«Ici, c'est la norme» : ce qui se passe dans le secteur Zaporojié, le plus difficile du front

«Ici, c'est la norme» : ce qui se passe dans le secteur Zaporojié, le plus difficile du front© David Narmania/RIA Novosti
Fantassins de marine russes sur le front de Zaporojié.
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Non loin de Zaporojié, le village de Rabotino est l'un des points les plus chauds du front. C’est là que Kiev a lancé les principales forces de sa contre-offensive. RIA Novosti a publié un reportage auprès des fantassins de marine russe.

Le village de Rabotino, dans la région de Zaporojié, est l'un des points les plus chauds de la ligne de contact. C’est là que les forces armées ukrainiennes ont lancé les principales forces de la contre-offensive. Avec d'autres unités, la 810e Brigade d'infanterie de marine de la Garde tient la défense de ce village depuis trois mois. 

«C’est là que nous allons»

À ce stade, j’ai l'habitude d'avertir mes hommes : «Vous prenez la route des héros», nous dit l'adjoint d'un commandant de bataillon portant l'indicatif «Mammouth», alors que nous tournons vers Rabotino. La première ligne de défense russe est derrière nous. Devant nous, c'est la zone de défense avancée.

«Ici, c'est la norme» : ce qui se passe dans le secteur Zaporojié, le plus difficile du front© David Narmania/RIA Novosti
Mammouth, le commandant adjoint de l'unité.

Le conducteur tire le maximum de son Ouazik. Des colonnes de fumée provenant de récents tirs d'artillerie ukrainiens s'élèvent à l'horizon.

Ils tirent en continu, les nôtres répondent. Ce genre de «pluie» se produit tous les jours», explique le militaire. «De 300 à 500 frappes par jour, c'est la norme». 

Et il montre une «Boukhanka» couverte d'éclats d'obus. C'est dans cette voiture que les médecins évacuent les blessés. Mais une fois, ils ont dû les sortir eux-mêmes. Ils ont essuyé des tirs et la «Boukhanka» a eu une roue crevée. Mammouth et ses collègues sont allés les secourir.

«Nous avons mis la roue de secours sous les tirs ennemis, mais ce n'est rien, l'arrêt au stand a été plus rapide qu'en "Formule 1". Nous avons sauvé les médecins et la voiture».

Combats à 150 mètres 

Sur une autre partie du front, près de Rabotino, les escarmouches d'infanterie sont constantes. Ici ce sont les mobilisés qui tiennent les positions. La plupart d'entre eux viennent de Crimée et du Kouban. C'est pourquoi ils supportent mieux la chaleur, mais ils doivent rester assis sous le soleil brûlant pendant des heures, en attendant une attaque.

Au début, les forces armées ukrainiennes essayaient de pénétrer avec des véhicules, disent les combattants. Aujourd'hui, ils ont changé de tactique.

«Maintenant, ils ont même déplacé la ligne d'évacuation à deux ou trois kilomètres du village où nous nous trouvons. Il est rare que quelqu’un se risque à s'approcher plus près avec un véhicule - le feu est trop dense. Ils essaient de se rapprocher de nous en passant par les zones boisées. Il s'agit principalement d'infanterie,» explique un soldat portant l'indicatif Yakoub.

Les pièges à mines sont utiles. Les forces armées ukrainiennes parviennent parfois à les trouver et à les désamorcer, mais le lendemain, les Russes en posent de nouvelles.

Selon Yakoub, les FAU tentent de plus en plus d'imposer des combats à l'arme légère pour identifier les points de tir de l'infanterie de marine et les couvrir avec de l'artillerie.

«Vous pouvez le constater par vous-même, nous n'avons que des "canettes" (frein de bouche compensateur à gaz - NDLR)», indique-t-il en montrant les vieilles kalachnikovs de ses camarades. - Ce n'est pas parce que nous n'avons rien, il y a plein de collimateurs. Mais nous les avons abandonnés au fil du temps».

Le fait est que les combats se déroulent à 150 mètres de distance. Parfois dans la même tranchée.

«Les tirs de sniper ne sont pas nécessaires. C'est autre chose qui est importante : notre guerre consiste à détruire leurs forces et à se déplacer rapidement entre les abris pour se défendre contre l'artillerie», précise Yakoub. - Le calibre de l'AK est puissant et, en quelques coups, il peut démanteler les plaques des gilets pare-balles de l'OTAN. Mais comme l'arme est plus lourde, nous lui enlevons tout ce qui n'est pas nécessaire. Et la "canette" nous assure la furtivité, ce qui rend nos positions de tir plus difficiles à détecter».

«Ils utilisent des guides»

Selon les combattants, les premières «vagues» comptaient de nombreux mercenaires, principalement des Polonais. «Ils aiment mettre leurs drapeaux sur leurs casques. Et nous avons entendu des conversations en polonais», explique un commandant adjoint de section dont l'indicatif est Gagarine. Et il ajoute qu'il ne s'agit pas d'interceptions radio : le combat se déroulait directement près de la tranchée.

Gagarine et ses deux camarades ont tenu cette position pendant une demi-journée. Il y avait cinq à sept fois plus de militaires ukrainiens. Ils tiraient à la distance minimale : 20 mètres. Lorsque les secours sont arrivés, cinq fantassins de marine, ils ont été repoussés.

Dans la partie sud de Rabotino, il restait encore des maisons. Mais d'une manière générale, le village a été pratiquement rayé de la carte. Il est impossible d'y prendre pied. L'artillerie dirigée par les drones attaque sans cesse. Les FAU amènent des renforts. Ils subiront le même sort.

«Nous avons appris des prisonniers qu'ils avaient des "guides". Au début, nous pensions que c'était un habitant de la région. Après il s'est avéré que c'était simplement un soldat, qui montrait aux autres le chemin vers les positions, mais qui n'y allait pas avec eux. Il restait dans la zone forestière»,  dit Yacoub.

Matériel occidental et duels de chars

Parfois, les forces armées ukrainiennes reviennent à l'ancienne tactique : ils essaient de percer avec des véhicules. C'était le cas, par exemple, à la fin du mois de juillet.

«Ils marchaient littéralement en colonnes», se souvient Yakoub. Et si auparavant il était clair que les conducteurs connaissaient les chemins locaux, ceux-ci, pris sous le feu, ont paniqué, et ont essayé de se cacher dans les zones forestières. Ils ont été abattus comme dans un champ de tir. Même des embouteillages se sont produits, ils se sont heurtés les uns aux autres. Nos opérateurs de lance roquettes antichar ont brûlé quatre véhicules en une minute et demie. »

L'un des commandants de batterie a abattu six chars. Pour cela, il a été proposé pour la médaille de l'étoile du Héros. 60 autres fantassins de marine ont reçu l'ordre du Courage pour avoir repoussé cette attaque. Certains soldats ont été décorés directement au front.

Deux semaines plus tard, à la mi-août, un événement rare dans le conflit actuel s'est produit près des positions : un duel de chars .

«Un Leopard s'est approché de nous accompagné de deux véhicules de combat d'infanterie. Et un T-90 «Proryv» est allé à leur rencontre, - raconte le combattant. Le char occidental a été neutralisé par deux obus : l'un à l'avant, l'autre sur le côté. La même chose pour les véhicules de combat.»

Les soldats parlent volontiers des modèles de l'OTAN. Ils en ont vu de différents. La plupart, disent-ils, sont modernes. Néanmoins, cela ne les aide pas : les modèles allemands 2A4 et 2A6 peuvent être frappés par des missiles anti-chars « Cornet » et, beaucoup plus anciens, «Métis».

«Ici, c'est la norme» : ce qui se passe dans le secteur Zaporojié, le plus difficile du front© David Narmania/RIA Novosti
Bombardement sur le front.

«Ils utilisent tout ce qu'ils ont»

La principale menace pour les soldats, reconnaissent-ils, est l'artillerie. Sans parler de la population civile. Mais la majorité, bien sûr, a été évacuée au début de l'été.

«Certains sont partis vers nous, d'autres vers les forces armées ukrainiennes. Il ne restait que quelques personnes dans le village même, surtout des retraités, – explique le commandant de brigade adjoint avec l'indicatif Botsman. – Quand nous sommes arrivés le 19 juin, il y avait huit personnes. Nous avons longtemps essayé de les convaincre de partir, mais ils ont refusé. Et nous n'avons pas le droit de les déloger par la force.»

Ils se cachaient dans des caves. Les soldats partageaient avec eux de la nourriture et de l'eau, leur donnaient des médicaments et les soignaient. Finalement, ils ont accepté d'être évacués.

«Un vieil homme de 80 ans n'est pas parti. Il est mort sous mes yeux le 10 août : il était sorti pour nourrir ses poules – et un obus ukrainien est arrivé. Et quelques jours auparavant, une femme a été tuée par des éclats d'obus», soupire l'officier.

Et le plus souvent, ce sont des obus à fragmentation qui arrivent. Ils sont beaucoup plus meurtriers que les obus ordinaires.

«Les militaires ukrainiens utilisent tout ce qu'ils ont. Ils se moquent des conventions qui interdisent telle ou telle arme. Et jusqu'ici nous n'avons pas utilisé de bombes à fragmentation», déclare Botsman. «C'est très difficile pour nous comme pour eux. Cela se passe ainsi : nous creusons comme des taupes des tranchées de la taille d'un homme, et quelque temps plus tard, ce ne sont plus que des fossés juste au-dessous de nos genoux. On ne peut pas se battre dans un champ nu avec des obus qui explosent au-dessus de nos têtes ».

Cependant, la brigade n'a pas quitté une seule position sans en avoir reçu l'ordre. Elle a pourtant parcouru un long chemin : elle a d'abord libéré Melitopol, Berdiansk et Marioupol, puis elle a défendu le secteur du sud de Donetsk. Elle a ensuite été transférée à Kherson.

« Lorsque nous nous sommes retirés de la rive droite du Dniepr, nous n'avons pas perdu un seul homme. Plus tard, nous avons pris d'assaut les îles. Et maintenant, cela fait trois mois que nous sommes à Rabotino. Nous ne laissons pas les forces armées ukrainiennes percer ».

L'officier ajoute que la défense n'est pas une tâche habituelle de l'infanterie de marine. Ce sont des troupes d'assaut. Et elles attendent de pied ferme l'ordre d'attaquer.

 

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