Après l'échange ferme filmé entre Xi et Trudeau, Pékin ne voit ni «critique» ni «réprimande»
- Avec AFP
La Chine a minimisé l'échange ayant eu lieu au G20 entre le Premier ministre canadien Justin Trudeau et le président chinois Xi Jinping. Pour Pékin, ce n'est rien d'autre qu'une «brève conversation entre les dirigeants des deux pays».
Au lendemain de la réprimande du président chinois Xi Jinping au Premier ministre canadien pour avoir fait fuiter des conversations privées, Pékin tempère l'ampleur de cette échange d'amabilités filmé.
Interrogée le 17 novembre sur le sujet lors d'un point presse régulier, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a en effet minimisé sa portée. «La vidéo [...] contenait une brève conversation entre les dirigeants des deux pays» lors du sommet du G20. C'est quelque chose de normal», a-t-elle déclaré.
«Je ne pense pas que cela doive être interprété comme une critique ou une réprimande de qui que ce soit de la part du président Xi», a-t-elle ajoutée.
Une mise en garde chinoise
En marge de la réunion du G20 à Bali, le président chinois Xi Jinping a publiquement admonesté le Premier ministre canadien Justin Trudeau.
Des images prises le 16 novembre par des journalistes à Bali en Indonésie montrent le président chinois critiquer le chef du gouvernement canadien, de façon cordiale mais ferme, après la fuite supposée dans la presse des détails d'un entretien de la veille entre les deux hommes.
Le Premier ministre canadien disait avoir évoqué lors de cette rencontre «la question de l'ingérence» chinoise après qu'Ottawa a accusé Pékin de s'ingérer dans ses systèmes démocratique et judiciaire.
«Aller raconter aux journaux ce que nous avons dit lors de notre conversation est malvenu», déclare Xi Jinping à Justin Trudeau, selon cette vidéo d'environ une minute publiée sur le réseau social Twitter. D'un ton calme et avec le sourire, le président s'exprime en chinois et poursuit : «Et en plus, ce n'est pas la façon dont la discussion s'est déroulée.» Ses propos sont traduits en anglais par un interprète.
«Au Canada, nous croyons au dialogue libre, ouvert et franc», tente Trudeau
«S'il y a de la sincérité [de votre part], alors nous devrions avoir une discussion basée sur le respect mutuel. Si tel n'est pas le cas, difficile d'en attendre trop», poursuit le Chinois à l'attention du Canadien.
Le président chinois tente alors apparemment de prendre congé du Premier ministre canadien, mais ce dernier répond, avant même d'écouter la traduction des propos de Xi Jinping. «Au Canada, nous croyons au dialogue libre, ouvert et franc, et c'est ce que nous allons continuer à faire», déclare Justin Trudeau en anglais.
«Nous continuerons à chercher à travailler ensemble de manière constructive, mais il y aura des choses sur lesquelles nous ne serons pas d'accord», souligne-t-il.
Les mains levées et à plat devant lui, Xi Jinping met alors fin à la conversation, en lui déclarant calmement à deux reprises : «A vous de créer les conditions [nécessaires à l'amélioration des relations]». Souriant, il serre la main du Premier ministre canadien, puis les deux hommes se séparent.
En 2018, le Canada avait arrêté la directrice financière de Huawei
La rencontre du 14 novembre entre Xi Jinping et Justin Trudeau était le premier dialogue en face-à-face entre les deux dirigeants depuis 2019.
La police fédérale canadienne a indiqué le 10 novembre mener une enquête sur de supposés «postes de police» mis en place illégalement par la Chine au Canada pour contrôler notamment les Chinois exilés ou expatriés. Justin Turdeau a également déclaré que la Chine se livrait «à des jeux agressifs» après que la chaîne canadienne Global News a fait état d'une ingérence chinoise dans le processus électoral au Canada.
Les relations entre Pékin et Ottawa se sont fortement dégradées ces dernières années, notamment après l'arrestation en 2018 par le Canada, sur demande des Etats-Unis, de la directrice financière de Huawei, géant chinois des télécoms.
Malgré une détente relative après sa libération en 2021 et celle de deux Canadiens qui avaient été arrêtés en représailles, ces dernières semaines ont été marquées par un nouveau durcissement des relations.