Censure de l'affaire Hunter Biden : les dossiers internes de Twitter révèlent l'implication du FBI

Censure de l'affaire Hunter Biden : les dossiers internes de Twitter révèlent l'implication du FBI© Mary Altaffer Source: AP
Le logo de Twitter sur un immeuble de l'entreprise à New York (image d'illustration).
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D'après le journaliste Michael Shellenberger, le FBI est intervenu bien en amont de la publication d'informations sur le fils du président démocrate, cherchant à les discréditer en les reliant à une inexistante opération d'ingérence russe.

La saga des «Twitter Files» continue, avec cette fois le journaliste Michael Shellenberger à la manœuvre. Il a ainsi publié le 19 décembre le septième volet des révélations basées sur l'analyse de documents internes de l'entreprise, qui apporte un nouvel éclairage sur la censure de l'affaire Hunter Biden et les pratiques des services de renseignement américains. D'après lui, les documents démontrent que ces derniers ont déployé un «effort organisé» afin de discréditer les informations divulguées sur le fils du président démocrate, à la fois avant et après la parution, le 14 octobre 2020, de l'article explosif du New York Post sur le sujet.

A cette époque, Twitter avait pris des mesures extraordinaires pour en limiter la diffusion, affichant des avertissements indiquant que cet article pouvait être «dangereux» et allant jusqu'à bloquer son partage par messages privés, une mesure jusqu'alors réservée aux cas extrêmes, comme la pédopornographie. La veille de sa publication par le New York Post, l'agent du FBI Elvis Chan aurait envoyé une dizaine de documents au responsable de la sécurité de Twitter, Yoel Roth, avant que l'entreprise, imitée par Facebook, ne limite drastiquement l'accès à l'article.

Le FBI à la recherche désespérée de traces d'ingérence étrangère

Pendant toute l'année 2020, le FBI aurait incité le Yoel Roth à écarter les informations sur le fameux ordinateur portable d'Hunter Biden, alléguant qu'elles seraient liées à une opération de piratage et de fuite de documents russe, dans un climat général de crainte d'ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle.

Or, comme le relève Michael Shellenberger, Elvis Chan lui-même a reconnu, dans une déposition officielle en novembre 2022, qu'il n'y avait pas eu en 2020 de tentatives d'ingérence de l'étranger. Twitter a supprimé, pendant la campagne de 2020, environ 300 comptes relativement peu suivis qui auraient été liés à des tentatives de piratage ou d'ingérence russes, et a indiqué ne pas avoir identifié d'activité particulière d'utilisateurs œuvrant pour d'autres Etats. Ce qui avait donné lieu à d'étranges demandes du FBI, comme le relatait un précédent volet de révélations.

Face aux demandes répétées de l'agence fédérale visant à obtenir des preuves d'une «propagande étrangère» active sur les réseaux, Yoel Roth a maintenu que Twitter ne disposait pas d'éléments en ce sens, et a même tenté de s'opposer à des requêtes visant à partager des données qui dépassaient le cadre légal. Cependant, la pression exercée sur le responsable de la sécurité du réseau social n'est pas retombée, Elvis Chan le mettant à nouveau en garde, en août 2020, contre les agissements de plusieurs groupes de hackers russes, dont APT28.

Un curieuse simulation de crise médiatique

En septembre 2020, une curieuse simulation, intitulée «The Burisma Leak» (la fuite Burisma, du nom du groupe gazier ukrainien qui comptait Hunter Biden dans son conseil de surveillance), est alors organisée dans les locaux de l'Institut Aspen (un influent cercle de réflexion), avec pour sujet une opération potentielle de piratage concernant le fils de Joe Biden qui débuterait le 5 octobre, soir 9 jours avant l'émergence réelle de l'affaire. L'objectif de l'exercice consistait à imaginer la façon dont les médias couvriraient une telle affaire et à identifier les moyens d'influencer cette couverture, selon Michael Shellenberger. Y assistait notamment Vivian Schiller, elle-même une ancienne de Twitter, passée par d'autres médias d'importance.

De manière encore plus formelle, Elvis Chan et Yoel Roth mettent en place, toujours en septembre 2020, un canal de communication direct entre le FBI et Twitter, ainsi qu'une «salle de guerre virtuelle», suggérant une anticipation méthodique d'une crise imminente. Une préparation également assurée par un briefing du FBI à l'attention de Jim Baker – l'ancien directeur juridique de Twitter et ex-avocat général du FBI entre 2016 et 2017, récemment renvoyé par Elon Musk – cette fois en l'absence de personnels de Twitter.

S'ensuit la publication par le New York Post de l'article si sensible, au sujet d'Hunter Biden. Si ce dernier ne viole aucune des règles de Twitter, selon Yoel Roth lui-même, Jim Baker martèle qu'il s'agit de «matériels piratés» et douteux, et finit par convaincre les autres responsables de l'entreprise d'entraver tout accès à ces informations. D'après Michael Shellenberger, une véritable opération de persuasion et d'influence a ainsi été menée par le FBI pour discréditer les informations publiées et les relier, sans jamais en apporter la preuve, à une «ingérence» ou «interférence» russe, à part en relayant des articles de presse eux-mêmes alimentés par des informations savamment distillées par des sources gouvernementales et du renseignement.

«En fin de compte, la campagne de persuasion et d'influence du FBI ciblant les responsables des médias, de Twitter et d'autres réseaux sociaux a fonctionné», résume le journaliste, puisque les grandes plateformes ont largement censuré l'article consacré à l'ordinateur portable d'Hunter Biden. Par la suite, Jim Baker a même adressé au FBI une lettre de remerciements pour saluer le travail de ses agents, selon là aussi des documents internes publiés dans ce fil de révélations.

Le FBI aurait versé 3,5 millions de dollars au réseau social

Ce travail d'influence et cette coopération poussée ont aussi été facilités par des paiements directs du FBI à Twitter, selon Michael Shellenberger, puisque le «Bureau» aurait versé près de 3,5 millions de dollars à la plateforme pour la récompenser de ses bons et loyaux services. Un collègue de Jim Baker s'en félicite, début 2021, dans l'un des courriers publiés par le journaliste.

«La pression du FBI sur les réseaux sociaux continue», alerte également le journaliste, signalant une réunion tenue en août 2022 entre les responsables de Twitter et l'agence fédérale afin de faciliter des procédures urgentes de divulgation de données, sans mandat préalable.

«Quiconque prend connaissance des dossiers Twitter, quelle que soit son orientation politique» devrait «partager les inquiétudes» exprimées par les républicains à propos de ces tentatives gouvernementales de manipuler l'information, conclut Michael Shellenberger.

Ces derniers dénoncent de longue date une «collusion» entre les dirigeants de Twitter – période pré-Elon Musk – et le camp démocrate, le leader républicain de la Chambre des représentants Kevin McCarthy ayant laissé entendre que son camp demanderait l'ouverture d'une enquête dès l'entrée en fonction des nouveaux élus, en janvier prochain. Le camp républicain suspecte toujours Joe Biden d'avoir aidé à mettre un coup d'arrêt à une enquête pour corruption impliquant son fils en Ukraine. Plus précisément, l'ancien vice-président (2009-2017) de Barack Obama est accusé d'avoir conditionné une aide financière à l'Ukraine au renvoi du procureur Viktor Chokine, qui enquêtait sur le groupe gazier ukrainien Burisma, comptant dans son conseil de surveillance son fils Hunter Biden.

Entamée début décembre, la publication des documents internes de Twitter, retraçant en particulier des échanges d'e-mails entre employés et responsables politiques, devrait se poursuivre.

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