«Mauvais calcul» : Matteo Salvini conteste l'efficacité des sanctions contre la Russie
Le dirigeant de la Ligue a souligné l'inefficacité des sanctions contre Moscou, constatant qu'elles n'ont pas mis un terme au conflit et n'ont pas affaibli économiquement la Russie, alors que dans le même temps le coût de la vie des Italiens explose.
Pour Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue (droite), les sanctions européennes prises à l'encontre de la Russie en réponse à son «opération spéciale» en Ukraine ne marchent pas et ce sont les Italiens qui en subissent directement les conséquences.
«Plusieurs mois se sont écoulés et les gens paient leurs factures deux fois, voire quatre fois plus, et après sept mois, la guerre continue et les coffres de la Fédération de Russie se remplissent d'argent», a-t-il déclaré à la radio RTL avant de se rendre au forum économique The European House - Ambrosetti à Cernobbio, dans le nord de l'Italie.
Des déclarations «irresponsables» de Salvini, accuse Letta
«Nous avons besoin d'un bouclier européen» pour protéger entreprises et familles, comme lors de la pandémie de Covid-19, a-t-il réclamé dans le cadre du forum. «Si nous voulons aller de l'avant avec les sanctions, faisons-le, nous voulons protéger l'Ukraine, mais je ne voudrais pas qu'au lieu de nuire aux sanctionnés, nous nous nuisions à nous-mêmes», a-t-il poursuivi.
De toute évidence, quelqu'un en Europe fait un mauvais calcul
«Les sanctions fonctionnent-elles ? Non. A ce jour, ceux qui ont été sanctionnés sont gagnants, tandis que ceux qui ont mis en place les sanctions sont à genoux», avait-il tweeté la veille sur le sujet. «De toute évidence, quelqu'un en Europe fait un mauvais calcul : il est essentiel de repenser la stratégie pour sauver les emplois et les entreprises en Italie», avait-il estimé.
Le sanzioni stanno funzionando? No.
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) September 3, 2022
A oggi chi è stato sanzionato sta guadagnando, mentre chi ha messo le sanzioni è in ginocchio.
Evidentemente qualcuno in Europa sta sbagliando i conti: ripensare la strategia è fondamentale per salvare posti di lavoro e imprese in Italia. pic.twitter.com/G2AgnTMrjB
Une prise de position immédiatement qualifiée de prorusse par ses adversaires politiques : Enrico Letta, chef du Parti démocrate (PD, centre-gauche), l'un de ses principaux adversaires dans la campagne en cours pour les législatives du 25 septembre, a ainsi répliqué dans un tweet : «Je crois que Poutine n'aurait pas dit mieux.»
Credo che #Putin non l’avrebbe detta meglio. https://t.co/ySCy1pRjXZ
— Enrico Letta (@EnricoLetta) September 3, 2022
Ce sont des déclarations «irresponsables» qui «risquent de causer de très graves dommages à l'Italie, à notre fiabilité et à notre rôle en Europe», a-t-il encore asséné ce 4 septembre devant la presse en marge du forum organisé sur les rives du lac de Côme.
Salvini : «La Russie n'a pas la moindre influence sur les élections italiennes»
«Quand j'entends Salvini parler de sanctions, j'ai l'impression d'écouter la propagande de Poutine. Je suis inquiète pour un pays comme l'Italie qui fait des clins d'œil à la Russie», a de son côté réagi la ministre pour le Sud, Mara Carfagna, en marge du forum économique organisé près du lac de Côme.
Giorgia Meloni, partenaire de coalition de Matteo Salvini et chef de Fratelli d'Italia (nationaliste) – qui caracole en tête des sondages –, a pour sa part pris des positions claires en faveur du soutien à l'Ukraine, des sanctions et de l'envoi d'armes à Kiev. «Si l'Italie n'envoyait plus d'armes ou ne participait plus aux sanctions, que ferait l'Occident ? Rien, il continuerait à les envoyer», a-t-elle cependant tempéré à Cernobbio devant un parterre d'entrepreneurs et de représentants de la finance internationale.
Partisan de longue date du dialogue avec les autorités russes, Matteo Salvini est fréquemment critiqué par ses adversaires politiques sur la question. Le dirigeant de la Ligue, qui avait envisagé de se rendre à Moscou après la début de l'intervention militaire russe, avant d'y renoncer, s'était défendu à ce sujet le 2 septembre : «Je ne vais pas en Russie depuis des années [...] La Russie n'a pas la moindre influence sur les élections italiennes.»