions du gouvernement
Selon le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, cité par la presse locale, «343 suspects ont été arrêtés lors des manifestations organisées dans neuf provinces» dans le cadre de l'enquête de la municipalité métropolitaine d'Istanbul.
Les appels répétés de l'opposition à manifester ont été qualifiés d'«illégaux et inacceptables» par le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç. Des appels qui auraient été lancés dans plus de 45 villes du pays, dont Izmir et la capitale Ankara, selon des sources de presse.
Pour sa part, le président Erdogan avait prévenu dans son discours du 21 mars que les autorités «ne permettraient pas que l'ordre public soit perturbé», jurant de ne pas «céder au vandalisme ou à la terreur de la rue».