L'opposition vénézuélienne met fin au «gouvernement intérimaire» et à la «présidence» de Guaido

Juan Guaido, le 4 mai 2020, à Caracas (image d'illustration).© Ariana Cubillos Source: AP
Juan Guaido, le 4 mai 2020, à Caracas (image d'illustration).
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L'«ancien Parlement», non reconnu par Caracas, a mis fin au «gouvernement intérimaire» ainsi qu'aux responsabilités de Guaido, autoproclamé président du Venezuela début 2019. Un signe de fracture dans l'opposition à l'approche de la présidentielle.

Nouveau camouflet pour Juan Guaido. Le 30 décembre, les principaux partis vénézuéliens d'opposition ont décidé de mettre un terme au «gouvernement intérimaire», non reconnu par Caracas, et par conséquent au mandat du «président» autoproclamé du Venezuela Juan Guaido.

L'adversaire de Nicolas Maduro s'était en effet autoproclamé président de la République bolivarienne en janvier 2019, contestant la réélection du successeur d'Hugo Chavez lors de la présidentielle de 2018. Il avait alors été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays, Etats-Unis en tête – mais également par la France –, avant que leur soutien ne s'étiole au fil des mois.

Un «gouvernement intérimaire» qui avait «cessé d'être utile», selon l'opposition, alors que Guaido regrette un «saut dans le vide»

L'«ancien Parlement», regroupant des députés élus en 2015 et ne reconnaissant pas la large victoire du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) aux élections législatives de 2020, a donc décidé de mettre fin au «gouvernement intérimaire» ainsi qu'aux responsabilités de Juan Guaido, par 72 voix pour, 29 contre et 8 abstentions.

Trois des quatre principales forces d'opposition, (Justice d'abord, Action démocratique et Un nouveau temps) avaient publié un communiqué le 27 décembre, dans lequel elles se disaient opposées au maintien de ce «gouvernement intérimaire» qui avait, selon elles, «cessé d'être utile [...] et ne présent[ait] aucun intérêt pour les citoyens».

De son côté, Juan Guaido avait demandé le 29 décembre que «cet outil ne soit pas détruit», précisant vouloir que cet organe «soit défendu au-dessus des noms ou des intérêts personnels». «Maintenir la présidence [intérimaire] n'a rien à voir avec Juan Guaido. C'est un devoir», avait-il ajouté. Après le vote, il a mis en lumière, selon lui, un «saut dans le vide» regrettant que, d'après lui, «72 députés [aient] capitulé». «Les différends que nous avons aujourd'hui, nous les dissiperons sans aucun doute», a-t-il également fait savoir.

Lors de la séance du 30 décembre de «l'ancien Parlement», Juan Miguel Matheus, le chef de file de Justice d'abord, favorable à la disparition du «gouvernement intérimaire», avait déclaré : «Le gouvernement intérimaire était une émanation, une urgence de l'Assemblée nationale. Ce qui était provisoire est devenu perpétuel.»

En tant que président autoproclamé, Juan Guaido ne jouissait d'aucun pouvoir constitutionnel, n'ayant pas de mandat électif, mais, de par le soutien de plusieurs pays occidentaux, contrôlait les actifs financiers vénézuéliens à l'étranger, que le président Nicolas Maduro estime à 24 milliards de dollars.

«Les actifs ne sont pas en danger. La plus grande partie du soutien [international] est un soutien à l'Assemblée nationale plus qu'à la présidence intérimaire... La loi fournit des outils suffisants pour protéger les actifs au Portugal, aux Etats-Unis et en Angleterre», a précisé Juan Miguel Matheus lors de la séance.

Depuis la mise en place du «gouvernement intérimaire», Nicolas Maduro raillait régulièrement l'instance autoproclamée, la qualifiant de «Monde de Narnia» ou encore d'«imaginaire». Il n'a pour le moment pas réagi à la fin du «gouvernement intérimaire», qui représente une véritable victoire pour son parti.

Le retour en force de Maduro sur la scène internationale

Car depuis quelques mois, en raison du conflit en Ukraine et des sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie, notamment concernant les industries pétrolière et gazière (des ressources dont le Venezuela dispose en très grande quantité), mais également à la faveur des changements de pouvoir en Amérique du Sud, Nicolas Maduro a effectué un retour en force sur la scène internationale. 

Preuve en est la rencontre furtive, mais captée par les caméras, avec Emmanuel Macron lors de la COP27 en Egypte. A cette occasion, le président français avait appelé Nicolas Maduro «président» – alors que la France n'est pas censée le reconnaître comme tel – et avait annoncé vouloir lui téléphoner rapidement.

Les relations entre le pouvoir vénézuélien et Washington avaient elles aussi semblé se réchauffer. Les Etats-Unis avaient récemment envoyé des émissaires pour discuter avec Nicolas Maduro mais avaient aussi assoupli les sanctions contre Caracas, officiellement après avoir constaté des avancées dans les négociations avec l'opposition, mais aussi certainement inquiets pour leur approvisionnement énergétique.

Enfin, les changements de pouvoir en Amérique du Sud, favorables à la gauche, notamment au Brésil – avec l'entrée en fonction de Lula au 1er janvier – ou encore en Colombie – avec l'élection de Gustavo Petro – ont redonné des soutiens de poids à Nicolas Maduro.

Cap sur la présidentielle de 2024

Avec une opposition de plus en plus divisée, qui n'a pas été capable de parvenir à une union lors des élections régionales de 2021, qu'elle a largement perdu face au PSUV, tous les regards sont désormais tournés vers l'élection présidentielle de 2024.

L'opposition a d'ailleurs déjà annoncé qu'elle procéderait à l'organisation de primaires en 2023 afin de choisir un candidat unique qui fera face à Nicolas Maduro, qui se présentera pour la troisième fois à la magistrature suprême après 2013 et 2018.

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