Ukraine : Athènes et Madrid sous pression de l’UE et de l’OTAN pour céder des systèmes antiaériens
La Grèce et l'Espagne sont sous pression de leurs alliés occidentaux afin de fournir à Kiev des systèmes antiaériens. Si Athènes et Madrid ont jusqu’à présent écarté de céder à cette demande, El Pais révèle ce 26 avril que les autorités espagnoles vont livrer «en compensation» des missiles pour les batteries Patriot déjà présentes en Ukraine.
Pas de Patriot espagnol pour l’Ukraine. Ce 26 avril, El Pais, qui fait état de la «pression» exercée sur les pays possédant ce système antiaérien américain, a révélé que Madrid ne céderait pas l’une de ses trois batteries. Batterie basée en Turquie, et sur laquelle Volodymyr Zelensky aurait «jeté son dévolu».
«En guise de compensation, le gouvernement a accepté la livraison d’un lot de missiles Patriot», a ajouté le média, citant des sources. «Il s’agira, en tout cas, d’un nombre très limité», a précisé El Pais, qui précise que la réserve espagnole n’est que «d’une cinquantaine d’unités et que les intercepteurs sont très chers», à savoir un million d’euros pièce.
Jusqu’à présent, l’Espagne a livré à l’Ukraine une douzaine de lanceurs de missiles antiaériens MIM-23 Hawk. Dans son article, El Pais souligne que Madrid peut difficilement faire davantage sur ce volet au regard de ses moyens «actuellement limités» pour assurer sa propre défense antiaérienne.
«La Grèce n'enverra pas à l'Ukraine de S-300 ni de Patriot», assure Mitsotakis
Même son de cloche du côté d’Athènes. «La Grèce n'enverra pas à l'Ukraine de S-300 ni de Patriot», a déclaré le 25 avril le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, lors d’une interview. «La Grèce a soutenu l'Ukraine de diverses manières, en lui fournissant du matériel militaire. Mais nous avons fait savoir dès le début que nous ne pouvions pas disposer de systèmes d’armes essentiels à notre capacité de dissuasion», a-t-il notamment ajouté, assurant qu’Athènes continuerait à soutenir militairement Kiev dans la mesure du possible.
Un refus grec qu’avait déjà signifié, le 23 avril, le porte-parole du gouvernement. «Il n’y aura aucune mesure mettant en danger, même de manière minime, la capacité de dissuasion ou la défense aérienne du pays», avait ainsi assuré Pavlos Marinakis.
Le Premier ministre grec et son homologue espagnol sont sous le coup de «pressions intenses» de la part de leurs alliés de l’UE et de l’OTAN, avait révélé le Financial Times (FT) le 22 avril. «Des dirigeants de l'UE ont profité d'un sommet à Bruxelles la semaine dernière pour exhorter personnellement les Premiers ministres espagnol et grec Pedro Sánchez et Kyriakos Mitsotakis à faire don de certains de leurs systèmes à l'Ukraine», avait relaté le quotidien britannique.
Des pressions qui seraient bien plus importantes que celles exercées sur la Pologne ou encore la Roumanie, qui possèdent des Patriot, «compte tenu de leur emplacement plus vulnérable» à la frontière de l’Ukraine, a précisé le FT.
Zelensky réclame aux Occidentaux davantage de batteries Patriot
Le 19 avril, devant le Conseil OTAN-Ukraine, Volodymyr Zelensky avait réclamé sept nouveaux systèmes Patriot ou leur équivalent, exhortant à nouveau ses sponsors occidentaux d’accroître leur aide militaire. Selon lui, il faudrait 25 de ces batteries pour couvrir l’ensemble du pays.
Quelques jours plus tôt, le 13 avril, le chancelier Olaf Scholz avait annoncé que Berlin fournirait un nouveau système Patriot à Kiev. «Malheureusement, les réserves de nos propres systèmes Patriot sont désormais pratiquement épuisées», avait déclaré le 9 avril la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.
«Un aperçu de tous les systèmes Patriot en Europe et dans le monde est nécessaire pour voir d'où quelque chose peut être livré rapidement en Ukraine», avait-elle estimé. Une pénurie de missiles à laquelle s’ajoutent les frappes russes : au mois de mars, l’armée russe revendiquait la destruction de trois systèmes Patriot.