Offensive israélienne à Rafah : jusque-là médiateur, le Qatar appelle à prévenir un «génocide»
Le Qatar a appelé ce 8 mai la communauté internationale à agir afin d’empêcher un «génocide» à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Depuis une incursion terrestre de Tsahal, aux abords de cette ville où plus d’un million de Palestiniens se sont réfugiés, les appels internationaux se multiplient pour exhorter Israël à ne pas lancer d’offensive.
Alors que les pourparlers en vue d’une trêve se poursuivent au Caire ce 8 mai, sur fond d’offensive israélienne imminente à Rafah, la diplomatie qatarie a appelé «à une action internationale urgente qui permettrait d'empêcher que la ville ne soit envahie et qu'un crime de génocide ne soit commis».
L’émirat, médiateur dans les négociations sur une trêve entre Israël et le groupe palestinien, a dénoncé «dans les termes les plus forts» les frappes de Tsahal sur cette ville du sud de la bande de Gaza.
Statement| Qatar Strongly Condemns Bombardment of Rafah, Calls for Urgent International Action#MOFAQatarpic.twitter.com/4UVxSrYYXg
— Ministry of Foreign Affairs - Qatar (@MofaQatar_EN) May 8, 2024
Dans son communiqué, le ministère qatari des Affaires étrangères «prévient que le déplacement forcé des civils de la ville de Rafah, devenue un refuge ultime pour des centaines de milliers de personnes déplacées dans la bande de Gaza, constitue une grave violation du droit international et doublerait l'aggravation de la crise humanitaire dans la bande assiégée».
Offensive à Rafah : un «facteur déstabilisant de plus», prévient Moscou
Malgré les pressions internationales et les interminables pourparlers entre les différents belligérants au Caire ou à Doha, l'armée israélienne a déployé dans la nuit du 6 au 7 mai des chars le long de la frontière égyptienne, commençant à remonter vers Rafah. La prise de contrôle par Tsahal du point de passage frontalier avec l'Égypte a interrompu l’acheminement terrestre de l’aide humanitaire.
Une mesure jugée «inacceptable» par Washington. Citant une source de haut rang, la chaîne égyptienne Al-Qahera News a annoncé ce 8 mai que les négociations en vue d’une cessation des hostilités à Gaza se poursuivaient au Caire «entre toutes les parties».
Face à ces prémisses d’une offensive sur Rafah, promise par Israël, la diplomatie russe a appelé ce 8 mai au «strict respect des dispositions du droit international humanitaire». La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que le début de cette opération militaire constituait un «facteur déstabilisant de plus, y compris pour la région entière».
L'Union africaine a également condamné cette incursion de Tsahal et appelé la communauté internationale à stopper «l'escalade meurtrière». Le président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki Mahamat «condamne avec fermeté l'extension de cette guerre au passage de Rafah, unique couloir pour l’aide humanitaire», stipule le communiqué de l'organisation, publié dans la nuit sur la plateforme X (ex-Twitter).
Les États-Unis «suspendent» une livraison de munitions
Le 7 mai, Pékin avait exhorté Israël «à tenir compte des demandes écrasantes de la communauté internationale, à cesser d’attaquer Rafah et à faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter une catastrophe humanitaire plus grave dans la bande de Gaza.»
Du côté de Bruxelles, le ton est à la résignation. «Tout le monde demande à Netanyahou de ne pas attaquer Rafah. Malgré ces avertissements et ces demandes, l'attaque a commencé hier soir», a déclaré à des journalistes Josep Borrel le 7 mai. Avant d'ajouter : «Cela entraînera à nouveau de nombreuses victimes civiles.» Quant aux États-Unis, premier soutien politique et militaire d’Israël, ils auraient suspendu une livraison de bombe, a annoncé le 7 mai, sous couvert d’anonymat, un haut responsable de l’administration Biden.
Le 6 mai, le Hamas avait déclaré avoir accepté une proposition égyptienne et qatarie prévoyant un cessez-le-feu et la libération des otages en échange de prisonniers palestiniens. Selon l’AP, l’accord prévoirait un retrait progressif de Tsahal de la bande de Gaza. Dans un communiqué, le bureau du Premier ministre israélien avait rétorqué que les conditions acceptées par le Hamas étaient «loin de répondre aux exigences essentielles d'Israël».