Ukraine : une entrée dans l'OTAN contre la cession de territoires par Kiev ? Zakharova n'y croit pas
Maria Zakharova a balayé d'un revers de main les propos de Stian Jenssen, haut-fonctionnaire de l'OTAN, qui avait évoqué une éventuelle adhésion de l'Ukraine en échange de sa renonciation aux territoires rattachés à la Russie.
«C'est de l'intox qui vise des buts politiques précis», a estimé ce 16 août Maria Zakharova sur Radio Sputnik, commentant la déclaration de la veille de Stian Jenssen, directeur de cabinet du secrétariat général de l'OTAN.
Dans une interview au média norvégien Verdens Gang (VG), ce dernier avait en effet suggéré la possibilité d'une adhésion de l'Ukraine à l'Alliance atlantique en échange de concessions territoriales en faveur de la Russie. «Je ne dis pas que les choses doivent se passer exactement comme cela. Mais cela peut être une solution probable», avait précisé l’intéressé, toujours selon les propos rapportés par VG.
«Il est impensable qu'une personne du secrétariat de l'OTAN se permette une telle sortie sans l'aval de son "grand frère", c'est-à-dire de Washington ou bien du "neveu" de Londres», a estimé Maria Zakharova. Aussi a-t-elle jugé que la situation en Ukraine était pour les Occidentaux «dans une impasse totale». «Leur stratégie n'a donné aucun des résultats escomptés, ou plutôt un résultat contraire. Ils doivent faire une tentative pour sortir de cette impasse», a estimé la porte-parole russe.
Le principal intéressé, Stian Jensen, à finalement rétropédalé le 16 août, toujours dans les colonnes de VG, qualifiant d'«erreur» sa propre déclaration : «ma déclaration à ce sujet faisait partie d'une discussion plus large sur les scénarios futurs possibles en Ukraine, et je n'aurais pas dû dire cela», a-t-il déclaré, ajoutant que l'Ukraine déterminera, et à quelles conditions, si elle est prête pour les négociations.
Les conditions préliminaires à la paix selon Moscou
Le 7 août, en réaction au sommet de Djeddah, Maria Zakharova avait écarté les exigences de paix de Kiev. «Un règlement véritablement global, durable et équitable n'est possible que si le régime de Kiev met fin aux hostilités et aux attentats terroristes», avait-elle alors estimé. Une exigence synonyme de capitulation.
«Les fondements initiaux de la souveraineté de l'Ukraine doivent être confirmés – son statut neutre, non aligné et non nucléaire» –, avait-elle ajouté, ainsi que «les nouvelles réalités territoriales», en référence aux territoires rattachés par référendum à la Russie.
Indignation des Ukrainiens
La réaction ukrainienne aux propos de Stian Jenssen ne s'est pas non plus fait attendre : le soir même, le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, qualifiait ces propos d'«absolument inacceptables».
Dans un post publié sur sa page Facebook, il a rappelé que le régime de Kiev «avait toujours supposé que l’Alliance, tout comme l’Ukraine, n’échangeait pas ses territoires» et souligné qu'une telle déclaration, consciente ou non, «faisait le jeu de la Russie». Pour conclure, il a de nouveau exhorté les Occidentaux à «accélérer la victoire de l’Ukraine et son adhésion à part entière à l’OTAN».
L'ironie de Medvedev
L'ancien président russe Dmitri Medvedev n'a pas manqué, lui non plus, de rebondir sur «la nouvelle idée de l'OTAN pour l'Ukraine», en ironisant sur sa chaîne Telegram.
«Curieuse idée. Le problème, c'est juste que tous leurs soi-disant territoires font l'objet de contestation, si bien que pour entrer dans l'OTAN les autorités de Kiev devront renoncer même à Kiev, la capitale de l'ancienne Rous'. Et transférer leur capitale à Lvov, et encore faudra-t-il que les Polacks acceptent de céder Lemberg aux amateurs de lard», s'est moqué le vice-président du Conseil de sécurité de Russie, évoquant le salo, lard de dos de porc typiquement ukrainien.
Les 11 et 12 juillet derniers s'est tenu à Vilnius le sommet des pays de l'OTAN. Cette rencontre était consacrée au conflit en Ukraine et à l'examen de la demande d'intégration de Kiev à l'Alliance atlantique, datant de 2008. Devant l'opposition ferme des Etats-Unis et de l'Allemagne, cette demande n'a pas abouti, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg jugeant que «les conditions n'étaient pas réunies».