Troupes occidentales en Ukraine : les dirigeants européens désavouent Macron

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Troupes occidentales en Ukraine : les dirigeants européens désavouent Macron Source: AFP
Réunion européenne à l'Élysée, le 26 février 2024.
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L'Allemagne, la Suède, la Pologne, l'Espagne et la République tchèque ont estimé que l'envoi de troupes en Ukraine n'était pas envisageable pour le moment, réagissant aux propos d’Emmanuel Macron qui avait affirmé qu’il ne devait pas «être exclu». La Slovaquie s'est montrée encore plus critique.

«Ce n'est pas du tout d'actualité pour l'instant», a déclaré ce 27 février le Premier ministre suédois Ulf Kristersson sur la chaîne publique SVT en réaction aux propos du président français Emmanuel Macron, qui avait affirmé la veille au soir que l'envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine ne devait pas «être exclu» à l'avenir.

«Pour l'instant, nous sommes occupés à envoyer du matériel avancé à l'Ukraine [et ce] de différentes manières», a souligné le chef du gouvernement suédois. «Il n'y a pas de demande» côté ukrainien pour des troupes au sol, a fait valoir Ulf Kristersson. Donc, «la question n'est pas d'actualité», a-t-il insisté.

«En revanche, les traditions d'engagement des pays» sur la scène internationale diffèrent entre elles, et «la tradition française n'est pas la tradition suédoise», a estimé le Premier ministre sur SVT.

Le Premier ministre suédois n’est pas le seul dirigeant à avoir tempéré les propos d’Emmanuel Macron. Le chef du gouvernement néerlandais Mark Rutte, cité par Le Figaro à l’issue de la réunion de l’Élysée, a aussi assuré que cette question de l’envoi de troupes au sol n’était pas été à l’ordre du jour.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a quant à lui déclaré à AP que l'Alliance atlantique n'avait aucun plan d'envoi de troupes en Ukraine.  

«Ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l'avenir», à savoir «qu'il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les États européens, ni par les États de l'OTAN sur le sol ukrainien», a pour sa part jugé le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une conférence de presse.

Le porte-parole du gouvernement espagnol a lui déclaré que Madrid n'était «pas d'accord» avec l'idée d'envoyer des troupes en Ukraine.

Prague et Varsovie déclinent aussi l'envoi de troupes

Les chefs des gouvernements polonais et tchèques Donald Tusk et Petr Fiala, réunis à Prague juste avant une rencontre avec leurs homologues hongrois et slovaque dans le format dit Groupe de Visegrad, ont aussi commenté les propos tenus la veille par le président français Emmanuel Macron, déclarant ne pas envisager un envoi de troupes. 

«Aujourd'hui, nous devrions nous concentrer, comme l'ont fait les gouvernements polonais ou tchèque, à soutenir l'Ukraine au maximum dans son effort militaire», a estimé Donald Tusk.

Le Kremlin dénonce le danger d'une confrontation directe

Dmitri Peskov a relevé ce 27 février que l'envoi de personnel militaire avait été discuté en Europe. «Si cela advient, nous devrons parler non pas de la probabilité, mais de l'inévitabilité d'un affrontement direct entre la Russie et l'OTAN», aprévenu le porte-parole du Kremlin.

«Un certain nombre de pays européens maintiennent une évaluation sobre du danger potentiel lié à l’envoi de troupes en Ukraine et à leur implication dans un conflit brûlant», a-t-il néanmoins noté.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a lui ajouté que ceux qui évoquaient la création d'une coalition pour fournir des missiles ainsi que l'envoi de troupes au sol en Ukraine devraient «utiliser leur tête pour des pensées plus rationnelles et plus sûres pour l'Europe».

La diplomatie russe Maria Zakharova a, sur Telegram, taclé le dirigeant français en rappelant que des combattants français se trouvaient en Ukraine, avant d'évoque «les soldats français de la division SS Charlemagne qui furent les derniers défenseurs du Reichstag [en 1945]». «Emmanuel, comptez-vous former la deuxième Charlemagne pour la défense du bunker de Zelensky ?», a-t-elle ajouté.

Tentative de rattrapage de Stéphane Séjourné

«Nous devons envisager de nouvelles actions de soutien à l’Ukraine», a réagi ce 27 février le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Celui-ci répondait à une question du député écologiste Julien Bayou, initialement adressée au ministre des Armées Sébastien Lecornu, concernant les propos tenus la veille par Emmanuel Macron. 

«Celles-ci doivent répondre à des besoins très précis, je pense notamment au déminage, au cyber, à la production d’arme sur place», a poursuivi le chef de la diplomatie française. 

«Certaines de ces actions pourraient nécessiter une présence sur le territoire ukrainien sans franchir le seuil de belligérance. Rien ne doit être exclu, c’était - et c’est toujours la position aujourd’hui - du président de la République» a encore déclaré Stéphane Séjourné.

Fico dénonce le risque d’une «énorme escalade de la tension»

«Je peux commenter l'ambiance qui régnait lors de cette réunion. Elle était militaire : soutenir la guerre à tout prix, tout faire pour que cette guerre continue», a déclaré le Premier ministre slovaque Robert Fico dans une vidéo citée par RIA Novosti. «J'ai été très surpris qu'il n'y ait pas un seul mot sur un quelconque plan» pour la paix ou pour une sorte d'initiative de paix», a-t-il regretté. 

Le chef du gouvernement slovaque, partisan d’une désescalade en Ukraine, avait déjà déclaré le 26 février que «plusieurs États membres de l'OTAN et de l'UE» envisageaient «d'envoyer leurs soldats sur le territoire de l'Ukraine sur une base bilatérale».

«Tout ce qu'ils veulent, c'est que la tuerie continue»

«Nous voyons d'énormes risques pour la sécurité dans les accords bilatéraux qui seront probablement conclus prochainement avec les États membres de l'OTAN et de l'UE qui veulent envoyer leurs troupes en Ukraine», avait-il ajouté.

«Je ne peux même pas l'imaginer. Il y aura des soldats des États membres de l'OTAN sur le territoire de l'Ukraine. Je sais ce qu'ils y feront, mais cela fait partie d'une information réservée. C'est pourquoi je ne la diffuserai pas», a-t-il déclaré, ajoutant qu'une telle décision conduirait à «une énorme escalade de la tension». Et d’ajouter : «Tout ce qu'ils veulent, c'est que la tuerie continue.»

Ces propos interviennent alors que la situation est de plus en plus difficile pour l’Ukraine sur le terrain, depuis l’échec de sa contre-offensive estivale. Les troupes de Kiev accumulent depuis quelques semaines les revers dans l’est du pays, avec la perte il y a plus d'une semaine de la ville forteresse d'Avdeïevka.

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