Moscou se félicite de la réussite des exercices de ses forces de dissuasion stratégique
Le Kremlin a mobilisé ses forces de dissuasion, dont un sous-marin et des bombardiers stratégiques, pour un entraînement, après en avoir averti les Etats-Unis. Des exercices comparables de l'OTAN ont lieu jusqu'au 30 octobre.
Le président russe Vladimir Poutine a assisté le 26 octobre à l'entraînement des forces de dissuasion stratégique russes, chargées de répondre à des menaces y compris en cas de guerre nucléaire, a annoncé le Kremlin. Selon le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, cet exercice consistait à simuler «une frappe nucléaire massive au moyen des forces stratégiques [...] en réponse à une frappe nucléaire de l’ennemi».
Le chef de l'état-major russe Valéry Guerassimov a précisé que cette simulation a mobilisé «le système mobile terrestre de missiles Iars [...], le sous-marin nucléaire lanceur d’engins Toula de la flotte du Nord et deux bombardiers stratégiques Tu-95MS». Un missile balistique a notamment été tiré sur la péninsule du Kamtchatka, dans l'Extrême-Orient russe, et un autre depuis les eaux de la mer de Barents en Arctique. Selon le Kremlin, «les tâches fixées lors de l'exercice d'entraînement à la dissuasion stratégique ont été accomplies dans leur intégralité, tous les missiles ayant atteint leur cible».
Le Pentagone avait annoncé la veille que la Russie avait officiellement notifié aux autorités américaines son intention de mener des exercices annuels mobilisant ses forces de dissuasion. «Les États-Unis ont été informés et, comme nous l'avons déjà souligné, il s'agit d'un exercice annuel de routine de la Russie», avait précisé un haut gradé de l'US Air Force. Sans donner davantage de détails, l'armée américaine avait reconnu que la Russie «respecte ses obligations en matière de contrôle des armements et ses engagements de transparence» quant à l'envoi de ces notifications.
Des manœuvres usuelles de Moscou et de l'OTAN, dans un contexte électrique
Ces manœuvres russes coïncident avec les exercices de dissuasion nucléaire baptisés «Steadfast Noon» de l'OTAN : ces derniers ont été lancés le 17 octobre en Belgique et se poursuivront jusqu'au 30 octobre, avec la participation de 14 pays. Cette opération mobilise jusqu'à 60 avions, dont des bombardiers américains à long rayon d'action B-52, dans une vaste zone aérienne au-dessus de la Belgique, du Royaume-Uni et de la mer du Nord.
Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, avait insisté pour maintenir l'exercice malgré le climat de très fortes tensions avec la Russie. «Ce serait un très mauvais signal si nous annulions soudainement un exercice de routine prévu de longue date en raison de la guerre en Ukraine», avait-il expliqué en amont du lancement des manœuvres, en jugeant que « le comportement ferme et prévisible de l'OTAN […] est le meilleur moyen de prévenir une escalade».
Ces exercices de routine effectués par Moscou et l'Alliance atlantique surviennent dans un contexte international extrêmement tendu, alors que la Russie soupçonne l'Ukraine de vouloir utiliser une «bombe sale», ce que Kiev dément. L'usage d'une bombe de ce type, constituée d'explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs, constituerait «un acte de terrorisme nucléaire» aux yeux de Moscou, qui en a alerté l'ONU.
De leur côté, les Occidentaux ont exprimé à plusieurs reprises leurs craintes de voir la Russie employer des armes nucléaires face aux forces de Kiev. Le représentant russe permanent à l'ONU, Vassili Nebenzia, a de nouveau réaffirmé, dans une lettre du 25 octobre, que «ni les autorités de notre pays ni le ministère de la Défense n'ont parlé de la possibilité d'utiliser de telles armes».