Niger : les dernières forces françaises ont quitté le pays
- Avec AFP
Les derniers militaires français déployés au Niger ont quitté le pays le 22 décembre, actant le divorce entre Paris et les militaires désormais au pouvoir à Niamey.
«La date d'aujourd'hui (...) marque la fin du processus de désengagement des forces françaises au Sahel», a déclaré le 22 décembre un lieutenant de l'armée nigérienne, Salim Ibrahim, lors d'une cérémonie marquant la fin de la présence militaire française au Niger.
La cérémonie a eu lieu dans la base aérienne de Niamey, abritant une base aérienne projetée (BAP) où stationnait une partie des quelque 1.500 soldats et aviateurs français présents au Niger.
Les derniers militaires français ont décollé à bord de deux avions, a constaté un journaliste de l'AFP. Leur destination n'a pas été renseignée.
La cérémonie a été conclue par la «signature» d'un «document conjoint» par le chef d'état-major de l'armée de terre du Niger, le colonel Mamane Sani Kiaou et le commandant des forces françaises au Sahel, le général Eric Ozanne, a affirmé le lieutenant Salim Ibrahim.
La signature du texte s'est faite «en présence du Togo et des Etats-Unis», respectivement «représentés par le chef d'état-major général des armées» et «l'attaché militaire de Défense», a-t-il ajouté.
La BAP a été rétrocédée au Niger. Environ un millier de militaires français sont toutefois stationnés au Tchad, dont la capitale N'Djamena abrite le commandement des opérations françaises au Sahel
Le lieutenant Ibrahim a précisé qu'au cours du processus de désengagement des militaires français, «145 vols» ont été effectués, «15 convois terrestres» ont eu lieu et «environ 1.500 militaires ont été désengagés».
«On se félicite du bon déroulement» du désengagement, car «aucun incident majeur n'a été enregistré», a-t-il affirmé. Les Français n’abandonnent «pas de matériel ni de capacités» sur place, avait affirmé l’état-major français à l'AFP, mais laissent le bâti.
Des centaines de personnes se sont rassemblées au Rond-Point Escadrille de Niamey le 22 décembre pour célébrer le retrait des 1 500 derniers soldats français du Niger.
Défi logistique
Au Niger, le gros des troupes françaises étaient déployées sur la base aérienne de Niamey, et les autres aux côtés des forces nigériennes sur deux postes avancés dans la zone des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, considérée comme un repaire de groupes liés à Al-Qaïda et l'Etat islamique (EI).
Le retrait des troupes françaises représentait un défi logistique et sécuritaire puisqu’il impliquait entre autres manœuvres un long périple d’une dizaine de jours sur environ 1 700 km sur de routes et de pistes traversant un pays désertique et parfois des zones marécageuses où sévissent des groupes jihadistes, avant d’atteindre N’Djamena.
Une autre partie du repli s’est effectué par voie aérienne. En janvier, de nouvelles rotations sont prévues avec l’aide du Qatar, entre N’Djamena et la France, selon l’armée française. Le reste du fret sera acheminé de N’Djamena vers le port de Douala au Cameroun jusqu’à l’été prochain.
Après un bras de fer de deux mois avec les nouvelles autorités à Niamey qui avaient dénoncé plusieurs accords militaires avec Paris, le président français Emmanuel Macron avait annoncé le 24 septembre que les troupes françaises seraient parties du Niger «d’ici la fin de l’année».
Rapprochement avec Moscou
En outre, la France a décidé de fermer son ambassade au Niger, où «elle n'est plus en capacité de fonctionner normalement», ont dit le 21 décembre des sources diplomatiques à l'AFP.
Les généraux nigériens au pouvoir ont rompu les liens avec plusieurs partenaires occidentaux et se sont rapprochés de la Russie. Le Mali et le Burkina Faso - d'où les forces françaises se sont également retirées - se sont aussi rapprochés de Moscou. Mali, Burkina et Niger ont fait alliance pour lutter contre les jihadistes.
Après cette série d'échecs au Sahel, la France réorganise sa présence en Afrique et compte réduire nettement ses effectifs militaires dans tous les pays où elle opère encore, sauf à Djibouti.