Liban : le Hezbollah riposte après le nouveau raid de l'aviation israélienne sur Baalbek
En représailles au raid sur Baalbek, le Hezbollah a mené plusieurs opérations contre des positions israéliennes, dont le tir de 60 roquettes sur les bases de Yoav et de Kilaa dans le Golan occupé. Le numéro deux de la milice libanaise a averti l'État hébreu qu'il y aurait «des ripostes» à chaque frappe de Tsahal.
Œil pour œil, dent pour dent. Alors que l'aviation israélienne a frappé une nouvelle fois Baalbek et la plaine de la Bekaa dans la soirée du 23 mars, la milice chiite a mené plusieurs opérations contre des positions de Tsahal dans la journée et la nuit du 24 mars.
Le numéro deux du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a affirmé lors d'un discours dans la banlieue sud de Beyrouth le 24 mars que le parti chiite n'aurait «pas peur» de riposter aux frappes israéliennes contre des cibles «civiles». «Aujourd’hui, l’ennemi tente d’étendre ses attaques contre des cibles civiles à Baalbek, dans la Bekaa-Ouest ou ailleurs, et il y aura des ripostes à chacune» de ces frappes, a lancé le haut dirigeant du parti chiite.
«Nous sommes prêts, nous sommes sur le terrain et nous n’accepterons pas que les agressions augmentent sans qu’ils [les Israéliens] en paient le prix », a-t-il ajouté. Et d’affirmer : «Soyez sûrs que cette confrontation que nous menons actuellement, malgré son coût élevé, a beaucoup moins de conséquences que si nous attendions que l’ennemi vienne à nous.»
Très tôt dans la matinée du 24 mars, le Hezbollah a ciblé avec «plus de 60 roquettes» les bases israéliennes de Yoav et de Kilaa, qui font office de «siège du commandement de la défense aérienne» dans le Golan syrien occupé par Israël.
Le même jour, les opérations de la milice chiite ont continué en frappant «le site de Jal al-Alam avec des obus d'artillerie», «du matériel d'espionnage sur le site de Raheb», «le site d'Al-Marj», «le site de Ruwaisat Al-Alam», mais également en ciblant des soldats israéliens dans les environs de la caserne de Biranit, en face de la localité libanaise de Rmeich et un autre contingent de soldats israéliens positionnés vers Metula. Le matin du 25 mars, le Hezbollah a également annoncé avoir frappé «un rassemblement de soldats ennemis sur la colline Al-Tayhat».
Le spectre d'une guerre totale s'éloigne-t-il ?
Ces nombreuses frappes du parti chiite libanais interviennent un jour après le nouveau ciblage de Baalbek par l'aviation israélienne. Selon un correspondant de L'Orient-Le Jour, le raid a visé «un entrepôt presque vide, contenant quelques sacs de blé et des barres de fer», alors que l'armée israélienne revendique avoir ciblé un bâtiment contenant des armements du Hezbollah. Le parti chiite a d'ailleurs annoncé le 24 mars la mort de deux nouveaux combattants, Hussein Ali Arslan et Ali Mohammad Fakih.
Un article de L'Orient-Le Jour datant du 24 mars précise que l'émissaire américain pour le Liban Amos Hochstein, qui avait fait un déplacement express à Beyrouth le 4 mars dernier, a rencontré la communauté libanaise du Michigan en expliquant que les risques d'une guerre ouverte entre les deux ennemis frontaliers s'éloignaient. Les tirs s'étaient en effet calmés depuis le 12 mars, avant de reprendre en fin de semaine dernière.
Depuis le 8 octobre, les deux ennemis frontaliers s'affrontent quasi-quotidiennement, avec des périodes de calme relatif, via des attaques de drones, des frappes ciblées contre des postes d'observation et sur des infrastructures militaires. Les combats se limitaient à un rayon de cinq kilomètres de la frontière. Les zones limitrophes ont de surcroît été en partie vidées de leurs habitants. Or, l'aviation de Tsahal a mené plusieurs raids dans des provinces reculées, à Baalbek notamment qui se situe à plus de 100 kilomètres de la frontière israélienne, mais également à Nabatiyé, à Saïda ou sur Tyr.
De surcroît, à maintes reprises, les dirigeants israéliens ont haussé le ton en menaçant le Hezbollah d'une potentielle intervention terrestre au Sud-Liban pour chasser la milice chiite. Des officiels américains ont même évoqué fin février un tel scénario si une solution diplomatique ne parvenait pas à obtenir le retrait de l'organisation pro-iranienne de la frontière israélienne. Pour l'heure, les pressions occidentales, françaises et américaines, sur le parti d'Hassan Nasrallah ont été rejetées.
Le chef du parti chiite doit notamment prendre la parole prochainement pour évoquer le front libanais, la suite des opérations face à l'armée israélienne et les négociations en cours pour obtenir l'arrêt des combats sur le front nord.