La diplomatie russe apprécie le plan chinois de règlement du conflit en Ukraine
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a salué le plan de règlement du conflit en Ukraine proposé par le ministère chinois des Affaires étrangères, affirmant partager «les considérations de Pékin».
Dans un document mis en ligne sur le site du ministère russe des Affaires étrangères le 24 février, le porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a expliqué apprécier «hautement la volonté sincère de [leurs] amis chinois de contribuer à la résolution du conflit en Ukraine par des moyens pacifiques», au sujet du plan présenté la veille par la diplomatie chinoise à propos du règlement de la guerre en Ukraine.
«Nous partageons les considérations de Pékin. Nous sommes attachés aux principes de la Charte des Nations unies, des normes du droit international, y compris du droit humanitaire, et de l'indivisibilité de la sécurité, la sécurité d'un pays ne devant pas être renforcée au détriment de celle d'un autre, ce qui s'applique également à la sécurité de groupes de pays isolés», a-t-elle ajouté.
Zakharova regrette que l'Ukraine refuse «de négocier» avec Poutine
«Tout comme nos collègues chinois, nous qualifions d’illégitime toute mesure restrictive prise sans l’autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies. C’est un moyen violent de concurrence déloyale et de guerre économique», a-t-elle également tancé.
Nous tenons à rappeler que c'est l'Ukraine qui, en avril 2022, a arrêté les pourparlers de paix avec la Russie qu'elle avait elle-même initiés
Maria Zakharova a par la suite rappelé que, selon elle, «le principal obstacle à un règlement pacifique est aujourd'hui "l’impossibilité" de négocier avec le président russe Vladimir Poutine, décrétée par le président Zelensky» en octobre dernier, pointant les «initiatives du dirigeant ukrainien, qui témoignent de la déconnexion totale de Kiev des réalités».
«Nous tenons à rappeler que c'est l'Ukraine qui, en avril 2022, a arrêté les pourparlers de paix avec la Russie qu'elle avait elle-même initiés», a-t-elle encore fait valoir, précisant que la Russie était «ouverte à la réalisation des objectifs de l’opération militaire spéciale par la voie politique et diplomatique» impliquant «l'arrêt de la fourniture d'armes et de mercenaires occidentaux à l'Ukraine, un cessez-le-feu, le retour de l'Ukraine au statut de pays neutre non aligné, la reconnaissance des nouvelles réalités territoriales créées par le droit des peuples à l'autodétermination, la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine, et l'élimination de toutes les menaces émanant de son territoire».
La diplomatie chinoise appelle à encourager «tous les efforts visant à résoudre pacifiquement la crise» en Ukraine
Dans le document présenté en 12 points par la diplomatie chinoise, il est expliqué que «toutes les parties doivent faire preuve de rationalité et de retenue, éviter d'alimenter les tensions ou de prendre des mesures pour aggraver le conflit, éviter une nouvelle escalade et empêcher que la situation ne devienne incontrôlable».
Elle appelle également à encourager «tous les efforts visant à résoudre pacifiquement la crise», se disant prête à «aider et jouer un rôle constructif» dans la mise en place de «mesures pour soutenir le rétablissement des zones de conflit» et insistant sur la nécessité, selon elle, de «faciliter les contacts entre la Russie et l'Ukraine» avec l'objectif d'une «reprise du dialogue direct».
«La mentalité de guerre froide doit être abandonnée. La sécurité d'un pays ne doit pas être assurée en portant atteinte à la sécurité d'autres Etats et la sécurité régionale ne peut être maintenue en renforçant et en élargissant les blocs militaires», est-il encore souligné.
Le ministère chinois des Affaires étrangères demande également de mettre un terme à toute sanction unilatérale «sans l'accord du Conseil de sécurité de l'ONU». Faisant valoir la nécessité d'assurer la stabilité des chaînes d'approvisionnement et de livraison à l'échelle mondiale, il appelle à retrouver une coopération mondiale dans les secteurs de l'énergie, de la finance, du commerce alimentaire et des transports.
«Les risques stratégiques doivent être réduits. Les armes nucléaires ne doivent jamais être utilisées, une guerre nucléaire ne doit jamais être déclenchée. Il est nécessaire de résister à l'utilisation d'armes nucléaires [...]. La Chine s'oppose fermement aux attaques contre les centrales nucléaires et autres installations nucléaires civiles et appelle toutes les parties à respecter le droit international, y compris la Convention sur la sûreté nucléaire», insiste-t-il, tout en exprimant son opposition «au développement et à l'utilisation d'armes biologiques et chimiques par n'importe quel pays, en toutes circonstances».
Une proposition chinoise bien accueillie par l'Ukraine et l'ONU... mais pas par l'OTAN
La proposition de la diplomatie chinoise a, visiblement, été bien accueillie par l'Ukraine. Cité par l'AFP le 24 février, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fait valoir devant la presse qu'il aimerait «une réunion avec la Chine. C'est dans l'intérêt de l'Ukraine aujourd'hui». «Que la Chine commence à parler de l'Ukraine et envoie certains signaux, c'est un point très positif», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
De son côté, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a salué le même jour une «importante contribution» de la Chine. «Je pense que le plan présenté par le gouvernement chinois est une importante contribution. Je pense que l'appel sur la nécessité d'éviter l'utilisation des armes nucléaires est particulièrement important», a-t-il fait valoir devant la presse, mettant en lumière la «responsabilité collective» visant à parvenir à une «paix juste».
A contrario, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a semblé irrité par le plan proposé par la diplomatie chinoise. «Sur les propositions et les points présentés par la Chine, tout d'abord : la Chine n'a pas beaucoup de crédibilité parce qu'elle n'a pas été en mesure de condamner l'invasion illégale de l'Ukraine. Et elle a aussi signé quelques jours avant l'invasion un accord [...] sur un partenariat illimité avec la Russie», a-t-il tancé le 24 février lors d'un déplacement à Tallinn.
Même son de cloche outre-Rhin, où le président allemand Frank-Walter Steinmeier a mis en lumière ses «doutes» concernant le «rôle constructif» que pourrait jouer, selon lui, la Chine dans le règlement du conflit en Ukraine. «Toute proposition constructive, qui nous rapproche d'une paix juste, est la bienvenue. Il est encore douteux que la Chine, puissance mondiale, veuille jouer un tel rôle constructif», a-t-il remarqué lors d'une cérémonie à Berlin le même jour.
Pour rappel, la Russie a lancé une «opération militaire spéciale» en Ukraine le 24 février 2022. Kiev et ses alliés dénoncent, depuis, une guerre d'invasion ne répondant à aucune provocation de la part de Kiev. Les Occidentaux ont multiplié ces 12 derniers mois les sanctions économiques contre la Russie, ainsi que les livraisons d'armements à Kiev. Moscou, de son côté, a justifié son offensive militaire en invoquant, notamment, la nécessité de protéger les populations du Donbass, les autorités locales étant en conflit avec le pouvoir central ukrainien depuis le coup de Maïdan de 2014. Les autorités russes ont également dit vouloir «démilitariser» et «dénazifier» l'Ukraine et ont dénoncé la menace pour leur territoire que représente, selon elles, l'expansion vers l'est de l'OTAN.