Bénédictions des couples homosexuels : le pape maintient sa position et dit son sentiment de «solitude»
Près d’un mois après la publication d’une déclaration autorisant la bénédiction des couples homosexuels, le pape François persiste et évoque une crise profonde dans l’Église. Plusieurs prélats sud-américains et africains ont dénoncé une «hérésie».
«Au moment de prendre une décision, il y a un prix de solitude que tu dois payer car parfois, les décisions ne sont pas acceptées». Le pape François a fait part de son sentiment de solitude le 14 janvier lors de l’émission télévisée «Che tempo fa» de la chaîne italienne Nove.
Une solitude qui a suivi la publication de «Fiducia supplicans», une déclaration du dicastère pour la Doctrine de la foi le 18 décembre. Ce texte permettant aux prêtres de donner des bénédictions non sacramentelles à des couples homosexuels a suscité de vives réactions.
Le pape a répondu à ses détracteurs en affirmant : «Dans la plupart des cas, quand on n’accepte pas les décisions, c’est parce que l’on ne connaît pas.»
Le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Parolin, avait évoqué la polémique qui a suivi la publication du document. Le 12 janvier, à l’occasion d’une conférence tenue à l'Académie dei Lincei à Rome, il avait déclaré, dans des propos rapportés par la Catholic News Agency : «Ce document a suscité des réactions très vives. Cela signifie qu'un point très délicat, très sensible a été touché. Cela nécessitera une enquête plus approfondie.»
Le numéro 2 du Vatican s’est montré prudent dans ses déclarations : «L'Église est ouverte et attentive aux signes des temps mais doit être fidèle à l’Évangile.» Quand un journaliste lui a demandé si le document était une erreur, le cardinal s’est dérobé : «Je n'entre pas dans ces considérations. Les réactions nous disent que cela a touché un point très sensible.»
«Une hérésie qui mine gravement l’Église»
En effet, de nombreux évêques sud-américains et africains s’étaient opposés à de telles bénédictions. Le cardinal guinéen Robert Sarah s’est ainsi fait le porte-voix de ces prélats. Dans la revue Settimo Cielo, il avait ainsi affirmé le 8 janvier : «On ne s’oppose pas au pape François, mais on s’oppose fermement et radicalement à une hérésie qui mine gravement l’Église, Corps du Christ, parce que contraire à la foi catholique et à la tradition.» Le cardinal a également remercié les conférences épiscopales qui ont témoigné de leur opposition au document «Fiducia supplicans».
« Devo ringraziare le conferenze episcopali che hanno già fatto quest’opera di verità, in particolare quelle del Camerun, del Ciad, della Nigeria, di cui condivido e faccio mie le decisioni e la ferma opposizione alla dichiarazione Fiducia supplicans. » https://t.co/qPjaDBfvPP
— Cardinal R. Sarah (@Card_R_Sarah) January 8, 2024
La communication du Saint-Siège sur le document autorisant la bénédiction de couples homosexuels a par ailleurs fait l’objet d’incompréhensions de la part de médias spécialisés.
Est-ce que quelqu’un y comprend quelque chose svp ? C’est oui ou c’est non ? #FiduciaSupplicanspic.twitter.com/NjzQFTMaC4
— JB Harel (@JBHarel) January 10, 2024
C’est le cas de la radio RCF qui est revenue sur l’ambiguïté du texte mais aussi du journaliste de Radio Vatican Benoit Harel qui s’est interrogé sur les réseaux sociaux sur les explications du texte par les évêques de France : «Est-ce que quelqu’un y comprend quelque chose svp ?»