Autorisation américaine de frapper en Russie : «une décision tout à fait bonne», selon Macron
En marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, le président français Emmanuel Macron a qualifié de «décision tout à fait bonne» l’autorisation des États-Unis permettant à l’Ukraine d’utiliser des missiles à longue portée dans la profondeur du territoire russe.
Emmanuel Macron a salué la décision des États-Unis d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles à longue portée, dont les ATACMS, contre des cibles situées en Russie. «C’est une décision tout à fait bonne» a déclaré le président français lors d’une déclaration à la presse à Rio de Janeiro le 18 novembre, soulignant que ce choix américain répondait à ce qu’il a décrit comme une «décision escalatoire» de la part de la Russie.
Le président français a pointé du doigt «l’engagement» présumé «des troupes nord-coréennes aux côtés de la Russie, sur ce qui est le sol européen». C'est véritablement une rupture dans cette guerre, qui a conduit à ce choix des Américains a-t-il ajouté, après avoir dépeint la Corée du nord comme «une puissance très agressive qui est engagée sur un programme nucléaire avec des missiles de très longue portée».
Ce feu vert de Washington, rapporté le 17 septembre par le New York Times, citant des responsables, n'a toutefois pas été confirmé par l'administration Biden. Jusqu'alors Washington s'était montré prudent à l’idée de permettre à Kiev d’utiliser des armes américaines à longue portée pour frapper dans la profondeur du territoire russe, par crainte d'une escalade avec Moscou.
Le soutien d'Emmanuel Macron, à ce revirement américain sur les tirs dans la profondeur du territoire russe, n’a pas été imité par tous les alliés européens. Si le Royaume-Uni pourrait emboîter le pas concernant l'emploi de ses missiles Storm Shadow, Olaf Scholz, a pour sa part réitéré son refus de fournir à Kiev des missiles de croisière Taurus d'une portée de 500 kilomètres.
Les Occidentaux «veulent une escalade», fustige Lavrov
Le Kremlin a vivement réagi par l’intermédiaire de son porte-parole, Dmitri Peskov, qualifiant ce geste de «nouvelle spirale d’escalade» et avertissant qu’il pourrait intensifier l’implication des États-Unis dans le conflit.
Ce changement de politique américaine intervient à moins de deux mois de la fin du mandat de Joe Biden. Certains analystes estiment qu’il s’agit d’une tentative d’assurer un soutien militaire à l’Ukraine avant une éventuelle inflexion sous l’administration Trump. Le président élu a affirmé à plusieurs reprises qu'il mettrait fin au conflit, tout en critiquant l'aide prodiguée à Kiev par Washington.
Ce 19 novembre, l'armée russe a déclaré avoir abattu plusieurs ATACMS dans la région de Briansk. Un évènement qui est «le signe» que les Occidentaux «veulent une escalade» a dénoncé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à l'issue du G20.
Plus tôt dans la journée, le président russe a approuvé une révision de la doctrine nucléaire du pays. Une révision annoncée en septembre, à un moment, déjà, où Kiev entendait convaincre Washington de lui octroyer son feu vert concernant ces tirs à longue portée en Russie.
Quand Vladimir Poutine laissait planer le spectre d'une réponse «asymétrique»
Egalement en septembre, le président russe avait prévenu que toute attaque sur le territoire russe, à l’aide de missiles à longue portée occidentaux, serait perçue comme une implication directe des pays de l’OTAN dans le conflit, dans la mesure où Kiev ne dispose pas des moyens pour opérer seuls de telles armes.
Début juin, alors que plusieurs pays occidentaux venaient d'autoriser Kiev à employer des missiles longue portée pour frapper sur les territoires qu'elle continue de revendiquer, Vladimir Poutine avait laissé entendre que Moscou pourrait répondre de manière «asymétrique» aux fournitures à Kiev de ces missiles en fournissant des armes similaires à des adversaires des Occidentaux.
Le soutien militaire américain reste crucial pour l’Ukraine, et s'établirait à 51,8 milliards d'euros entre janvier 2022 et le 31 août 2024 selon le décompte du think tank allemand Kiel Institute. Moscou continue de condamner fermement cette assistance armée, ainsi que celle des autres alliés occidentaux de l'Ukraine, la qualifiant de facteur prolongateur du conflit.