Sur fond de différend frontalier, des ministres libanais jettent des pierres vers Israël

Sur fond de différend frontalier, des ministres libanais jettent des pierres vers Israël© Mahmoud ZAYYAT Source: AFP
Le ministre de l'énergie libanais Walid Fayad jette une pierre vers Israël.
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Alors que les négociations reprennent entre Israël et le Liban pour la délimitation des frontières maritimes, deux ministres libanais sont allés à la frontière pour jeter des pierres en direction de l'Etat hébreu.

La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Le ministre sortant de l’Energie et de l’Eau, Walid Fayad, et son collègue des Affaires sociales, Hector Hajjar, ont jeté des pierres, le 30 août, en direction d'Israël dans le cadre d'une visite le long de la frontière sud du Liban, dans les environs du village de Adaisseh comme le rapporte L'Orient-Le jour.

Les deux hommes politiques prenaient part à une tournée gouvernementale sous le slogan «Tous pour le Sud», afin de montrer que Beyrouth ne compte pas délaisser le sud du pays.

Si ces images ont amusé de nombreux internautes libanais, elles ont également fait réagir l'armée israélienne. Son porte-parole arabophone, Avichay Adraee, a écrit sur son compte Twitter : «Cette scène n'a de mérite que d'évoquer le dicton arabe, dans sa version libanaise : Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres». Et de rajouter non sans ironie : «Cette scène a lieu alors que les Libanais souffrent de coupures de courant et d'une vie misérable. De vrais ministres résistants».

Ce geste des ministres survient alors que le négociateur américain, Amos Hochstein, a repris ses efforts de médiation, début août, pour parvenir à un accord sur le litige frontalier maritime opposant le Liban à Israël. Amos Hochstein est censé revenir au Liban début septembre avec une proposition écrite. D'ailleurs, la délégation libanaise en tournée dans le sud du pays a souligné le droit du Liban à extraire ses ressources naturelles à l'intérieur de ses frontières exclusives. 

Entre Israël et le Liban, il y a de l'eau dans le gaz

Les deux pays sont encore techniquement en guerre. Le Liban ne reconnaît pas la souveraineté d'Israël et par conséquent les deux voisins se disputent une zone maritime riche en hydrocarbures. Depuis les premières négociations à Chypre en 2011 pour le tracé des frontières maritimes, les autorités libanaises et israéliennes n'ont jamais réussi à se mettre d'accord. 

Le Liban revendique une zone de 860 kilomètres carrés. Mais les experts militaires et civils libanais considèrent qu'en vertu du droit international, Beyrouth pourrait prétendre à 1430 kilomètres carrés supplémentaires et donc extraire les ressources du champ gazier de Karish, lui même revendiqué par Israël et reconnu par l'ONU comme faisant partie de la zone économique exclusive (ZEE) israélienne. D'ailleurs, les tensions ont ressurgi le 5 juin dernier avec l'arrivée d'un navire sur le champ offshore convoité par les deux pays, chargé de commencer à l'exploiter pour le compte de l'Etat hébreu.

Il n'en fallait pas plus à la milice du Hezbollah pour menacer Israël. Outre les discours martiaux de son secrétaire général Hassan Nasrallah, le parti chiite a envoyé début juillet plusieurs drones non armés pour inspecter la zone convoitée. Ils ont été interceptés par l'armée israélienne. S’adressant à la foule le 10 août lors de la commémoration de Achoura, qui marque l’assassinat en 680 de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mohammed, vénéré par les chiites, le leader du Hezbollah a demandé à ses partisans de «se tenir prêts à faire face à toute éventualité». «La main qui touchera à nos richesses sera tranchée», a-t-il martelé.

Israël se préparerait également à tous les scénarios. Interrogé le 22 août sur la possibilité qu'une attaque du Hezbollah contre un champ gazier israélien puisse mener à une escalade militaire, voire une guerre, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz a répondu par l'affirmative. «Oui, car cela pourrait engendrer une réaction, conduire à plusieurs jours de combats et à une campagne militaire. Nous sommes forts et préparés à ce scénario, mais nous n'en voulons pas», a-t-il déclaré.

Même si le médiateur américain Amos Hochstein s'est déclaré «optimiste», il n'est pas certain que sa proposition satisfasse toutes les parties.

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